Music

Parce qu’on adore avoir mal, on a encore maté les Victoires de la musique

Victoires de la musique, television, torture

Si la définition du masochisme a évolué à travers les âges, qu’elle soit psychiatrique, simplement sexuelle, philosophique ou bien littéraire, tous se mettent d’accord sur un point : le sujet n’aime pas tant souffrir qu’en redemander. Ça doit sûrement vouloir dire qu’on a dû au moins ressentir une certaine satisfaction génitale devant les blagues très ORTF updated du service public pour rempiler encore une fois.

Surtout que maintenant, absolument plus personne ne fait semblant que ce soit l’un des moments télévisuels les plus pénibles de l’année – même Le Figaro dit que c’est poussif et BFM et L’Obs se foutent de leur gueule, c’est dire.

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Alors, pourquoi ? Peut-être simplement qu’à force de dire qu’ils voulaient rajeunir leur audience, la méthode coué de France 2 allait peut-être finir par marcher. Cette fois, on a effectivement eu droit à une liste des nommés plus Inrockompatibles que jamais, avec seulement une paire de vieux en course. Le doute était donc permis.

21h10 – (c’est déjà un horaire de merde pour une cérémonie de plus de 3h)
Daphné Bürki et des rockeurs, enfin des mecs pas rasés avec des guitares quoi, passent devant Louane, Eddy de Pretto qui n’arrive pas à feindre l’enthousiasme, Big Flo et Oli qui sont super contents, Orelsan & Damso, Etienne Daho, Chris(tine and the queens)… Point positif, il y a effectivement moins de croûtons qu’il y a deux ans, tu sens qu’on est passé d’un bal-musette de bouseux du terroir à une playlist de connard habitué des brunch à 35 balles.

21h13 – Daphné a niqué une de ses pompes dans l’escalier avant la scène, du coup elle arrive avec un pied nu avant qu’un assistant lui tende une nouvelle chaussure. Le premier gag d’une soirée qui s’annonce riche en bonne humeur.

21h15 – L’orchestre rend hommage à Michel Legrand parce qu’il fallait bien que quelqu’un joue quelque chose pendant le générique vu que personne a pensé à envoyer les crédits sur l’intro juste avant.

21h16 – On sait pas si Daphné écrit ses textes ou si elle a un ghostwriter, si c’est le cas je pense qu’il la déteste : une vanne sur les pieds de Neymar, un jeu de mot beat/bite, une référence mal formulée à copycomic, et c’est une trinité du bide qui démarre dans le plus grand des calmes.

21h18 – Louane chante un truc où elle explique qu’il est midi sur novembre et qu’elle t’a perdu dans la chambre, qu’il est midi sur novembre et que nous ne partirons pas ensemble. Pendant 8 secondes y’a la voix de Julien Doré mais malgré l’annotation “feat Julien Doré” il viendra pas sur scène, sans doute que ses vaccins n’étaient pas à jour.

21h21 – « Remporter un de ces trophées, ça peut transformer à jamais une vie »
L’auto-persuasion est un processus qui consiste à se convaincre soi-même jusqu’à s’intoxiquer psychologiquement.
Ensuite on met en avant le siège vide de Jack Lang, ce qui veut dire que le mec doit être dans la loge de Damso en train d’essayer de le convaincre de clipper Julien.

21h22 – Daphné Burki énumère des célébrités qui l’ont précédée à ce poste, bien vu y’a pas de raison que tu sois la seule à t’afficher. Ça continue sur un clin d’oeil à Mediapart mais sans punchline sur Benalla ou quoi que ce soit de marrant histoire de fâcher personne, nouveau bide. Heureusement elle enchaîne avec une blague sur la quéquette et une autre sur Laurent Voulzy qui aurait refusé de niquer avec elle. Le nombre de vannes tombées au combat commence à être tragique. Au début j’étais grave content qu’ils aient renoncé aux interludes d’humoristes semi-improvisées mais Daphné va aussi assurer cette partie là. C’est bien de se lancer des défis dans la vie.

