Wikipédia est formel, l’Islande possède plus de volcans actifs (130) que de footballeurs professionnels (100, le chiffre date de 2016 mais on voit mal comment il aurait pu doubler malgré le clapping et le brillant Euro de la sélection à l’époque). Et vendredi 19 mars, l’un de ces volcans actifs est entré en éruption, crachant des longues gerbes de lave tout le week-end sans mettre en danger le quotidien des locaux.
De toute façon, les éruptions volcaniques n’ont rien d’exceptionnel pour les Islandais qui observent ce phénomène tous les cinq ans en moyenne. Les plus cyniques pensent immédiatement aux retombées touristiques, les plus curieux immortalisent à grands coups de drone les crachotis magmatiques et les plus gourmands attendent que la lave se solidifie pour se faire un petit barbecue en famille. Dans une vidéo publiée par Reuters, on peut voir plusieurs scientifiques réunis autour du Geldingardalsgos déposer quelques saucisses sur la roche volcanique encore chaude et improviser un petit casse-dalle.
Videos by VICE
Une manière de célébrer le premier écoulement de ce volcan, situé près du mont Fagradalsfjall à environ 40 km Reykjavik, depuis le XIIIe siècle. La région avait été récemment parcourue de tremblements de terre inhabituels annonçant l’éruption – un séisme de magnitude 5,7 avait même été enregistré le 24 février dernier. Cité par Ouest France, Sigurdur Kristmundsson, responsable du port de Grindavik, commune la plus proche, raconte : « Pendant deux ou trois jours, nous n’avons pas eu de secousses alors j’ai pensé que ça s’était calmé. On a tous cru que c’était fini, mais c’est quand même arrivé. Je pense qu’on est tous excités parce que ce n’est pas grave, personne n’est en danger. C’est surtout bon pour le tourisme, donc c’est parfait. »
Les autorités, qui surveillent les rejets, ont assuré que le volcan ne représentant aucun danger pour la population. Pas de nuage de cendres comme de la plus célèbre éruption islandaise de l’ère moderne, celle de l’Eyjafjallajökull en 2010. L’immense panache de fumée qui s’était élevée de la montagne au sud de l’île avait paralysé le ciel européen pendant plusieurs semaines. Pas d’émanations de dioxyde de soufre comme lors du réveil de Laki en 1783 qui avaient tué la plupart des troupeaux de moutons islandais et entraîné une famine meurtrière.
Aucun commentaire officiel n’a été fait sur les qualités de ce mode de cuisson « volcanique », finalement assez répandu. Comme le rappelle le Huffington Post, dans le dernier épisode de Top Chef diffusé mercredi 17 mars, un candidat a présenté au chef espagnol Ángel León des Saint Jacques enveloppées d’une feuille de shiso et cuites sur des pierres de lave (préalablement réchauffées au four) accompagnant son plat d’un récit très « Guide du routard » sur le volcan japonais Sakurajima, tout ça sans jamais avoir foutu les pieds sur l’île de Kyushu. La séquence des saucisses rappelle surtout un épisode particulièrement savoureux du « Globe Cooker » Fred Chesneau qui s’était rendu dans l’archipel du Vanuatu, au milieu du Pacifique, et avait testé les coutumes culinaires de ses habitants ; chauve-souris, crabe des cocotiers et surtout, une étonnante cuisson dans l’eau brûlante des volcans sous-marins.
Après l’épisode paroxystique de l’Etna le 16 février dernier, ça fait quand même pas mal de volcans qui charbonnent. Si personne n’était allé cuire sa piadina à proximité des fontaines de lave qui s’échappaient du monument sicilien, il n’est pas inutile de rappeler que les volcans ont parfois impacté durablement notre alimentation. Dans L’année sans été, l’historien Gillen d’Arcy Wood rappelle par exemple que l’éruption du Tambora à Java en 1815 a causé une série encore inégalée de famines et de catastrophes agricoles à travers le monde. Pensez-y la prochaine fois que vous faites cuire des côtelettes à côté d’un cratère.
VICE France est aussi sur Twitter, Instagram, Facebook et sur Flipboard.
VICE Belgique est sur Instagram et Facebook.