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Québec enquêtera finalement sur le sort réservé aux autochtones

Plus tôt cette semaine, le président de l'association des policiers a affirmé qu'une enquête pourrait « achever physiquement et mentalement » ses membres.
Photo : Abdallahh/Wikimedia

Québec déclenchera une commission d'enquête sur le traitement des femmes autochtones dans la province, a annoncé Philippe Couillard mercredi dernier.

Elle portera sur toutes les formes de violence et de discrimination et, en particulier, sur les relations entre les policiers et les communautés autochtones. Sans toutefois examiner de nouveau les allégations contre des policiers de Val d'Or, pourtant à l'origine du débat public qui a mené à cette enquête.

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Dans un reportage d' Enquête diffusé en octobre 2015, Radio-Canada a présenté les témoignages de plusieurs femmes autochtones de l'Abitibi qui affirmaient avoir été victimes d'abus sexuels de la part de policiers de la Sûreté du Québec (SQ).

Dans les jours qui ont suivi, près de 40 autres allégations d'abus ont fait surface, et les chefs de communautés autochtones ont exigé une enquête indépendante sur les comportements des policiers à l'endroit des femmes autochtones.

Plutôt que de se concentrer sur les cas de Val d'Or, le gouvernement a décidé que l'enquête examinerait les enjeux systémiques. « Notre mandat n'est pas de trouver les coupables », a affirmé la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée.

Après l'enquête qu'avait menée le Service de police de la Ville de Montréal, aucune accusation n'a été portée contre les six policiers suspendus en lien avec les allégations, faute de preuves suffisantes. Les policiers poursuivent maintenant Radio-Canada pour diffamation et réclament 2,3 millions de dollars.

Des 37 plaintes dans la province, deux seules ont mené à des accusations officielles contre des policiers, toutes deux à Schefferville.

L'Association des policières et policiers provinciaux du Québec (APPQ) affirme que les relations entre les forces de l'ordre et les communautés autochtones se sont envenimées depuis la diffusion du reportage et estime que près de la moitié des agents du secteur de Val-d'Or sont maintenant en congé de maladie.

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Plus tôt cette semaine, le président de l'APPQ, Pierre Veilleux, a pris position contre l'enquête provinciale et avertit que, si l'on poursuivait l'enquête, on risquait d'« achever physiquement et mentalement » les policiers.

Une étude publiée au début du mois a révélé qu'il y a ce que les chercheurs ont appelé du profilage racial et social dans la région. Selon une analyse de toutes les contraventions distribuées dans le secteur de Val d'Or, les policiers ont donné plus de 75 % d'entre elles à des autochtones. Parmi ceux qui ont reçu 15 contraventions ou plus, tous étaient autochtones.

L'étude suggère aussi que les policiers sont dépassés et qu'ils n'ont pas les ressources nécessaires pour répondre aux besoins particuliers de la région.

À plusieurs reprises, le gouvernement avait affirmé qu'il était inutile de lancer une enquête provinciale, car le fédéral mène déjà une enquête sur les meurtres et disparitions de femmes autochtones depuis le mois d'août.

Cependant, la directrice de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, Michèle Moreau, a expliqué la semaine dernière que, même si « les événements de Val-d'Or feront sans doute partie du récit national », son mandat ne lui permet pas de « mener des enquêtes approfondies sur des cas précis ».

Le juge à la retraite de la Cour supérieure Jacques Viens dirigera la commission d'enquête provinciale.