Le borough londonien de Brent est l’un des quatre quartiers les plus pauvres de Londres et il n’est pas difficile d’y trouver de l’héroïne. Certes, cette drogue est peut-être tombée en disgrâce auprès de la nouvelle génération, trop consciente de ses méfaits, mais nombre de toxicomanes qui ont commencé à se piquer dans les années 1970 et 1980 traînent toujours dans les parages.
Mike*, un homme élégant d’environ 50 ans, a été héroïnomane pendant plus de 25 ans. La première fois qu’il s’en est injecté, c’était avec son ex, Lanissa, dealeuse à ses heures perdues.
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« Un jour, elle a reçu de l’héroïne à la place de la cocaïne attendue », explique Mike. « Nous ne savions pas quoi en faire, donc nous avons décidé de la goûter. Ça m’a rendu malade, pourtant j’ai continué à en prendre. Peu de temps après, je me suis retrouvé derrière les barreaux. Mon compagnon de cellule était un héroïnomane de longue date. J’ai adopté ses mauvaises habitudes et j’ai commencé à prendre de l’héroïne pour redescendre des perches de crack. »
« La première fois que j’ai fait une overdose, mes amis toxicomanes m’ont regardé comme si j’étais enfin l’un des leurs. Après chaque overdose, je jurais que j’allais changer, mais aussitôt sorti de l’hôpital, je replongeais. »
Même si Mike semble plutôt serein au sujet de sa consommation de drogue, sa voix trahit une pointe de regret. « J’ai foiré toutes mes relations à cause de la drogue – que ce soit mes relations familiales ou les relations autodestructrices avec des femmes qui pour la plupart étaient dépendantes aussi, et avec qui j’ai eu plusieurs enfants », déclare-t-il.
Il y a trois semaines, Mike, qui s’occupe désormais à plein temps de sa mère de 87 ans, a décidé qu’il devait en finir et a réussi à s’affranchir de son addiction – du moins pour le moment – grâce à un traitement à la méthadone.
En 2013, quand la dernière étude pertinente a été menée, le nombre de consommateurs de crack et d’héroïne au Royaume-Uni était estimé à 300 000. En 2015, une étude de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies a révélé que le Royaume-Uni affichait le plus important taux de consommation d’héroïne en Europe. Beaucoup de consommateurs d’opiacés ne sont pas compris dans ces chiffres – notamment les toxicomanes d’Europe de l’Est qui ont récemment emménagé au Royaume-Uni, ou les consommateurs d’opium venus d’Irak et d’Iran, et qui souffrent souvent de trouble de stress post-traumatique (TSPT), selon le Dr Alexandra Moore, psychiatre à l’ Addiction Recovery and Clinical Centre de Brent.
Au Royaume-Uni, la consommation d’héroïne a tendance à rester de l’ordre du privé : les dealers sont sous couverture et les consommateurs font leurs injections tranquillement à la maison, à l’abri des regards. Dans le reste du monde, ces pratiques ne sont pas toujours invisibles.
Des toxicomanes consomment de l’opium et de l’héroïne aux yeux de tous dans le centre de Kaboul.
À une intersection bondée au cœur de Kaboul sont rassemblés des centaines d’héroïnomanes. « Emmenez-les dans le désert », crie un policier en essayant désespérément de déplacer la foule. Des hommes et des femmes l’ignorent complètement et s’accroupissent près des buissons avant d’allumer leur pipe. La veille, la police locale a brûlé une bonne partie de leurs réserves, cachées sous un pont non loin d’ici.
Avant l’invasion de l’Afghanistan par les troupes américaines en 2001, les talibans avaient interdit avec succès la culture du pavot et les héroïnomanes se faisaient rares dans les rues de Kaboul. Mais après des années de guerre, l’effondrement de l’économie nationale et une « multiplication par 40 » de la production d’opium, il y a désormais près de 4,6 millions de toxicomanes en Afghanistan, selon les estimations des Nations Unies.
