Cet article a été originellement publié sur VICE Sports Deütschland.
Son coéquipier Javi Martinez a récemment dit de Jérôme Boateng qu’il était le meilleur défenseur du monde. Même si les louanges de collègues doivent être prises avec précaution, on ne peut pas vraiment contredire l’Espagnol. Boateng était le meilleur joueur sur le terrain lors de la dernière Coupe du monde et, aujourd’hui, il est aussi consistant avec le Bayern Munich qu’en équipe nationale.
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Et pourtant, peu de gens pensaient qu’il était capable de se hisser à un tel niveau. Car Boateng avait la réputation d’être inconstant et arrogant. À 23 ans, il avait déjà joué pour quatre équipes professionnelles, cherchait encore sa place dans un collectif et son vrai poste sur le terrain. Les gens savaient qu’il avait des choses à offrir, mais ils auraient à peine pu deviner son ambition sans limite.
VICE Sports a rencontré Boateng lors de la présentation de la TIEMPO VI. On a discuté longuement, notamment de sa supposée arrogance.
VICE Sports : Tu viens de signer avec Roc Nation, le label de Jay-Z. Vois-tu des similitudes entres les sportifs et les musiciens ?
Jérôme Boateng : Les horaires des musiciens sont complètement fous et ils sont super souvent sur la route. C’est encore plus intense quand ils sont en tournée. Et avant de produire un album, ils ne font pas grand chose pendant deux ou trois mois. Ce n’est pas notre cas. Nous sommes souvent sur la route également. Si vous jouez la Ligue des champions, vous passez votre temps dans des hôtels, jusqu’à deux ou trois nuits par semaine. C’est assez extrême. L’autre similitude avec les musiciens, c’est que nous donnons beaucoup d’interviews et qu’on parle beaucoup de notre travail.
J’ai pourtant le sentiment que les joueurs de foot n’aiment pas trop les interviews. Et elles concernent souvent ce que vous réalisez sur le terrain et non pas votre personnalité…
Oui bien sûr, mais les gens n’ont peut-être pas conscience de ce que veut dire être musicien. Quand les musiciens vont sur scène, ils doivent aussi prouver et montrer car les gens veulent voir quelque chose et veulent en avoir pour leur argent. C’est une part importante de leur job.
Dans quelle mesure les sportifs peuvent-ils compter sur leur propre talent ?
Eh bien, vous n’y arriverez pas sans travailler dur et avec acharnement. Plus tôt vous comprenez ça, meilleur vous êtes.
Sur la route, mon chauffeur m’a dit : “Boateng est sensationnel, j’adore son arrogance”. Il a voulu dire quoi selon toi ?
Peut-être qu’il parle de mon style. Beaucoup de gens pensent que c’est de l’arrogance mais ce n’est pas du tout mon intention. Je ne cherche pas à offenser les gens. C’est tout simplement ma façon d’être depuis que je suis enfant.
Il m’a également dit : “Je n’aurai jamais pensé qu’il allait devenir le joueur qu’il est”
Vous devez travailler sur vous-même. J’ai beaucoup travaillé sur moi-même pendant ma formation. J’ai fait beaucoup de tactique et j’ai amélioré ma technique avec le ballon et mes deux pieds. Mais la chose la plus importante que j’ai apprise, c’est d’être calme et de ne pas essayer de tacler des adversaires inutilement. La patience est la clé pour moi. Au fil des ans, vous avez un meilleur timing car vous vous retrouvez face à des situations que vous avez vécues des milliers de fois. Les exercices de concentration m’ont beaucoup aidé. Au Bayern, on a beaucoup le ballon et on essaie de nous le prendre souvent. Il faut donc rester concentré.
Comment tu fais ?
Chacun fait les choses à sa façon. Je me parle à moi-même pour rester concentré.
Y-a-t-il des gens qui vous disent clairement les choses ?
Bien sûr. Je parle à mon frère [Kevin-Prince Boateng] et mon père par exemple. Quand ils me critiquent, je sais qu’ils sont honnêtes. Si je comprends la critique, je la prends très au sérieux. Mais c’est tout un processus et ça ne se fait pas du jour au lendemain.
Tu as 27 ans et probablement tes meilleures années devant toi. Mais penses-tu déjà à ce que tu aimerais faire après ta carrière ?
C’est évident, il est important de penser à organiser les choses pour son avenir. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Il faut déjà penser a une reconversion.
As-tu une idée de ce que pourrait être ta vie après ta carrière ?
Pas vraiment. Je vais peut-être investir dans quelque chose ou faire de la mode. Il y a beaucoup de possibilités. Ou peut-être faire un autre sport, ou du management. Peu importe ce qu’on fait, on doit bien le faire.
C’est difficile à imaginer pour moi. Tu es un des meilleurs défenseurs du monde, à ton meilleur nouveau et après tu es obligé de commencer quelque chose de totalement nouveau et tu deviens juste une personne comme les autres.
Bien sûr, mais c’est un défi. Chacun d’entre nous a besoin de savoir ce qu’il peut faire et ce qu’il veut dans la vie. Si tu fais ça, tu vas y arriver.
