Culture

L’aventure rêvée du skate eswatinien commence ici

Skater Eswatin

Je me souviens de ma période skate. Elle a duré un mois à tout casser. Ma mère m’avait acheté ma première planche. D’après mes souvenirs, j’avais une énorme grenouille verte avec des colliers, des gros diamants et une casquette sur mon deck. Et ma mère a payé, sans pour autant approuver. Toujours est-il que le matin pour aller à mon école, qui se trouvait à 500 mètres de chez moi, je me laissais glisser. Et je crois que, intérieurement, je me sentais comme ce gars sur la photo de couverture ci-dessus.   

Alors, quand Jonas Camps nous a envoyé les photos de son nouveau bouquin sur le projet de construction d’un skatepark en Eswatini – entre autres –, je me suis dit que c’était le bon moment pour découvrir ce que les gens vivent lorsqu’ils n’abandonnent pas leur planche à roulettes dans la cave après un mois – mieux que ça, quand ils en font un objectif de vie. Et un livre aussi, donc.  

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L’année dernière, le photographe belge nous avait déjà parlé des nouveaux skateparks construits par les organisations Skate World Better et Wonders Around the World, pour développer la scène skate en Mozambique et en Zambie. Et en gros, dans son livre Empty Billboardconçu avec la graphiste Maren Katharina Rommerskirchen –, les photos du projet en Eswatini viennent s’ajouter à celles prises dans les deux autres pays. 

Ça fait maintenant quatre ans que Jonas suit, avec Martin Loužecký – son pote tchèque à l’initiative de Skate World Better – l’ambition de rendre le skate accessible et praticable sur le continent africain. C’est comme ça que, l’été dernier, il a atterri en Eswatini, ex-Swaziland. Ce petit pays d’Afrique australe est la dernière monarchie absolue de son continent. Si on compare ses caractéristiques à celles de la Belgique, la superficie peut être divisée par deux et la population par dix. 

C’est entre les montagnes de Mbanane, la capitale, que Jonas et Martin se sont lancés dans ce nouveau projet de construction. « Beaucoup d’hommes politiques vivent à Mbabane, raconte Jonas. Depuis la montagne où on vivait, on pouvait voir toutes sortes de maisons de maître. On se disait qu’on était comme sur les collines d’Hollywood. »

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Ce projet à Mbanane est le résultat de circonstances particulières et aussi hasardeuses que bienvenues. Il y a quatre ans, lors du renouvellement de son visa, Martin a rencontré Jason Martin, un gars de la ville. « Jason rêvait de construire un skatepark en Eswatini, ajoute Jonas. Depuis qu’il était enfant, sa mère et ses sœurs en entendaient parler tout le temps, au point de s’en lasser, je crois. » Mais Jason s’est accroché à son idée et, quelques années après avoir commencé à initier les enfants du quartier sur la rampe de fortune installée dans son garage, il a créé l’ONG Eswatini Skate pour amplifier le mouvement. Martin s’est greffé au projet et a commencé à planifier la construction d’un skatepark en béton. 

« À Mbanane, on a vu une mini-rampe assez brute sur l’une des places principales, poursuit Jonas. Avec Jason et Martin, l’idée nous est immédiatement venue de l’agrandir pour en faire un skatepark. On a découvert qu’il y avait une communauté de skaters et qu’ils essayaient de le faire depuis des années. Ils sont allés présenter une proposition au conseil municipal. Et le reste appartient à l’histoire. »

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Contrairement aux expériences de construction dans des banlieues éloignées en Mozambique et en Zambie, bâtir un skatepark en plein dans la capitale de l’Eswatini a simplifié pas mal de choses. Pour la première fois, des machines étaient accessibles et le béton leur a été livré – pas de mélanges à faire à la main. La ville leur a aussi fait don d’autres matériaux. L’impact est, lui aussi, vu de manière très différente, plus local, plus ancré au-niveau de la population. 

En plus des membres tchèques de Skate World Better, de quelques autres renforts venus d’ailleurs et des habitant·es de la capitale, des potes de Jason sont aussi venus d’Afrique du Sud pour prêter main forte à l’équipe. Et, en juin dernier, le Lafezeka Skate Park a officiellement ouvert ses portes dans le Coronation Park, entre les terrains de basket, de tennis et de foot déjà existants.

Suivez Jonas sur Instagram et sur son site (pour les précommandes de son livre). 

Découvrez d’autres photographes belges mis·es à l’honneur sur VICE en cliquant ici. Vous êtes vous-même photographe et vous avez une série percutante ? Envoyez-nous un mail à beinfo@vice.com.

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Jason et Dave. « On était une petite équipe de neuf personnes. La plupart venaient de République tchèque, mais Dave, lui, venait de Durban, en Afrique du Sud. »
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« Mbabane est une petite ville entourée de montagnes. Le centre-ville est rempli de centres commerciaux, de bureaux, de restaurants et d’un immense arrêt de bus. »
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Martin lors d’une séance de tatouage improvisée.
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« Quand le béton est enfin arrivé, on a fini par passer la plupart de notre temps au skatepark. C’était l’hiver, le soleil se couchait à 17 heures et il faisait froid très rapidement. À cause de l’humidité, on passait presque toutes nos soirées à attendre et à essayer de rester au chaud en faisant du feu avec le gardien de nuit du parc, Monsieur Dlamini. »
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Monsieur Dlamini.
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Une bâtisse à Mbanane.
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Dave.
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Dave teste le béton.
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Une soirée organisée dans une voiture.
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« On vivait avec Jason et sa famille. Dans le garage, il y avait une petite rampe qui était scotchée. Au début, je me suis dit que c’était impossible de l’utiliser. Mais tous les soirs, quelqu’un l’utilisait. Et finalement, on a fait des trucs de malade sur cette rampe de merde ! »
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« Jason était un gars extraordinaire. J’ai jamais vu personne devenir aussi fou pendant la construction. Je voyais son rêve devenir réalité. J’ai du mal à imaginer qu’on puisse croire en quelque chose pendant si longtemps et que finalement, on se retrouve avec un immense parc en béton dans un magnifique jardin au milieu de Mbabane. »

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