21h23 – « Vous êtes 5000 à être ici à La Seine Musicale »
On veut embarrasser personne mais 5000 spectateurs c’est moins que le Zénith, ce qui veut dire que Niska solo rameute plus de gens, alors que lui il fait payer ses places.

21h24 – « Levez vos verres, je porte un toast à la 34e cérémonie des Victoires de la musique » Donc là y’a une meuf sur scène qui lève un verre de champ’ devant une salle entière qui brandit à l’unisson des flûtes en plastique vides, un bon résumé de l’ambition générale de cet événement.

21h25 – Gérard de France Télé a fini par comprendre au bout de 20 ans que le rap c’est moins chiant que le reste donc Orelsan débarque pour « Défaite de famille ». Un son sorti en 2017, sur un album sorti en 2017, pour lequel il a déjà gagné 3 victoires l’année dernière. En même temps c’était ça où se renseigner sur de nouveaux artistes, flemme. Après on va pas se mentir, c’est sûrement un des meilleurs moments de la soirée, juste avec l’idée de foutre les faux membres de sa famille dans le public, non pas que tourner des séquences au préalable soit incroyable, mais tous les autres artistes n’ont pas d’idée du tout, donc bon. Comme dans le morceau, il part en disant « À l’année prochaine », et à peu près tout le monde doit penser qu’il parle des Victoires de 2020.

21h28 – Personne n’a invité Vegedream parce que faut pas déconner mais son tube “Ramener la coupe à la maison” est utilisé pour un jeu de mot sur une coupe de fruits. Une coupe amenée par Joey Starr. C’est donc les Victoires de la ramasse. Joey Starr confie avoir composé une chanson avec Rachid Taha qui s’appelait « Kebab a Lula », il va peut-être nous la chanter a cappella, mais non, à la place il préfère crier dans son micro des trucs incompréhensibles.

21h29 – Joey remet la victoire de l’album de Musiques du monde, et y’a pas à dire cette appellation est toujours aussi rigolote malgré les années. Camélia Jordana l’emporte et donc y’a plus le budget pour la voix off super douce qui présente les gagnants le temps qu’ils arrivent sur scène, c’est vraiment Daphné qui doit tout faire ce soir. Pendant que Camélia Jordana vient chercher son prix, Joey Starr reçoit un texto de son dealer. Il sourit, avant d’être escorté vers la sortie. On ne le reverra plus de la soirée.

21h34 – Les Lannister de Bruxelles sont en place ; Roméo Elvis et Angèle arrivent sur scène pour interpréter leur morceau sur les sports d’hiver. Quand elle chante « ferme les yeux », Angèle se met la main devant les yeux au lieu de les fermer, et Roméo Elvis n’a pas sa casquette fétiche, niveau originalité c’est à peu près tout.

21h39 – « Quand on pense à la musique on pense souvent aux musiciens » : c’est officiel, personne n’a relu ce texte et à tous les coups personne l’a écrit non plus.

21h41 – Déjà l’heure de la remise de la Victoire de l’album rap, décidément y’a un vrai effort. Daphné Burki parle de « diversité et de poésie renversante » pour les nommés, histoire de ne pas perdre Delphine Ernotte et Franck Riester dans la salle qui ne comprendraient sûrement pas l’expression « rap de ienclis ».

Damso gagne, vu son passif avec la cérémonie ça aurait pu être épique mais au lieu de saisir son moment et rapper « c’est souvent les plus moches qui sucent le mieux » en regardant la ministre de la Culture comme n’importe qui de bien élevé, ça part en mea culpa hypocrite et chiant façon membre de la Ligue du lol. Il a quand même le mérite de mettre en avant les beatmakers, même si, là encore, les 3/4 de la salle ne connaissent pas ce mot.