En 2015, la production d’opium en Afghanistan a chuté de 19 % à cause d’un problème de moisissure et de charançons, mais selon le dernier rapport de l’ONU, les agriculteurs produisent encore un total de 3 000 tonnes d’opium brut – dont la majorité pousse dans le Helmand, une province du sud qui fait presque trois fois la taille du Pays de Galles et qui abrite près de la moitié des champs de pavot du pays. Une bonne partie de cet opium brut va prendre la direction des laboratoires installés dans de petites huttes de terre le long de la frontière pakistanaise, où la plante sera transformée en héroïne.
Les policiers de l’unité antidrogue afghane détruisent un champ de pavot à l’aide de tracteurs. Province du Helmand, Afghanistan.
Tandis que notre convoi de Humvees blindés se déplace le long des chemins de terre du Helmand, nous apercevons des champs arides où poussaient autrefois des pavots. Quelques mois auparavant, la police antidrogue a éradiqué presque tous les champs de pavot dans le district de Nad Ali, dans la province du Helmand – y compris ceux de Haji Abdul, un agriculteur qui a dû se reconvertir dans la culture de haricots verts.
« Un kilo de haricots ne me rapporte qu’un dollar au marché, alors que j’ai 16 bouches à nourrir », déplore-t-il. « Je me fiche de ce que dit le gouvernement ; la saison prochaine, je me remets à vendre de l’opium ! Un kilo se vend 200 dollars. »
Haji et d’autres agriculteurs de Nad Ali ont été touchés, mais, dans l’ensemble, les efforts de la police pour empêcher la culture du pavot s’avèrent vains. Les taux de pauvreté grimpent et, selon les agriculteurs, le gouvernement dépense la majorité de ses fonds dans la lutte contre les talibans au lieu d’aider les populations locales, ce qui ne fait que renforcer l’attrait de la culture du pavot. Selon Mahmood Noorzai, commandant de police du Helmand, beaucoup d’agriculteurs de Nad Ali refont pousser du pavot bien que leurs précédentes récoltes aient été dévastées.
Depuis 2008, les talibans soutiennent la culture de l’opium et prennent une part sur chaque récolte pour financer leur insurrection. « Pour toute bonne récolte, les talibans demandent 5 kg d’opium », déclare Matin Khan, aîné d’une tribu de Nazwad, district dans le nord du Helmand et bastion des talibans. « Ils imposent des péages aux postes de contrôle où les contrebandiers passent avec leurs Toyota Land Cruisers blindées. Ils les escortent contre de l’argent à travers le triangle toxique, la région sans foi ni loi entre l’Afghanistan, le Pakistan et l’Iran. »
Dans ce no man’s land, les voitures n’ont pas de plaque d’immatriculation et l’héroïne se trouve au marché local.
Une famille récolte du coton dans son champ dans le district du Marjah, Helmand. Étant donné que les cultures légitimes ne permettent pas aux agriculteurs de survivre, beaucoup repasseront au pavot la saison prochaine.
À un jet de pierre de la frontière iranienne, dans la province du Nimrôz, se trouve la ville de Zarandj, appelée « La petite Colombie » par ses habitants.
Dans le cimetière de cette ville poussiéreuse, un garçon de douze ans tout au plus s’approche de nous, le regard vide. Ibrahim, son ami apparemment en meilleure forme, nous raconte : « Je prends de l’héroïne depuis six ans maintenant, depuis que j’ai 14 ans. Je travaille dans une usine de briques en Iran. Le travail est tellement dur que tout le monde prend de la drogue pour atténuer la douleur. »
Nous avons remarqué un bandage couvert de sang sur la jambe d’Ibrahim. « Un accident de travail », précise-t-il. « C’est pour ça que je suis revenu en Afghanistan. Dès que ma jambe sera guérie, je retournerai en Iran. Ici, il n’y a rien que de la misère. »
Un homme vêtu de haillons accourt et frappe le jeune garçon au visage. « Pas bien – pas bien ces drogues ! », s’exclame-t-il. « Les trafiquants nous vendent de la camelote à 20 afghani la dose ».
Certains toxicomanes de la région ont accès à des soins de santé appropriés, mais le taux de rechute est élevé. À quelques kilomètres de Zarandj, un poste de police entouré de dunes de sable doré sert de centre de désintoxication pour les héroïnomanes. Il a été construit grâce au soutien financier d’un homme d’affaires local.
