Se faire suivre toute la journée au nom de l'art

Follower de Lauren McCarthy sur Vimeo.

Aussi à l’aise dans la manipulation d’humeur sur Facebook qu’avec l’interaction participative de ses rencards OKCupid, l’artiste et programmeuse new-yorkaise Lauren McCarthy a récemment mis la barre encore plus haut dans ses interactions sociales avec Follower, une performance artistique qui sonde en profondeur les notions de vie privée, de culture de la surveillance, de filature et s’inspire visiblement des services de personne à la demande. Explorant les façons qu’ont les outils technologiques et sociaux de formater les comportements humains, McCarthy a développé son projet lors d’une résidence artistique aux Stochastic Labs, à San Francisco, pour un séjour d’un mois dans le berceau des réseaux sociaux.

Depuis la semaine dernière, Follower est à disposition pour les New-Yorkais. Cette fois, MacCarthy concentre sa recherche sous un nouvel angle, se replaçant avec d’autres comme personnage central, et soulignant du même fait l’économie de partage.

« Dans des travaux précédents, j’ai souvent placé mon attention sur moi-même, laissant Internet déterminer mes actions. Des mécaniciens turcs guident mes rendez-vous, ou un algorithme corrige mes attitudes sociales » raconte McCarthy à The Creators Project. « Dans Follower, je me suis tournée vers l’extérieur et je me suis intéressée à la manière dont l’intérêt porté aux autres pouvait me changer d’une certaine manière, et comment cela pouvait peut-être les changer eux aussi », ajoute-elle. En agissant ainsi, elle génère une pression psychologique qui contrôle et affecte l’attitude de ses sujets lorsqu’ils sont au courant qu’une personne invisible les observe non-stop pour une journée, contrôlant chacun de leurs faits et gestes.

En remplissant un court formulaire pour McCarthy et en lui donnant la raison pour laquelle vous souhaitez être suivi-e, vous serez équipé-e d’une application iPhone pour une « expérience personnalisée » dans la vraie vie qui, non seulement brouille les frontières entre réalité et virtuel, mais soulève aussi des problématiques sociales ayant attrait à l’estime personnelle, l’apparence ou même la quête de célébrité. « Je pense que chacun a sa propre expérience de cela, c’est entièrement ouvert à l’interprétation », explique-t-elle. « J’espère que ma présence comme suiveuse ajoute une augmentation subtile de votre expérience ou de votre prise de conscience, de savoir qu’un tiers est là, partageant votre vie discrètement en quelque sorte », conclut-elle.

Vous pouvez participer à la performance en cliquant ici et suivre les instructions. Pour voir plus de travaux de Lauren McCarthy, voir son site.