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En mer, il n’y a ni wi-fi, ni réseau, toutes les connexions avec la terre sont coupées. « Tu te sens vraiment seul » nous confie Omar. « Tu n’as rien à faire de la journée. Tu te contentes d’attendre ton prochain concert, ou d’attendre que le bateau fasse escale pour profiter un peu du soleil ». Non-fumeur à la base, Omar a commencé à prendre l’habitude de fumer, « quand tu es sur un navire de croisière, tu ne peux pas t’empêcher de fumer, il faut combler l’ennui. »
Les souvenirs d’escales se confondent. Lindsey raconte : « Nous étions à Monte Carlo, le port préféré des types de l’équipage qui étaient devenus mes amis. Je leur ai demandé pourquoi ils aimaient ce coin en particulier et ils m’ont répondu ‘parce qu’il y a un McDo‘. C’est l’une des choses les plus tristes que j’ai jamais entendues ».
Vu la taille des locaux, l’intimité dont bénéficie les employés est vraiment minimum. « Tout devenait très envahissant » raconte Lindsey, « tu ne pouvais pas te cacher. Tout le monde savait quand tu étais à la salle de sport, au bar ou en concert. Quand tu rentrais dans ta cabine le soir, le mec bizarre qui t’avait scruté toute la soirée savait dans quelle chambre tu allais dormir. »
Malgré l’isolement – ou peut-être grace à l’isolement – beaucoup de gens sur le bateau considèrent la croisière comme un passeport pour la liberté. Lindsey se souvient : « J’étais devenu pote avec ce type sur le navire, un mec complètement fou. C’était un directeur artistique, et je crois qu’il essayait d’échapper au fisc. Il avait détourné de l’argent et cherchait à se faire oublier pendant quelques mois ».
Brandon et sa guitare
Pour Greg, « c’est une toute autre vie. Tout le monde me demandait ce que je cherchais à fuir. Parce que la plupart des gens sur ces navires fuient des problèmes auxquels ils ne peuvent faire face chez eux. Moi, j’en avais juste marre d’être coincé à Chapel Hill. Mais pour d’autres, ça allait bien au-delà. On m’a quand même sorti des trucs du genre : ‘Je suis fiancé, je déteste les gays, mais j’ai envie de te sucer dans les toilettes‘. »
Brandon a un paquet d’anecdotes, comme la fois où son groupe finissait de jouer pour le nouvel an, et qu’un passager a « baissé son pantalon et fait l’hélicoptère avec sa bite sur la piste ». Après quoi, la sécurité est arrivée et a tabassé le type. Ou cette fois où il s’est travesti pour Halloween et qu’un Bulgare d’une cinquantaine d’années a tenté de lui attraper le sexe.
Brandon m’a plus tard confié : « c’est exactement comme la fac : le boulot est toujours le même, mais il se passe tout le temps des trucs débiles. »
Drew Millard en est déjà à sa cinquième croisière. Il est sur Twitter – @drewmillard