21h46 – Eddy de Pretto arrive sur scène, précédé par un jeu de mot lamentable sur son nom par Daphné Burki, de type « il était déjà près tôt », RIGOLE PUTAIN. En tout cas Épris de Tréteaux (ça on a le droit, c’est une contrepèterie, c’est classe) nous fait sentir que c’est sa soirée, enfin lui le sent, d’ailleurs il a mis une doudoune en mapping qui change de couleur – mais lui reste roux. « En attendant que ça passe j’me mets des races », chante-il en se roulant les « r » sous les aisselles. Première mise en abime de la soirée donc.

21h49 Daphné Burki ramène un gamin sur scène, dès qu’elle commence à lui parler on se dit qu’il va peut-être faire dévier la soirée de ses rails, faire une Valérie Lemercier dans les Nuls et lui dire qu’elle pue de la gueule. Au lieu de ça, elle lui fait remercier les sponsors, la présidente de France 2 et le ministre de la culture présents dans la salle, en n’assumant absolument pas sa sale besogne. On se dit que c’est dégueulasse, mais c’était sans compter sur la suite : des pompom girls et des drag queens débarquent de nulle part, parce que quand tu mets des meufs en petites tenues en même temps que des trucs gay-friendly, on peut pas t’attaquer sur le sexisme, ça s’annule.

21h55 – Que dire de la prestation de Vanessa Paradis, à part que ça pourrait très tout aussi bien Patricia Kaas et que son guitariste ressemble vaguement (de loin et en clignant des yeux) à François Damiens ? Bah rien. Ah si, ça ressemble vachement à la prestation de cette dame dans Y’a-t-il un flic pour sauver le président.

21h57 – C’est l’heure du premier flashback RIP, avec Maurane. Là où c’est marrant, c’est que la vidéo date de 1994, et qu’il y a aussi Drucker, Voulzy, Nagui et Zazie dessus. La France, cet Ehpad à ciel ouvert.

21h59 – La maîtresse de Cérémonie continue de forcer, cette fois un type lit le nom d’un groupe dans son dos « parce que quand j’oublie des trucs j’me les note sur le corps », personne ne comprend la référence à Memento. Ça aurait été tellement plus simple pour tout le monde de foutre Sofiane en animateur.

22h – « Je me dis que toi aussi » ça ressemble à un SMS pas fini mais c’est un morceau, un moustachu suspect chante depuis la salle, un gosse fait coucou à la caméra. Tu sens qu’un directeur artistique déviant a pensé un jour « Ça pourrait être les Maroon 5 français », et bim, le monstre Boulevard des Airs est né. Étrange vision d’un groupe qui a des fringues de maintenant mais qui fait de la musique d’il y a 30 ans.

On se fait tellement chier qu’on cherche des symboles illuminati sur la scène.

22h05 – Détournement de la phrase « j’ai juste à traverser la rue » de Macron mais niveau prise de position on est au niveau 15 du manque de couilles donc ça reste nul à chier. Le tout au sein d’un gag sur le playback qui est.. qui… OH MERDE. C’est un gag réussi. Le gag est réussi. Cette 34e cérémonie est historique. Comme ce serait con de casser le quota de médiocrité, tout ça est immédiatement gâché par une tirade où Daft Punk et David Guetta sont mis sur un pied d’égalité.

22h06 – Daphné Burki nous indique que tout dans cette émission est live, contrairement à d’autres « à l’étranger où ça n’est pas le cas ». Si c’est une pique contre les Grammys, c’est tellement désespéré qu’on n’a même pas envie de relever. Surtout que notre Kanye West à nous s’appelle Joey Starr.

22h07 – L’album musiques électroniques arrive et c’est The Blaze qui gagne, mais ils ne viennent pas chercher leur prix parce qu’ils sont « retenus sur le tournage d’un clip ». Soit c’est l’excuse foireuse mais classique pour éviter une réunion chiante comme la mort, soit décidément, personne n’a envie de voir leurs gueules.

