Les nombreuses alertes à la bombe qui ont eu lieu en France, en Australie ou au Royaume-Uni ces derniers jours pourraient avoir été l’oeuvre d’un seul et même groupe, qui se fait appeler « Ev4cuati0n Squad » (en français « la brigade d’évacuation »), et qui aurait revendiqué de nombreux coups de téléphone menaçants sur son compte Twitter — désormais suspendu.
Dans la matinée du 26 janvier dernier, des coups de téléphone inquiétants ont visé 20 établissements scolaires — collèges et lycées — en France et au Royaume-Uni. Ces évacuations et bouclages auraient alors fait l’objet de commentaires moqueurs de la part du groupe « Ev4cuati0n Squad ».
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« Oui, nous sommes responsables des menaces de lundi », aurait par ailleurs déclaré un porte-parole de ce groupe au site d’information Mashable, faisant référence cette fois aux 6 alertes à la bombe qui ont entraîné l’évacuation de plusieurs centaines d’élèves à travers toute l’Australie ce lundi 1er février.
Au cours d’une conversation par email avec Mashable ce lundi, l’individu — qui s’est présenté sous le nom de « Viktor Olyavich » — a par ailleurs indiqué que des actions « à travers l’Europe » était en cours, ajoutant que son groupe de six personnes opérait notamment depuis la Russie et l’Iran. Le même jour des alertes touchaient des établissements en France. Dans l’échange rapporté par Mashable il n’est cependant pas fait référence directement à ce pays.
Scénario identique sur la petite île de Guam (située dans le Pacifique), où 5 fausses alertes à la bombe ont été revendiquées ce dimanche par le groupe Ev4cuati0n Squad, qui avait prévenu via son compte Twitter que ces alertes auraient lieu, avant même que les coups de téléphone ne soient passés.
Ce lundi, quelques heures après les alertes lancées en Australie, trois lycées parisiens et six établissements scolaires de Lyon (sud-est de la France) ont reçu des menaces téléphoniques.
« Au début, c’était des alertes à la bombe, mais dernièrement, ces lycées ont reçu des menaces plus directes, prévenant d’une arrivée dans l’établissement », a indiqué à VICE News un porte-parole du rectorat de Paris, joint par téléphone ce jeudi après-midi.
La préfecture de police de Paris nous a confirmé qu’une enquête sur ces nombreuses alertes était en cours, et qu’elle avait été confiée aux services de sûreté territoriale (DSPAP), sans fournir plus de détails.
Dans de nombreux cas, ces menaces ou alertes auraient été transmises aux établissements scolaires par l’intermédiaire d’un message vocal laissé par un numéro de téléphone étranger, un mode opératoire proche de celui détaillé par le mystérieux Viktor Olyavich ce lundi.
« Nous arrivons à faire tellement [de menaces] en même temps grâce à un compte de VoIP volé », a-t-il expliqué. Le terme « VoIP » désigne les services permettant d’appeler vocalement un interlocuteur grâce à Internet, comme le proposent les logiciels Skype, WhatsApp ou Viber.
Ajouté à une manipulation permettant d’afficher n’importe quel numéro sur l’écran de son interlocuteur, l’usage de la VoIP rend alors les appels difficilement traçables.
Dans le cas des lycées parisiens et lyonnais, l’enquête de la police aurait pour l’instant permis d’établir que des appels ont été passés par le même numéro, établi au États-Unis, mais vraisemblablement victime d’un « piratage » d’après des sources policières citées par la radio France Info.
Ce jeudi, le compte Twitter du groupe « Ev4cuati0n Squad » n’était plus consultable, en raison d’une suspension. Un temps disponible sur la plateforme de partage de texte PasteBin, la grille tarifaire attribuée à ce groupe a par ailleurs été supprimée par les administrateurs de ce site.
Il est toutefois possible de consulter une archive de ce document, qui date du 25 janvier dernier, et qui comporte de nombreux messages tels que « Nous sommes EvacuationSquad, nous faisons ce que nous faisons car : Nous détestons le gouvernement américain, Nous détestons l’autorité, et nous ADORONS provoquer le chaos ».
Ce document précise ensuite que depuis le mois de mars 2015, seule la monnaie électronique BitCoin est acceptée en guise de paiement, et annonce de nombreux tarifs qui diffèrent selon la cible visée.
La grille tarifaire indique enfin que toutes les demandes sont à envoyer par email, à une adresse russe.
En France, les établissements scolaires sont sous haute surveillance, depuis les attaques revendiquées par le groupe terroriste État Islamique (EI) qui ont fait 130 victimes à Paris et Saint Denis en novembre dernier.
Si les auteurs de ces fausses alertes venaient à être retrouvés en jugés en France, ils risqueraient jusqu’à deux ans de prison et 30 000 euros d’amende pour « menace de destruction ».
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Infographies par Lucile Lissandre
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