Pour notre PEOPLE OF THE YEAR , nous nous sommes entretenus avec cinq jeunes Belges marquants qui nous ont inspirés en 2018.
Il y a peu, elle n’était encore que la petite sœur de Roméo Elvis. Aujourd’hui, elle s’est érigée au rang d’artiste accomplie, sans aucun doute. Avec la sortie, fin 2017, de son premier single, La loi de Murphy, elle a semé la petite graine du succès. Très tôt, trop tôt même, elle se voit idolâtrée, adulée et adorée par un public surexcité, mais surtout, par un monde médiatique qui l’élève aussitôt au rang de grande souveraine d’une Angèlocratie naissante. Ce royaume pailleté au parfum de bonbon acidulé et ce martelage médiatique, on n’a d’ailleurs pas hésité à pointer du doigt. Heureusement, grâce à la sortie de son album Brol, Angèle a prouvé qu’elle n’était pas qu’un imposteur victime de l’engouement général.
Du coup, comme on trouve le gâteau encore meilleur lorsqu’il y a la cerise dessus, Angèle n’a pas pu échapper à notre nomination du People of the Year. Nous avons discuté avec elle de son soudain succès, du fait d’être reconnue chez le gynécologue et d’un régime à base de bananes.
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VICE : Angèle, de manière globale, quel a été l’événement le plus important de l’année ?
Angèle : La sortie de l’album Brol, c’est sûr ! Même s’il est sorti en fin d’année, c’est vraiment l’aboutissement de mois et de mois de travail acharné.
Et personnellement ?
C’est également le moment où l’album est sorti parce que pendant toute sa préparation, j’ai dû placer ma vie personnelle au second plan. L’album reste donc l’évènement de ma vie que ça soit au point de vue de mon métier ou au niveau personnel.
Qui est ton héros de l’année 2018 ?
Mon mec. C’est lui qui m’a récupérée à chaque retour de tournée. C’est aussi lui qui m’a soutenue pendant toute la réalisation de mon album. C’est mon héros depuis que je suis avec lui, mais j’avoue qu’en 2018, il a vraiment subi. Et finalement, il a carrément assuré.
La vie de couple et le succès, est-ce quelque chose de facile à combiner ?
De manière générale, je trouve que la vie et la célébrité ne sont pas compatibles. Le plus compliqué dans tout ça, c’est de faire comprendre aux gens que je suis une fille tout à fait normale avec des envies tout à fait normales. Comme tout le monde, j’ai des problèmes et des défauts. Je ne suis pas toujours disposée à être celle que je suis sur scène. Parfois, je peux être paresseuse, de mauvaise humeur ou chiante. La vie est devenue plus compliquée et je fais du mieux que je peux pour essayer de garder les choses séparées. Je m’apprête d’une certaine manière quand je monte sur scène, quand je vais en interview, quand je me présente comme une chanteuse, tout simplement. Mais dans la vie de tous les jours, je suis différente. Je suis beaucoup plus normale en fait. Par exemple, je n’ai pas tendance à trop suivre la mode dans ma vie. J’ai vraiment ce besoin de rester dans la normalité.
« Je ne cache pas que ça me fait parfois peur de voir ma tête affichée partout, de sentir que mon prénom ne m’appartient plus totalement. Alors, ce qui me rassure c’est le fait d’être entourée d’amis très cool.»
Qu’est-ce qui te manque de ta vie d’anonyme ?
Je ne pense pas que cette vie me manque. Il y a quelque chose de l’ordre du choix. Si je l’avais voulu, j’aurais pu tout arrêter bien avant. J’ai quand même senti venir le truc, même si c’est vrai que les choses sont devenues très vite incontrôlables. Mais ça reste un choix. J’aurais pu choisir de faire un autre métier que celui de chanteuse. Donc, je n’ai aucun regret. Maintenant, je dois m’habituer à certaines choses. C’est un nouveau mode de vie auquel s’adapter. Il faut s’habituer au fait que la sollicitation soit constante, que j’aille boire un verre, que j’aille au resto, à l’hôpital ou chez le gyné… Bien sûr, c’est parfois très flatteur, mais ça peut aussi être fatigant dans les moments où je n’ai pas forcément le moral.
Je me sens un peu obligée d’assumer mon métier de chanteuse, même quand je ne suis pas chanteuse. Toujours devoir montrer mes bons côtés, même quand je vis des moments plus douloureux, c’est ce qu’il y a de plus difficile. Je suis d’ailleurs assez étonnée de voir à quel point les gens ont du mal à le comprendre.