22h08 – Chris arrive sur scène, vêtue d’une cicatrice sur la joue et suspendue dans les airs. Elle chante un truc, tout ce qu’il y a à savoir c’est que ce n’est pas son feat avec Booba. Ceci dit c’est encourageant de voir que même avec des casseroles de plagiat au cul tu peux continuer de te pointer pépère aux Victoires.

22h12 – Passage contractuel sur l’importance des réseaux sociaux, « On est en top tweet », lâche Daphné Burki – bah non, c’est la ligue du lol on t’a dit. Tout ça débouche logiquement sur un gag avec un chat, parce qu’on est grave branché internet ici, même si les téléchargements illégaux sur Napster c’est quand même embêtant, tu m’étonnes Jean-Claude.

22h14 « Celle que The Guardian vient de nommer le visage libéré de l’afro pop féminine », c’est cool d’assumer pleinement que la presse française n’a fait aucun titre potable sur Aya Nakamura.

Qui va donc beugler « en catchana baby tu dead ça » aux Victoires de la musique, nouveau moment historique.

22h19 – Burki passe devant Eddy de Pretto qui a l’air de lui demander s’il a reçu un prix ou s’il peut se barrer. Encore un sketch affligeant, cette fois avec Drucker, visiblement notre Luke Skywalker vieillissant de la musique de merde. Ça part super mal mais quelqu’un a eu l’intelligence de faire dire à Michel Drucker des lyrics de Booba « comment ne pas être un pitbull quand la vie est une chienne ». Ça n’a aucun sens et c’est donc la meilleure phase jusqu’ici. Le pauvre enfant fait son retour sur scène. Plus tard, il repensera à ces images lorsqu’il étalera son caca sur les murs du centre hospitalier de la maison blanche. Cette cérémonie ressemble à l’équivalent de la torture avec la goutte d’eau, mais à la place, on vous fait couler un robinet d’eau tiède sur la gueule pendant trois heures.

22h20 – Le live de Big Flo et Oli arrive juste après un gag qui parle de plume dans le cul. Et de « rock », si on a bien compris. Les deux Toulousains chantent un morceau un peu dystopique où il est question de faire sauter la tour Eiffel. Nostalgie de l’époque AZF et des parties fines sado-masochistes de Dominique Baudis.

22h29 – C’est la catégorie musiques urbaines, contrairement aux pronostics c’est Bigflo et Oli qui gagnent. C’est les parents qui récupèrent le prix, il y a tout un symbole, d’autant plus que le daron se lance dans un éloge de l’intermittence. On peut se moquer mais c’est pas Epris de Tréteaux qui ferait ça. La séparation catégorie rap/musiques urbaines est déjà suffisamment drôle, des mecs très sérieux ont dû se dire « les rappeurs vont se sentir insultés si on les fout avec les 2 toulousains et un homo, mettons-les à part et ajoutons Yaya Hiroshima, elle fait danser les gens ». Rien qu’imaginer le brainstorming de génie qui a dû aboutir à ça est une récompense.

22h32 – Ouf, Etienne Daho joue un morceau, on a failli perdre tous les auditeurs de France Inter. En plus d’avoir le mérite de ne pas s’appeler Christophe Maé, il arrive à être un peu digne, en tout cas pas trop honteux, avec ses cordes et sa retenue. On se dit qu’il y a un problème si c’est les vieux qui sauvent l’honneur. Mais rassurez-vous c’est quand même chiant comme la pluie, on reste dans le thème.

Burki qui n’avait pas fait une blague gênante depuis au moins 3 minutes se lance dans une parodie de « Pump Up The Jam ». Pourquoi ? Dieu seul le sait.

22h38 « Gagner une victoire de la musique, ça change une carrière ». Tout à l’heure c’était une vie, maintenant une carrière, en fin de soirée ça va être « ouais c’est sympa ». Surtout que plus tard elle dira « Voilà quelqu’un qui pourra rajouter une ligne sur sa page Wikipédia.» Sinon c’est le clip d’Angèle et Romeo Elvis qui gagne face à Damso & Orelsan et Jain. En fait ça pourrait être une soirée appart leur truc. Angèle passe le micro à son frère, qui refuse de parler et qui a bien compris que quoi qu’il puisse dire dans ce contexte, ça va être ridicule. Un point pour Roméo.