Dans les centres gérés par le gouvernement, qui fournissent des soins pour environ 10 % des toxicomanes de l’Afghanistan, il y a des lits et des médecins. Ici, ces luxes sont rares ; il n’y a pas d’eau courante, et une puanteur imprègne l’ensemble du bâtiment. La police garde les toxicomanes, qui ne sont pas autorisés à quitter l’établissement pendant 45 jours.
Près de 50 jeunes hommes nous saluent alors que nous entrons dans le patio. Un homme nommé Abdul Jameh nous montre une énorme cicatrice sur sa poitrine. Les talibans ont attaqué son convoi alors qu’il était encore policier, avant que sa famille ne le fasse enfermer à cause de son comportement agressif.
« N’importe quoi », affirme le policier à côté de lui. « Depuis cette attaque, il est très dépendant à l’héroïne. Sa famille ne savait plus quoi faire de lui. »
Un toxicomane en dehors du centre de désintoxication de Raha, situé dans l’un des quartiers les plus pauvres de Zahedan, en Iran. Ils obtiennent une dose gratuite de méthadone et un repas.
Un tapis persan rouge rubis orne le sol entier de l’appartement d’Ali. Nous sommes à Zahedan, la première grande ville d’Iran au-delà de la frontière afghane. Pendant les quatre prochaines nuits, nous allons manger, dormir et avoir de longues conversations sur ce tapis au sujet des religieux iraniens qui errent dans les rues, en priant et en pleurant pour honorer les saints morts. Ali nous raconte que les autorités ne manquent pas une occasion de le harceler, parce qu’il accueille tout le temps des touristes.
Ali a quitté Mirjaveh, un village pauvre qui borde le Pakistan. « Si j’avais continué de vivre là-bas, je serais certainement devenu trafiquant », déclare-t-il. Au lieu de quoi il étudie désormais la génétique à l’université de la ville. Quand il est retourné à Mirjaveh l’hiver dernier, il s’est immédiatement vu offrir un boulot de trafic d’opium et d’héroïne. L’Iran, qui est le premier pays sur le trajet du trafic depuis l’Afghanistan vers l’Occident, affiche sans surprise l’un des plus gros taux d’addiction aux opiacés au monde.
« Par le passé, j’ai fait du trafic de chaussures et de pétrole, mais jamais de drogues », précise Ali. « J’ai vu beaucoup trop de personnes en mourir. Mes amis vendent de la drogue parce qu’ils n’ont pas fait d’études et qu’ils ne réfléchissent pas aux conséquences. Ils veulent simplement gagner de l’argent pour subvenir aux besoins de leur famille. »
Selon un rapport du Département d’État des États-Unis publié en 2012, l’Iran a intercepté près d’un tiers de toute l’héroïne saisie dans le monde depuis 2007. La peine capitale est toujours prévue pour les délits de trafic de drogue, et elle est appliquée incroyablement souvent. En février dernier, tous les hommes d’un village du sud de l’Iran ont été exécutés pour des délits relatifs à la drogue. Rien qu’au cours du premier semestre 2015, le pays a mis à mort 694 personnes pour de tels délits.
En 2007, l’Iran a érigé un mur de séparation avec le Pakistan, qui – si l’on en croit les autorités – doit dresser un obstacle au trafic de drogue et aux insurrections des groupes terroristes. Mais au-delà du mur s’étend un désert incontrôlable.
Ali explique comment les trafiquants atteignent le Pakistan à travers les montagnes en passant par de petites routes, pour passer prendre de la morphine, de l’héroïne ou de l’opium. « Ou bien ils paient un pot-de-vin à un officier de haut rang pour franchir le point de contrôle », ajoute-il. « Un kilo d’opium brut leur coûte 275 €. À Téhéran, ils en tirent 900 €. »
Il y a quelques mois, Mehrooz, l’un des meilleurs amis d’Ali, a été condamné à la mort par pendaison à l’âge de 26 ans pour avoir transporté de l’héroïne. J’ai prudemment demandé aux autorités de Téhéran si ces punitions sévères étaient vraiment efficaces pour dissuader les potentiels trafiquants, car alors que le gouvernement iranien continue de tuer, les trafiquants continuent d’affluer.
