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Les hôpitaux britanniques ont envoyé 1,6 million de dossiers médicaux à Google

Google a proposé gracieusement ses services aux institutions médicales britanniques afin d’exploiter des données médicales collectées en temps réel.
Janus Rose
New York, US

Deep Mind, l'IA de Google, connue notamment pour sa capacité à transformer vos photos en cauchemars lovecraftiens sous LSD, vient d'obtenir l'accès en temps réel aux dossiers médicaux de plus de 1,6 million de britanniques dans le cadre d'un programme pilote qui marque la collaboration de Google et du Service National de Santé anglais (NHS) signé il y a quelques semaines.

Le programme, appelé Patient Rescue, permettra à Google d'exploiter les dossiers sensibles de tous les patients traités dans les trois hôpitaux londiens de la Royal Free NHS Trust, selon les documents récupérés par le New Scientist. Cela signifie que Google récupèrera leur historique médical des cinq dernières années, les données collectées au sein de l'hôpital en temps réel, comme le registre des visites, les résultats de tests, les diagnostics, la liste des médicaments pris, etc.

L'ampleur et l'importance de ce programme a apparemment été dissimulé au public. Initialement, il devait prendre la forme d'une simple application conçue pour aider les hôpitaux à surveiller les patients atteints d'une maladie rénale, à l'aide d'alertes et d'analyses en temps réel. Mais puisque ces patients ne possédaient pas de base de données médicales individuelles, Google a argué qu'il avait besoin d'accéder à toutes les données des patients des hôpitaux participants. L'idée était de comparer les données des patients avec des millions d'autres cas afin que DeepMind assiste les décisions médicales, aide à affiner les diagnostics et fasse des prédictions sur l'évolution des maladies.

Évidemment, pour quiconque a conscience de la position de monopole de Google sur l'information, et en particulier sur les informations personnelles, cette situation a de quoi faire pousser les hauts cris. Aral Balkan, concepteur de logiciel et défenseur du droit à la vie privée, estime que le projet « est merdique au possible, » et que la NHS n'aurait jamais dû « accepter qu'une entreprise ait un libre accès l'historique médical de patients, et donc de citoyens. » Actuellement, il est difficile de déterminer si les patients des hôpitaux Royal Free auront la possibilité de se retirer du programme sur simple demande.

L'accord stipule que les données ne pourront être conservées après la fin du projet, en septembre 2017. Mais cela n'empêchera pas Google d'analyser la base de données comme bon lui semble d'ici là. C'est sans doute pour cette raison pourquoi la compagnie a si gracieusement offert ses services au NSH. Gratuitement.

C'est la première fois que Google obtient un accès direct à des informations médicales sous l'égide d'un programme de ce type. Cet événement marque la volonté du géant de la tech de mettre un pied dans l'industrie de la santé, de la même façon qu'il s'est engagé dans le domaine des transports, des infrastructures, de l'urbanisme… et de tout le reste.