22h40 – C’est l’heure du premier auto-best-of, une tradition de la cérémonie qui consiste à rediffuser des autoproclamés « meilleurs passages » que tu as vu il y a moins d’une heure histoire que les gens devant et derrière les caméras puissent aller faire pipi et se bourrer la gueule. Visiblement, la prestation de Louane fait partie des grands moments de la soirée.

22h44 – Encore un sketch consternant où Burki feint un problème technique et ramène une machine à café sur scène. La présentatrice apostrophe Delphine Ernotte et lui demande si elle veut un café. À ce niveau-là, ça ressemble à une installation d’art complètement pétée, en plus d’être interminable. On s’attend presque à voir débarquer Salut C’est Cool.

22h46 – Burki remercie les techniciens de la soirée, sans quoi rien de tout ça ne serait possible. Ça, ça veut dire que l’émission était vraiment en galère pour meubler, ou que des gilets jaunes ont menacé des gens en coulisses. Beau geste tout de même, que Burki arrive quand même à gâcher dans la foulée en utilisant l’expression « performer ».

22h48 – Jeanne Added chante en anglais sur une mélodie minimaliste qui ressemble beaucoup trop au générique de Stranger Things pour être agréable. Au bout de 2 minutes elle jette des coups de pied dans les airs façon training de boxe thai, probablement pour combler un vide. Le mec blanc au djembé ressemble de loin à Lomepal, qui lui n’a reçu aucune nomination. Reprise mollassonne dans nos têtes des thèses conspirationnistes parce qu’on se fait chier.

22h50 – Les 2 autres nommés à l’album rock, Miossec et Feu! Chatterton, remplissent fatalement les cases « il existe encore » et « c’est quoi ce nom de merde », pour logiquement perdre face à Jeanne qui vient de « performer », c’est bien foutu quand même. Par contre c’est très con puisque la personne en question est forcément très essoufflée au moment de son discours vu qu’elle vient de gigoter partout. Du coup elle remercie Rachid Taha.

22h53 – Live de Moha la Squale. Ah non, c’est Camélia Jordana qui rend hommage aux Algériens tués à Paris le 17/10/1961, ce qui rend d’autant plus dommage sa participation à des films où on l’appelle juste pour faire la rebeu intégrée grâce à un vieux raciste un peu rude mais avec un cœur gros comme ça.

22h59 « J’avais envie de vous montrer ce qui se passe en coulisses avant et après chaque live ». Nous on avait envie de regarder une cérémonie drôle et spectaculaire, on n’est jamais sûrs de rien dans cette vie.

23h08 – Le dénommé Tim Dup, probablement Timothée Dupuis de son vrai nom, débarque sur scène pour interpréter « vers les ourses polaires ». C’est un type seul au piano, sorte de version masculine de Vanessa Paradis niveau voix sauf qu’il fait des trucs intolérables comme « dans la pénombreuh, la terreuh », tout en utilisant des expressions style « vaille que vaille » avec un final où il fait ces espèces de mouvements des hanches dans le vent qui sont sûrement classes dans les films mais qui donnent l’impression qu’un con essaie plus ou moins de baiser son piano.

23h07 – « J’adore ce garçon à fleur de peau » ça c’est quand tu veux dire babtou fragile en restant poli.

23h15 – Pourquoi on ne fait pas un proto best of des moments les plus gênants de Daphné Burki qu’on en finisse ? Énième happening raté avec imitation d’hôtesse de l’air pour évoquer les artistes qui vendent le plus à l’étranger mais c’est rattrapé in extremis par le fait que malgré sa situation plus que tendue en ce moment, le nom de MHD est tout de même inclus dans la liste et ça c’est honnête.

