Frédéric Fleury répond aux questions d’un enfant de neuf ans



Le dernier livre de Frédéric Fleury, Recess, vient de paraître aux éditions Timeless. À rebours de sa colonne mensuelle et de la majorité de ses travaux, il ne comporte ni pénis turgescent, ni membres tuméfiés doués de parole. Pour ce bouquin, notre dessinateur français préféré s’est attaché à détailler des monstres protéiformes sur une bonne centaine de pages – et comme d’habitude, le résultat défonce.

On s’est dit que c’était l’occasion de montrer quelques-unes de ses planches à un digne représentant de la tranche démographique qui connaît le moins son boulot – à savoir un enfant. Frédéric a donc répondu avec obligeance aux questions pertinentes de Dante, le fils de notre chroniqueur jeux vidéo qui prétend toujours préférer La Divine Comédie et le réalisateur des Gremlins à Devil May Cry.

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VICE : Pourquoi vous dessinez presque que des monstres ?
Frédéric Fleury :
Recess est un livre composé uniquement de monstres parce qu’il retrace ce travail que j’effectue depuis de nombreuses années maintenant sur ce thème. En parallèle, je dessine aussi des humains en couleurs. Mais avec les monstres, on peut tout se permettre, tout expérimenter, c’est sans fin.

Il a un nom le loup avec une corne ?
Aucun de mes monstres n’a de nom, j’ai peur de m’y attacher sinon.

C’est rare que vos monstres soient sans poils. Ils ont toujours des poils. Pourquoi ?
Ça me permet de cacher les monstruosités qu’il y a en dessous, et puis il fait froid là bas.

Est-ce que vous vous êtes inspiré de Critters pour la boule avec une cicatrice ?
Oui c’est un Critters Chauve celui là, et une belle référence.

Pourquoi vos dessins sont presque toujours dans un décor désertique ?
C’est post-apocalyptique, des terrains vagues, des lieux abandonnés, ils représentent un peu ce qui pourrait rester de nous après une guerre nucléaire. 

Pourquoi beaucoup de vos personnages ont des armes ?
Parce qu’il y a d’autres monstres dans le coin et qu’il faut bien qu’ils défendent leur territoire.

Il leur est arrivé quoi à eux ?
Je n’ai pas plus la réponse que toi, en les regardant tu peux essayer d’imaginer ce qui a pu leur arriver.

Il ressemble beaucoup à Elvis, celui de droite. C’est voulu ?
Oui c’est le King, avec un roc à la place de la main. Plein de gens espèrent qu’il est encore vivant, autant leur donner un peu d’espoir.

Celui de droite me plaît beaucoup. À quoi vous avez pensé quand vous l’avez fait ?
Je pensais à un vieux bouquin de Lucky Luke avec un personnage comme ça, il me semble que c’est un type déguisé en dieu indien ou un truc du genre. Il a un costume avec un masque et plein de poils et on ne voit que ses jambes dépasser. C’est une sorte de Totem à pattes.



Est-ce que c’est des spaghettis ses cheveux ? C’est mon préféré.
Il a un côté plus joyeux que les autres en même temps. Ses cheveux sont gras et huileux comme des spaghettis et en même temps j’imagine que c’est comme une sorte de paille tressée.

Pourquoi vous faites pas de BD avec vos monstres ? Ils sont trop bien.
Merci. Je fais peu de bandes-dessinées, je préfère le dessin pour lui même. C’est difficile de raconter des histoires et pour faire une BD, tu es obligé de faire plein de dessins qui ne servent que la narration. Là, je peux pousser un thème très loin sans jamais me répéter et surtout prendre mon temps à détailler chaque dessin, c’est très apaisant.

Sinon, comment on fait pour devenir dessinateur ?
On le choisit simplement. Si tu aimes le dessin, il faut travailler sans cesse pour le développer et trouver son style. Ça se fait assez naturellement au bout d’un moment. Tu peux suivre des études en école d’art, aussi.

Après, je suis dessinateur mais je ne vis pas que de cela, je donne des cours de dessin à côté. Je ne suis pas assez courageux pour me consacrer uniquement au dessin, j’ai besoin d’avoir un job à côté pour me rassurer.

Merci beaucoup Frédéric !
 

Le livre Recess est disponible à cette adresse. Vous pouvez mater le reste du boulot de Frédéric sur son site.