« Le Royaume-Uni traiterait certainement les narcotrafiquants autrement s’il avait l’Afghanistan comme voisin ! », s’exclame le général Moayedi, directeur de la brigade de police antidrogue iranienne. « Hier, un de nos collègues a marché sur une mine et a perdu ses deux jambes. Pour vous, le trafic de drogue est un business illicite. Pour nous, c’est une guerre. Une guerre dans laquelle nous protégeons l’Europe, la destination de tous ces déchets. Comment l’Occident compte-il vaincre le terrorisme s’il ne s’attaque pas aux trafiquants ? Les talibans gagnent de la force. Et si l’EI détournait le commerce d’opium et d’héroïne ? »
Une cargaison d’héroïne saisie par la police turque dans la province de Van.
Le trajet en bus depuis Téhéran jusqu’à la frontière turque nous a pris une nuit et une journée. Une fois arrivés dans une petite ville dans la province turque de Van, nous avons rencontré Afran*, qui avait une petite moustache et des yeux bleus chaleureux.
De même que deux de ses frères et quatre de ses oncles, il vient tout juste d’être libéré de prison après sept ans. Pris en flagrant délit de possession de 70 kg d’héroïne qu’il comptait faire passer à Istanbul, Afran va passer les quatre prochaines années en résidence surveillée. Il a grandi dans une ville kurde limitrophe à la province de Hakkari, où – comme à Mirjaveh – le trafic de drogue est une source de revenus plutôt répandue. Les villageois pensaient qu’il n’y avait que deux façons d’aller au paradis : en tuant des Arméniens ou en vendant de la drogue aux non-croyants européens. « Quand nous avons arrêté de croire à cela, une nouvelle religion a émergé : celle de l’argent », explique Afran.
« Mon père et mon grand-père traversaient la frontière iranienne à cheval pour récupérer l’héroïne. J’ai troqué le cheval contre une Jeep munie d’un compartiment secret dans lequel je fais passer la drogue à la frontière », poursuit Afran.
Une cargaison d’héroïne cachée dans des barils est interceptée à la frontière entre l’Iran et la Turquie.
« Les compartiments secrets ne sont plus à la mode », déclare un agent de la police des frontières. Selon lui, les trafiquants redoublent de créativité pour ce qui est de cacher l’héroïne : dans des extincteurs, des boîtes de baklava ou des statues en marbres. Il n’a cependant pas mentionné la corruption comme méthode alternative pour faire passer l’héroïne à la frontière.
Afran jure qu’il n’a jamais corrompu un policier. « Mais je connais des flics et des soldats impliqués », avance-t-il. « Même aujourd’hui, des gouverneurs et des membres du parlement transportent de la drogue jusqu’à Istanbul dans leurs propres véhicules. »
De toute évidence, il n’est pas aussi facile de faire passer de la drogue qu’avant. Le tournant s’est fait il y a dix ans, quand la Turquie a commencé à offrir de gros pourboires et que les gangs rivaux ont commencé à prévenir la police quand la concurrence partait pour Istanbul avec une nouvelle cargaison. Afran rejoint la liste des narcotrafiquants qui se sont fait prendre et qui ont survécu. Il a été arrêté dans la région centrale de la Turquie, après que la police ait exploité son téléphone. Afran ne sait toujours pas si c’est un gang rival qui l’a dénoncé.
Depuis quelques années, les vrais patrons du commerce de l’héroïne — ceux qui font le plus de profit tout au long de la chaîne d’approvisionnement – sont les ressortissants turcs qui vivent en Europe. « L’argent qu’ils gagnent grâce à l’héroïne est réinvesti dans des affaires légales, comme des casinos », déclare un ancien chef de police turc qui souhaite rester anonyme. Plus récemment, des organisations criminelles albanaises ont largement pris part au commerce de l’héroïne turc.
Mimi et Evgeni, qui travaillent tous les deux pour l’ Initiative for Health Foundation à Sofia, attendent que des toxicomanes viennent échanger leurs seringues usagées contre des nouvelles. À l’extérieur du van, Pepi, un dealer, joue avec sa fille.