23h12 – Chamfort en duo avec sa fille, c’est extrêmement gênant, le père chante “passe ton doigts sur les microsillons autour de mes yeux”, la fille chante “je passe mon doigt sur les microsillons autour de tes yeux”, on dirait une sorte de séance de thérapie familiale expérimentale issue d’une série netflix où tu sais dès le début que ce sera pas renouvelé. Au dernier refrain y’a un chœur d’une vingtaine de personnes qui tape l’incruste, à tous les coups c’est le reste de la famille.

23h23 – Clara Luciani et d’autres font une reprise de « Formidable », probablement pour rendre hommage à Enrico Macias.

23h19 – Une blague sur un nouveau trophée en forme de W au lieu de V, et c’est pas pour faire le signe west coast mais juste pour enchaîner avec Laurent Woulzy. Forcément.

23h21 – Alain Bashung a donc sorti un bon album en 2018 malgré sa mort, c’est pas Johnny qui ferait ça. La veuve et la réalisatrice de l’album récupèrent le trophée, la première remercie Benjamin Chulvanij (tu m’étonnes que le gars s’en contrebranle de se faire traiter de salope sur l’instagram de Booba, il est dans une autre sphère), la seconde tient à remercier toute l’équipe derrière le disque :
– Ptêt que le W ça aurait été mieux en fait, pour partager avec les auteurs des morceaux et
– Ça aurait fait Alain Washung !
Daphné elle a bossé dur sur cette vanne, tu va pas la niquer comme ça.

23h22 – « Hé oubliez pas la Victoire quand même », voilà ce qui arrive quand tes trophées sont plus moches qu’un balai à chiottes aussi.

23h23 – Nouvelle blague zizi-panpan-Laurent Voulzy, ce qui va se passer c’est qu’on va arrêter de les compter et partir du principe que le gars va débarquer à tout moment sur scène pour une chute qui justifiera sûrement tous ces efforts.

23h24 – Dans Orange Mécanique, le héros est forcé de regarder des images de viol, de torture, d’explosions et de génocides avec des écarteurs aux yeux pour pas en perdre une miette. Sauf qu’ici, on a Thérapie Taxi : le groupe déboule, la chanteuse et le chanteur sortent leurs plus beaux regards cools-mais-tourmentés, le mec a un t-shirt floqué INSOUMIS et démarre son couplet « j’aimerais que tu couches avec lui, ça me ferait du bien d’avoir un peu plus mal », donc t’es obligé de l’imaginer cocufié par Jean-Luc Mélenchon, après ils crient « on tourne en rond » et là c’est incroyable, la caméra tourne en rond autour d’eux. J’ai cru que la fille allait taper un C-walk mais en fait c’est juste qu’elle sait pas danser ; le mec de son côté finit allongé dans le fond de la scène, je suis pas bien sûr mais y’a moyen qu’il se soit cassé la gueule volontairement. La nomination Révélation Scène ils l’ont pas volé.

23h30 – Une blague avec un huissier de justice juste pour faire un jeu de mot sur le nom de Maitre Gims.

23h30 « Jeanne added pratique la boxe pour préparer la scène » Ah bah voilà, je suis pas fou. Elle gagne le prix de l’artiste féminine de l’année, elle est gênée et c’est assez touchant. À côté, l lèvre supérieure de Chris trésaille d’irritation parce qu’elle n’a pas gagné, ou alors c’est encore une couille de sa mémoire musculaire de prolétaire.

23h32 – « Suite à une rupture amoureuse Clara Luciani a décidé de se lancer dans une carrière solo ». Va falloir retrouver son ex et lui dire que le public n’a pas à payer pour ses conneries par contre. « Avec pour compagne sa guitare et son chic » en remplaçant « chic » par « shit » ça aurait été mieux, il s’en est fallu de peu pour que ce soit fascinant. Globalement ça fait penser à une version nulle de « It’s a sin » des Pet Chop Boys doublée d’une magnifique séquence je-m’en-bats-la race-du-public-je-regarde-que-les-caméras.

