Cet article a initialement été publié par Motherboard France.Au fond de mon cœur, j'espère que la race humaine finira par s'autodétruire, que ce soit de manière directe par le nucléaire nord-coréen, ou de manière indirecte par la dégradation progressive mais certaine de l'atmosphère terrestre. Mieux, l'hypothèse d'une série de catastrophes naturelles réduisant notre espèce en cendres est tout à fait viable, ce qui serait une jolie façon pour la nature de nous hurler à l'oreille : KARMA, BITCH.
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En étant très pessimiste, on peut également imaginer que l'espèce humaine se survive à elle-même, qu'elle continue à occuper la planète pendant des millénaires, et par conséquent, qu'elle finisse par évoluer. Le truc cool avec l'évolution des espèces, c'est que la science ne peut absolument rien prévoir. Au mieux, elle peut tenter de donner des embryons de pistes en se basant sur l'histoire de l'évolution et en bâtissant des modèles théoriques, mais concrètement, aucune hypothèse ne peut jamais être considérée comme tout à fait probable. On peut donc imaginer un homme à trois jambes ou avec des organes fluorescents, tout est possible, surtout les hypothèses les plus farfelues. Aucun évolutionniste n'aurait jamais pu prévoir l'existence de l'ornithorynque - ce mammifère venimeux à bec de canard qui pond des œufs - ou du rat-taupe -ce rongeur qui vit en colonies comme les insectes, avec reine et soldats.Mais il est tout aussi probable que l'espèce humaine ne connaisse aucune évolution spectaculaire. Quelques retouches fonctionnelles peut-être, du type réduction de la taille de l'appendice, ou disparition de la pilosité des jambes… rien de bien folichon, en somme - nous ne serons probablement jamais des X-Men. Pourtant, l'espèce humaine évolue constamment, et nos gênes subissent inlassablement des mutations, de génération en génération. Rien de perceptible au quotidien, évidemment, mais l'exemple tibétain est saisissant. Une étude menée en parallèle sur 50 Tibétains vivant à une altitude de 4300 mètres et sur 50 Chinois Hans de Pékin vivant à une altitude inférieure à 50 mètres a en effet révélé des différences importantes au sein des génomes respectifs. Les tibétains sont ainsi génétiquement adaptés à la vie en altitude, et notamment à la raréfaction de l'oxygène.
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Il existe deux hypothèses concernant l'origine de ces différences. Soit l'organisme des tibétains a muté naturellement au cours des derniers millénaires pour acquérir ces capacités spéciales -mais dans ce cas, personne ne sait expliquer pourquoi seuls les Tibétains présentent ces caractéristiques, alors que les habitants d'autres contrées de haute altitude, comme les Andes, possèdent le même génome que le reste de la population mondiale. L'autre hypothèse concerne une lignée humaine ayant coexisté avec l'homo sapiens et l'homo neanderthalensis : l'hominidé de Denisova, qui aurait transmis, par le biais de la reproduction, certains de ses gènes - dont celui relatif à la vie en altitude, donc- à notre espèce. Bon, l'anecdote est amusante, mais on n'est pas tellement plus avancé.Vous avez peut-être déjà entendu parler de cette étude publiée par Henry Cosad Harpending (qui est décédé au début du mois) et John D.Hawks, selon laquelle l'espèce humaine a subit cent fois plus de mutations génétiques au cours des dix mille dernières années que depuis sa séparation génétique avec les grands singes. Agriculture, sédentarisation, développement progressif de la médecine, apparition de technologies facilitant les tâches quotidiennes… Ces modifications du mode de vie de l'espèce humaine, brutales à l'échelle de l'évolution, ont bouleversé nos gènes, contribuant par exemple à rendre l'homo sapiens plus résistant à des maladies comme la malaria, ou à continuer à pouvoir digérer le lait à l'âge adulte. Encore plus intéressant, le CCR5, un gène présent chez 10% de la population mondiale, permettrait à l'organisme de lutter naturellement contre le virus du sida.
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La révolution industrielle, la mondialisation, l'avènement de l'homme connecté… plus le temps passe, plus le mode de vie de l'homme évolue rapidement. En conséquence, les mutations génétiques sont de plus en plus nombreuses, et une récente étude canadienne a démontré que la plupart des enfants venaient au monde avec une centaine de mutations génétiques par rapport au génome de leurs parents. Cependant, la plupart de ces mutations n'apportant pas d'avantage décisif quant à la survie, elles n'ont aucune raison d'être sélectionnées par le processus évolutif, et par conséquent, d'être transmises à nos descendants. C'est très déprimant, mais la sélection naturelle ayant abouti à nous offrir une imagination débordante, voici quelques hypothèses concernant l'avenir de notre espèce.On a tendance à penser que l'évolution va toujours dans un sens : celui de l'amélioration des capacités de l'espèce, et de l'adaptation à son environnement. Pourtant, certains cas isolés tendent à prouver que les mutations génétiques peuvent prendre un malin plaisir à nous faire revenir quelques millénaires en arrière. Le cas du syndrome Uner Tan est particulièrement frappant. Découvert au siècle dernier, et mis en lumière par un neurobiologiste turc (Uner Tan, donc), cette dégénérescence du cervelet provoque chez les personnes atteintes la quadripédie - concrètement, elles marchent à quatre pattes, même adultes -, un langage primitif fait d'onomatopées, et un retard mental important.Ces caractéristiques ne présentent aucun avantage en termes de survie, hormis peut-être le fait de ne pas comprendre le monde désenchanté et déprimant qui nous entoure, leur évitant ainsi le suicide qui nous pend tous au nez. Mais si la grande histoire de l'évolution, lasse de son fonctionnement très sérieux, décidait de déconner un peu en nous retirant tous les avantages acquis au cours des derniers millénaires, l'humanité pourrait se retrouver à quatre pattes. Techniquement, ce serait plutôt difficile à gérer au début, car il faudrait repenser toute la société : rabaisser les portiques dans le métro, fabriquer des chaussures pour mains, et arrêter de laisser vos putains de chiens chier sur les trottoirs.
