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Santé

Le « coregasme » ou comment jouir en levant des poids habillée en lycra

Je ne comprends pas les gens qui s’entraînent dans un gym. Mais si ça les fait jouir, je comprends un peu plus.
Image via Getty

Il y aurait un lien entre les exercices physiques et la possibilité d’un orgasme féminin, comme l’établit l’étude Exercise-induced orgasm and pleasure among women, publiée en 2012 dans la revue Sexual and Relationship Therapy. Depuis, s’inscrire au gym est devenu une résolution tendance, entre faire l’amour dans une balançoire ou apprendre l’art du bondage.

Même si ce n’est pas tout le monde qui peut atteindre le « coregasme » – l’orgasme déclenché pendant l’effort physique –, il semblerait que cette pratique soit plus commune qu’on pourrait le penser, selon ce qu’a expliqué Jenni Russell, fondatrice de Pelvic Floor Secrets, à The Independent, que ce soit chez les athlètes de compétition ou lors d’un entraînement physique ordinaire. « En général, c’est commun chez les femmes et les hommes qui sont en phase avec leurs corps », dit-elle.

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L’étude, codirigée par l’auteure de Sexe Made Easy, Debby Herbenick, et J. Dennis Fortenberry, tous deux de l'Université de l'Indiana, suggérait que les femmes pouvaient jouir en faisant du sport, surtout si elles utilisaient principalement leurs muscles abdominaux. Avant eux, il n’y avait eu qu’Alfred Kinsey, le pionnier de la sexologie et fondateur de l’Institute for Sex Research à l’Université de l’Indiana, qui avait mentionné l’orgasme lors d’activités sportives, dans l’essai Sexual Behavior in the Human Female, paru en 1953.

Recrutées sur internet, 530 femmes, âgées de 18 à 63 ans, avaient répondu à un questionnaire à propos des réactions de leur vagin pendant les activités plus sportives que le brossage de dents. De cet échantillon de femmes, 124 avaient reconnu avoir joui pendant un exercice sportif et 246 autres confiaient avoir eu du plaisir sexuel, mais sans aller jusqu’à crier « Oh mon Dieu » sur un vélo stationnaire. Une femme rapportait même qu’elle n’avait jamais joui avec son mari, mais qu’elle réussissait à atteindre l’orgasme durant des exercices.

Des orgasmes surprenants pour une gym rat

Anita, une Montréalaise qui se considère elle-même comme une « gym rat » , présente au gym presque tous les jours, a expérimenté le « gymgasme » ou le coregasme (« core » pour rappeler le regroupement des muscles du tronc, les muscles le plus souvent associés aux sensations de plaisir). Elle n’a pas joui sous l’effet d’un sexe qui la pénétrait au rythme d’une chanson de cours d’aérobie, mais bien à la fin d’un entraînement. Ça lui arrive parfois et, surprise, elle trouve ça « spécial et vachement cool ». Elle explique que plein de petites choses l’amènent à se laisser aller et à jouir sans avoir besoin de se frotter contre un simulateur d’escalier. « Si mon entraînement était satisfaisant, que je suis bourrée d’endorphines et qu’il passe un beau gars dans mon champ de vision, ça vient naturellement », remarque-t-elle, précisant qu’elle est habituellement sur la machine de legs curl, donc à plat ventre, quand ça survient.

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L’étude de Debby Herbenick et J. Dennis Fortenberry montre que certaines disciplines sportives favorisent l’orgasme féminin. Plus de 50 % des femmes qui jouissent au cours d’une activité physique évoquent des exercices abdominaux. Plus d’une femme sur quatre maintient que c’est lorsqu’elles soulèvent des barres. Et 20 % confient que le yoga provoque un orgasme, tandis que le vélo, à plus de 15 %, et la course à pied, à près 13 %, sont aussi mentionnés.

Sports et divertissements pour s’épanouir sexuellement

Si l’inscription au gym ne suffit pas pour devenir une femme multiorgasmique au moindre étirement, l’entraînement parvient certainement à améliorer la vie sexuelle de plusieurs femmes. L’épanouissement sexuel a été au coeur d’un entraînement en particulier, le barre workout, pour lequel les participantes utilisent toutes une barre de ballet pour les aider à accomplir différents étirements. Il est maintenant davantage connu comme tendance de fitness populaire que comme une révolution sexuelle radicale.

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La créatrice du barre workout, Lotte Berk, une danseuse de ballet, a commencé à enseigner sa méthode en 1959, à Londres, près de 15 ans après avoir quitté l’Allemagne nazie, qui l’empêchait de performer sur scène. À la suite d’une blessure, elle avait inventé une méthode, combinant mouvements de ballet et de yoga, lui permettant de guérir. Elle s’était aussi aperçue que, grâce à ces nouveaux exercices, sa vie sexuelle était beaucoup plus réjouissante. En donnant ses cours, elle souhaitait encourager les femmes à explorer leur sexualité et les plaisirs qui y sont rattachés. Berk évoquait ses propres aventures amoureuses et utilisaient des termes très évocateurs pour nommer les différents mouvements de sa méthode d’exercice : « la prostituée », « le sexe » et « les fesses coquines », entre autres.

Dans les années 80, l’exercice physique est devenu moins subversif et plus aucun centre sportif n’évoque l’orgasme pour attirer des clientes. Pourtant, l’idée du gymgasme, facilement camouflé sous des visages d’effort physique intense, est un argument incomparable pour les personnes qui, comme moi, sont persuadées que la masturbation est un exercice physique très valable, même si ce n’est pas une discipline olympique.