23h36 – « il est sans doute le journaliste musical le plus connu et reconnu en France ». Philippe Manoeuvre, l’auto-persuasion, tout ça. À l’image de Renaud, il était plus drôle quand il était alcoolique.

23h38 – Même système que tout à l’heure, c’est celle qui vient de chanter qui gagne, Clara Luciani. Marseillaise mais aucun lien avec Luciano, c’est quoi ce merdier. « J’ai aucun talent pour les discours », bah pour le reste non plus, faut pas que ça t’empêche d’aller au bout de tes rêves Clara. Ça a néanmoins le mérite d’être un peu spontané et sincère, l’antithèse de Burki donc.

23h43 – Damso interprète « Feu de bois », ce qui veut dire que « je vois pas quand tu mouilles dans la douche » se fait applaudir par toute la salle et rien que pour ça, ça valait le coup.

23h48 – Hommage à Jacques Higelin par ses enfants, à qui il a légué « l’amour de la musique ». Et les ronds de serviette dans les cérémonies chiantissimes que personne ne regarde sauf de manière ironique. Ce qu’on en retient c’est que la meuf de Serge le mytho était la fille de Jacques Higelin depuis le début, sacré twist.

23h51 – Hommage aux disparus, apparemment le public est moins con que celui des Césars parce que personne s’est senti obligé de préciser « nous vous demandons bien sûr de ne pas applaudir », même si ceux-là vendent bien plus de disques que tous les vivants de la soirée.

23h52 – Dans la liste y’a Fred Hanak. En plus il est entouré de Corbier, Aznavour et Pierre Bellemarre, le tout sur le morceau « Ya Rayah » de Rachid Taha, rien que ça rattrape toutes les horreurs qu’on a vues jusqu’ici.

23h55 – Mais c’est vite rattrapé car arrive le moment fatidique. L’apocalypse. L’arrivée du Kraken. Je l’avais toujours fui, on m’avait prévenu, mais c’est fini, sortez les lunettes de protection, Shaka Ponk arrive. Damien Saez boudait cette année, c’est donc eux qui se chargent de l’instant malaise : un ex-pubard au look de punk à chien avec des couettes explique que c’est la fin du monde – oui, tout le monde sait que vous êtes mauvais les gars. Le mec n’y va pas avec le dos de la cuillère, fait monter la sauce de l’instant subversion comme s’il s’apprêtait à nous dire qu’il a déposé des bombes sous le siège du Ministre de la culture, nous sort un « tant pis si on foire notre carrière, on va dire ce qu’on a à dire », le mec déroule 2 feuilles A4, Daphné panique, et là la sentence tombe, définitive comme un coup de guillotine : « Arrêtez de polluer ».

S’ensuit une pollution sonore digne d’un Tchernobyl humanitaire, un morceau qui s’appelle

« Killing Hallejuha », quelque part entre RATM et un pustule de Leonard Cohen. Il y a un singe en 3D qui apparaît derrière eux, apparemment c’est lui aussi un membre du groupe. J’ai fini par déchiffrer le message sur la casquette de la chanteuse mais c’est juste marqué « New Era cap company N.Y ». Et en plein milieu y’a une petite fille qui fait un discours sur un écran et qui parle encore de changer le monde. Pour un groupe qui a fait autant de musiques de pubs c’est audacieux. Refilez-nous le robinet d’eau tiède : un monde où Shaka Ponk serait la norme, ressemblerait à la fin de Total Recall où les yeux de tous les personnages explosent.

00h02 – Orelsan gagne la Victoire des meilleurs concerts et remercie absolument tout le monde, des conducteurs de son tour-bus jusqu’aux techniciens, c’est le meilleur discours jusqu’ici puisqu’aucun artiste engagé ne semble chaud pour parler de violences policières ni même suggérer d’enculer Macron à coups d’extincteur. Et en plus ça a l’air d’emmerder Burki qui essaie de couper court à la discussion, et qui fait alors tout, tout pour se rendre détestable.