Es-tu passée par des moments de doute ?
Oui bien sûr. Forcément, je me montre et je m’expose tellement sous le feu des projecteurs que ça en devient parfois effrayant. Je ne cache pas que ça me fait parfois peur de voir ma tête affichée partout, de sentir que mon prénom ne m’appartient plus totalement. Alors, ce qui me rassure c’est le fait d’être entourée d’amis très cool. Ils sont restés les mêmes et m’accompagnent de temps en temps en tournée. Ils sont juste présents en tant qu’amis et c’est très rassurant pour moi. Mon équipe, dont je suis très proche également, me permet de garder les pieds sur terre et en même temps, d’assurer. Mais c’est vrai que ce qui se passe sur les réseaux sociaux, les fans, les gens qui prennent des photos dans la rue, tout ça me donne parfois l’impression de ne plus avoir la main sur certaines choses, et c’est flippant. Je me sens parfois tellement dépossédée de ma vie.
« Je vis dans un petit appartement et je n’avais pas envie d’encombrer mon copain avec mon disque d’or. Alors pour l’instant, il est derrière le piano. »
Réussir si bien, si vite, ça met la pression pour la suite ?
Oui, c’est sûr que ça met la pression, mais en même temps, c’est un vrai boost. La pression était plus intense avant la sortie de l’album. L’engouement était déjà assez important avant même sa sortie. Alors, il me restait encore à faire mes preuves et je sentais que la moindre faute serait l’occasion pour le public et les médias de me tomber dessus et de me descendre. Pas mal de gens attendaient ce moment en se demandant : « c’est le projet dont tout le monde parle, mais est-ce qu’il vaut vraiment quelque chose ? » De mon côté, j’avais besoin de prouver que c’était le cas. Donc oui, j’ai la pression pour la suite, mais en même temps, tout se passe tellement bien pour l’instant que si ça finit par foirer, j’aurais déjà été jusque-là. C’est déjà cool quand même !
Tu l’as mis où ton disque d’or ?
Je vis dans un petit appartement et je n’avais pas envie d’encombrer mon copain avec ça. Comme il ne me voit pas beaucoup à cause de la tournée, je trouvais ça bizarre d’afficher ma tête sur le mur. Alors pour l’instant, il est derrière le piano. Je crois que je vais le laisser là, puis peut-être que je l’accrocherai au mur quand tout ça sera un peu passé. Je vois déjà ma tête partout, alors l’afficher chez moi, c’est un peu trop.
C’est le brol dans ta chambre, ou en vrai, t’es une fille plutôt bien organisée ?
C’est plutôt du brol organisé. Il y a beaucoup de boîtes et d’objets inutiles, mais ça reste plutôt bien rangé quand même.
Quel objet n’aimerais-tu surtout pas perdre en 2019 ?
Je m’en fous un peu des objets. Bon, c’est vrai qu’il y a des trucs qui coûtent cher et qui sont chiants à racheter : le téléphone, les clés, le portefeuille. C’est plutôt les gens auxquels je suis très attachée.
« Pendant ma tournée, j’avais perdu beaucoup de poids. J’avais la flemme et beaucoup trop de stress dans ma vie, alors je ne faisais que manger des bananes. »
Alors, qui n’aimerais-tu surtout pas perdre l’année prochaine ?
Sylvie, ma manageuse qui est avant tout une amie. Je réalise à quel point elle prend soin de moi. Elle est présente à tous les niveaux. C’est une vraie grande sœur. J’avoue que sans elle, ça ne serait pas la même chose.
Quelle bonne résolution vas-tu prendre ?
En fait, j’ai été végétarienne pendant trois ans, puis j’ai dû arrêter il y a un an parce que pendant ma tournée, j’avais perdu beaucoup de poids. Je n’arrivais plus à manger tous les compléments nécessaires pour rester en bonne santé. J’avais la flemme et beaucoup trop de stress dans ma vie, alors je ne faisais que manger des bananes. Maintenant que les choses se sont un peu calmées et que je suis dans des conditions de tournée plus simples où je peux demander des plats végétariens, je compte arrêter la viande à nouveau.
Et de quoi te réjouis-tu le plus pour l’année 2019 ?
Dans quelques jours, la tournée de 2018 sera terminée et je suis vraiment contente de voir qu’il y a déjà autant de dates qui se profilent pour l’année prochaine. Il y a quand même deux dates de prévues à l’Olympia. C’est une sacrée salle, donc je trouve ça vraiment cool.
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