Après être entrée en Turquie, toute héroïne qui ne fait pas l’objet d’une saisie est acheminée jusqu’en Europe occidentale, à travers la Grèce, l’Albanie, le Kosovo et la Serbie. À Sofia, capitale de la Bulgarie, la communauté rom est la plus touchée par l’importation de l’héroïne, qui est diluée avec d’autres produits chimiques et vendue à bas prix. Dans les rues de Pristina, Sarajevo, Belgrade et autres villes anciennement yougoslaves, la plupart des toxicomanes consomment de l’héroïne depuis les guerres des années 1990.
L’addiction est avivée par l’extrême pauvreté et maintenue par les dealers locaux, qui souvent sont protégés par des taupes au sein des autorités policières. À Lazarevac, une ville Serbe qui compte un grand nombre de toxicomanes, nous avons rencontré Zlatan*, ancien commissaire de police qui souhaite rester anonyme, craignant que sa vie ne soit menacée. Il nous a invités chez lui et nous a accueillis avec du café turc, de l’eau-de-vie rakia et autres amuse-gueules traditionnels.
Des hommes politiques ont destitué Zlatan de son poste il y a un an et demi, car, selon lui, il prenait son travail trop à cœur. En un an, il a mené des raids dans 40 appartements, clubs et cafés pour arrêter des dealers. « J’avais de solides preuves sur des inspecteurs de police qui vendaient eux-même de la drogue », assure-t-il.
Arthur, un héroïnomane, allume une cigarette dans la cabane en bois où il vit, à Sofia.
Zlatan nous a emmenés dans un bar populaire avec des membres de Sveti Sava, une organisation civile qui, en mars 2013, a commencé à publier les noms et les adresses de huit dealers de Lazarevac. Depuis, ils en ont publié beaucoup plus. Leur dirigeant, ancien kick-boxeur et membre d’un groupe paramilitaire, prétend que la consommation d’héroïne est devenue incontrôlable au cours de ces cinq dernières années.
« Les jeunes traînaient dans le coin comme des zombies », déclare-t-il. « Ils ont disparu, après avoir succombé à des overdoses. Les dealers étaient soit de riches personnes qui forçaient le respect des hommes d’affaires, soit des enfants d’hommes politiques. Ils étaient affiliés aux gangs serbes, kosovars ou turcs protégés par la police. En diffusant leurs photos dans les journaux et sur les réseaux sociaux, nous avons mis fin à cela. Mais pour ce qui est de démasquer ces sales flics corrompus, n’y pensez même pas ! On ne peut pas vaincre la police. »
Zlatan loue les efforts que fait Sveti Sava pour contrer le trafic d’héroïne, mais il admet que le nombre de toxicomanes ne fait qu’augmenter. « Je ne peux plus faire la différence ici, et j’ai tout le temps peur pour la sécurité de ma famille », déclare-t-il, avant de demander des renseignements sur les procédures de demande d’asile.
À cinquante kilomètres au nord de Lazarevac, nous avons emprunté l’autoroute Belgrade-Zagred. C’est par-là que l’héroïne entre dans l’Union européenne, en direction de l’Europe occidentale.
Seringues usagées et autre matériel d’injection stérile près des voies ferrées dans le centre de Sofia.
De retour à Brent, nous retrouvons Mike qui vit au jour le jour et fait de gros progrès dans son combat contre la dépendance.
« J’ai eu ma dose de folie », soupire-t-il en pensant à tous les dommages que sa consommation de drogue a causé à ses proches. Il explique qu’il veut faire amende honorable maintenant qu’il est clean. C’est la routine – des habitudes simples comme faire de l’exercice, lire et essayer d’aider les autres dans leur sevrage – qui l’aide à remonter la pente.
Pendant ce temps, l’héroïne continue de sillonner le monde depuis son Afghanistan natal, faisant des centaines de nouvelles victimes sur son passage.
*Pour des questions de sécurité, certains noms ont été changés.
Le travail de terrain pour cet article s’est fait avec l’aide du Pascal Decroos Fund.