L'évolution inverse
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Génération quatre pieds gauche
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Avec un peu de bonne volonté, un scientifique suffisamment imaginatif pourrait modifier Zika afin que les caractères transmis par le virus permettent d'améliorer l'humanité : plutôt que de créer une génération d'humains au cortex minuscule, on pourrait créer une génération d'enfants à l'intelligence supérieure, mais aussi de filles au fessier hyper-développé à l'âge adulte. Encore mieux, un scientifique carrément déconneur pourrait mettre au point une génération entière d'humains avec des pieds à la place des mains. Et pour les faire chier, on ne leur donnerait que des pieds gauches. On allouerait une île déserte à ce groupe de mutants, avec des caméras de télé-réalité un peu partout, et on les observerait galérer à ouvrir des noix de coco, faire des châteaux de sable, ou même se torcher le cul. Comme quoi, améliorer le destin de l'humanité, c'est pas bien compliqué.L'existence des vampires n'a jamais trouvé de résonance scientifique crédible -une raison de plus de penser aux ténèbres et à la mort. Pourtant, il y a de fortes raisons de penser que certaines des caractéristiques attribuées aux vampires trouvent leur origine dans des mutations génétiques bien réelles. Par exemple, la protoporhyrie érythropoïétique d'origine génétique, provoque une véritable allergie à la lumière, avec des effets son et lumière dignes des meilleurs épisodes de Buffy. Même chose pour la consommation de sang humain : le syndrome de Renfield l'explique parfaitement. Bref, tous les symptômes du vampirisme sont explicables scientifiquement d'une manière ou d'une autre. Avec beaucoup de malchance et quelques mutations génétiques soigneusement sélectionnées, un homme pourrait cumuler tous ces maux et devenir l'équivalent 2.0 de Dracula.
Twilight
L'inconvénient, à l'heure de l'homo sapiens hyperconnecté, c'est que ce Dracula serait très chiant. Repas à base de jeunes vierges postés sur Instagram pour gratter un maximum de likes, snaps mal éclairés à cause de son allergie à la lumière … Le pire, c'est que ce mec serait tellement hype, à l'heure de Twilight et d'American Horror Story. Il finirait dans les clips de Lady Gaga, on tournerait des télé-réalités sur lui, et Young Thug lui prêterait ses plus belles jupes. Et puis Draculito finirait par se reproduire, transmettre son patrimoine génétique de suceur (de sang) et devenir le père de toute une nouvelle espèce de suceurs (de sang, après j'arrête avec cette vanne). Non, vraiment, si l'espèce humaine évolue pour devenir homo vampirus et qu'elle n'a pas le style incroyable de James Marsters, ça ne vaut pas le coup.Le réchauffement climatique a des effets dramatiques et continuera d'en avoir tant que l'homme continuera à se croire chez sa mère. Parmi ces effets indésirables, l'inexorable montée des eaux, qui finira par engloutir Amsterdam, le Bangladesh et le Mont Saint-Michel. Si l'être humain survit assez longtemps, on peut imaginer le voir s'entasser par millions sur les quelques lopins de terre qui resteront émergés. Le reste de l'humanité devra s'adapter à la vie marine, et finira par développer des capacités d'apnée et de nage à faire pâlir Michael Phelps. Le cas de Michael Phelps est intéressant, parce que son corps est tellement adapté à la natation (envergure plus grande que sa hauteur, grands bras et petites jambes, mais et pieds immenses et très flexibles) qu'il est soumis chaque année à des tests pour vérifier qu'il n'est pas porteur du syndrome de Marfan, une mutation génétique qui a justement pour symptômes une hypercroissance des os entrainant des membres disproportionnés, l'hyperlaxité ligamentaire, en plus de pas mal d'autres désagréments plus pénibles.Si l'être humain devait adopter une vie majoritairement aquatique, les gènes responsables de certaines de ces caractéristiques auraient donc de grandes chances d'être sélectionnés par la sélection naturelle si chère à Darwin. Il serait également probable qu'à terme, notre pilosité s'amenuise et que notre capacité à rester en apnée augmente, mais rien n'indique que l'on finisse avec une queue de thon comme Ariel la petite sirène. Reste à savoir si Kevin Costner aurait eu une meilleure carrière si on avait confié la réalisation de Waterworld à George Miller, qui en aurait fait un Mad Max détrempé. Ça aurait été vraiment cool.Pour plus d'articles comme celui-ci, inscrivez-vous à notre infolettre.