00h06 – « Le prochain artiste vient d’obtenir un DUT génie mécanique et productique spécialité aérospatiale” Bah alors pourquoi il chante, c’est complètement con. Le dénommé Foé lâche des « j’ai des flashbacks qui sentent le crack », « ma mémoire est un gang bang » ; un mec qui a des phases de Kaaris mais avec une voix de baryton, tu l’avais pas vu venir. Au milieu ça se transforme presque en dubstep, presque parce que le dubstep est un genre vieux de 20 ans et qu’on est en France.

00h10 – Bürki va dans les coulisses, et fait mine de fouiller dans les affaires des nominés, elle sort le portable de Clara Luciani sur laquelle on trouve une dick pic de…ah non c’est juste la tête de Laurent Voulzy. Son running gag va enfin payer : insert d’un message vidéo de lui dans un taxi « chuis à Londres blablabla », bien sûr personne s’est fait chier à le filmer de nuit pour respecter le fait qu’il « vient d’envoyer le message », au moins on n’a pas affaire à des maniaques du perfectionnisme.

00h13 – Big Flo et Oli artistes masculins de l’année, et là y’a un plan formidable où tu vois Eddy de Pretto assis la rangée juste devant en train d’applaudir en tirant la gueule. Bürki leur demande des détails sur ce que ça change dans la vie une Victoire de la musique « ça fait joli à la maison, et sinon on se rend pas bien compte ». Cf plus haut, même les mecs les plus gentils de la soirée arrivent pas à faire mieux que ça.

00h16 – Voici Roni Alter, présentée comme quelqu’un qui défend les droits des femmes, ce qui explique son chapeau jaune et le fait qu’elle passe seulement à cette heure-ci.

00h20 – Album révélation remporté par Angèle, qui a su « capter l’air du temps ». « Merci papa et maman, je sais que vous me regardez » Attendez ça veut dire que personne leur a payé le voyage ? Faut vraiment revoir le budget France TV là. Émue, limite touchante, la Belge a du mal à parler, du coup elle finit même par complimenter Daphné Burki.
– Tu es très forte pour meubler
– Je suis pas là pour meubler ! J’adore ces émotions, chuis hyper fière d’être là ce soir.
Le déni est une stratégie de défense qui mène à éviter, sinon à nier une réalité. Dans le cas d’une psychose, il y a véritablement négation de cette réalité extérieure à laquelle se substitue une idée subjective fantasmée.

00h26 – Damso et Orelsan rappent leur feat Rêves Bizarres, c’est clean mais moi je me pose une question existentielle : Olivier Nusse, le PDG d’Universal, a-t-il acheté des clones, des sosies ou est-ce simplement un forceur qui se déplace tout au long de la soirée pour être dans le cadre de la caméra à chaque fois qu’un artiste de sa boîte gagne un truc ?

00h30 – Tu vois le système classique de guests 5 étoiles de toutes les autres soirées de remises de prix ? Bah nous on a Daphné Burki qui fait semblant de recevoir un appel de Kylian M’Bappé.

00h32 – Prix de la chanson originale. Pas Aya Nakamura, mais bien Boulevard des Anges, les mecs avec moins de charisme que nos start uppeurs de la machine à café. « Ça va faire passer la pilule de la séparation », je ne sais même pas si on parle de la séparation du groupe ou d’autre chose mais dans tous les cas c’est mérité.

00h35 – « On a passé une soirée de dingue, je vous souhaite à tous une merveilleuse nuit »
Dans la mesure où plusieurs sujets sont ensemble prêts à croire dans une représentation, il peut y avoir une illusion collective : plusieurs personnes seront prêtes à certifier la validité de l’interprétation d’un fait qui s’est déroulé sur le plan de la perception alors qu’ils ont tous ensemble été abusés.

Yérim Sar est sur Twitter. Marc-Aurèle Baly à peine.

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