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Comment savoir si votre partenaire pratique le « quiet quitting »

Contrairement au « ghosting », le « quiet quitting » ou « quiet dumping » consiste à larguer quelqu’un tout en faisant acte de présence.
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Photo : Getty Images

À 18 ans, Harshit Prajapati, aujourd’hui 22 ans, a vécu une relation digne d’un roman d’amour - les deux premiers mois tout du moins. Entre les rendez-vous réguliers, les conversations profondes, et toutes les petites attentions, il avait l’impression d’avoir rencontré l’âme sœur.

Tout a changé lorsqu’il a dû déménager dans une autre ville pour ses études. Les conversations du couple ont commencé à prendre des tournures de statuts WhatsApp : brèves et peu profondes.  

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« J’ai compris que la relation ne tiendrait pas la distance », confie Prajapati, étudiant en mode, à VICE. « Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé de parler pour tenter de trouver des solutions et sauver notre couple. » 

Son partenaire l’a rassuré en lui disant qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter et que tout allait pour le mieux. Chaque fois que Prajapati proposait de planifier des voyages, de faire des activités ensemble ou de trouver des moyens de raviver la flamme, son partenaire approuvait, mais il ne faisait rien pour que ça se concrétise. 

Ce concept est comparable au « quiet quitting » professionnel, qui consiste à ne faire que le strict minimum au travail, pour continuer à être payé et éviter le burn-out.

À terme, cette situation a fini par le détruire. Le fait que ses amis étaient trop superficiels pour avoir de vraies conversations n’a pas vraiment aidé. « Tout ce que je faisais, c’était me poser sur mon lit pour regarder des séries et bosser dans le noir. Ça a bousillé ma confiance en moi. J’ai commencé à me demander si j’en valais la peine. »

Avec le recul, on avait là un parfait exemple de « quiet quitting », lorsque l’un ou les deux partenaires ne fait que le strict minimum pour s’assurer que la relation continue sans pour autant rompre avec l’autre. Ce concept, également appelé « quiet dumping », est comparable au « quiet quitting » professionnel, qui consiste à ne faire que le strict minimum au travail, pour continuer à être payé et éviter le burn-out. 

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L’idée de « quiet quitting » appliqué au couple est attribuée à un TikTok viral du comédien Daniel Hentschel. « Le “quiet quitting” dans une relation, ou “quiet dumping”, c'est quand votre partenaire choisit de ne faire que le strict minimum pour rester avec vous sans rompre pour autant... il n’est plus du tout intéressé, mais il ne veut pas être celui qui met un terme à la relation. Il est présent tous les jours, mais il n’est pas vraiment là », dit Hentschel dans la vidéo. 

Selon la psychiatre Era Dutta, lorsqu’un partenaire romantique se retire silencieusement d’une relation, on peut avoir l’impression de vivre avec son fantôme ou avec un colocataire totalement désintéressé : impossible de tirer une quelconque joie d’être ensemble et de simplement exister (avec l’autre) pour le plaisir. « Quand on est dans une relation frustrante et qu’on subit un « quiet dumping », on se remet en question et on se demande qui est à blâmer dans cette histoire. Cette situation vous empêche de vous épanouir et nuit à votre santé mentale, surtout quand on sait que beaucoup hésitent encore à se tourner vers la thérapie de couple. »

Contrairement au « quiet quitting » dans la vie pro, les raisons qui poussent une personne au « quiet dumping » ne sont pas toujours évidentes. Il faut également souligner que, contrairement au « ghosting », où l’un des partenaires coupe toute communication et disparaît du jour au lendemain, le « quiet quitting » est « l’acte de partir sans partir ».

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« Durant les premières semaines ou les premiers mois d’une relation [romantique] vous obtenez des décharges de dopamine à chaque fois que vous voyez ou que vous touchez l’autre [puis] les choses se mettent à stagner. Quand ça se produit, vous commencez à vous ennuyer et à vous détacher, et vous risquez alors de décrocher doucement, même inconsciemment, sans toujours en comprendre les raisons. »

Dave ajoute que dans un monde où les appels vidéo et les chats sont devenus la norme en couple et où être physiquement présent n’est plus nécessaire pour créer un lien, il est devenu encore plus difficile de repérer quand son partenaire ne fait que le strict minimum. 

Dans le cas de Somya, une doctorante de 28 ans qui a préféré ne pas donner son vrai nom pour éviter que sa famille n’apprenne sa relation, les raisons qui l’ont poussée à larguer son partenaire étaient liées à leurs ambitions professionnelles différentes et au fait qu’elle perdait peu à peu son intérêt pour la relation. 

« Ça ne veut pas dire que je ne l’aimais plus, c’est juste que mes sentiments ont commencé à stagner », raconte-t-elle. « J’ai commencé à revoir mes ambitions, persuadée que je devais forcément finir avec lui. Mais même s’il me soutenait, je me sentais étouffée. Son manque de confiance quand il était loin de moi et son complexe du fait [qu’il avait fait moins d’études] ont commencé à me peser. »

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Pour compliquer encore les choses, la santé mentale et la confiance en soi de Somya ont rapidement décliné lorsqu’elle s’est retrouvée coincée à Raipur, sa ville natale, pendant le confinement. Elle a renoncé à faire des efforts dans son couple et a préféré se concentrer sur elle-même. Toutefois, elle n’a pas eu le courage de dire à son partenaire qu’elle ne ressentait plus l’excitation des premiers jours. 

« Ce n’était pas intentionnel, mais quand j’ai commencé à me sentir heureuse et à aller mieux, j’ai moins investi dans la relation », explique-t-elle. « Je ne voulais pas être celle qui mettait fin à la relation, alors je me suis éloignée en pensant qu’il finirait par se lasser. Mais on avait consacré six ans de nos vies à cette relation alors on s’y était habitué tous les deux. La peur de ne pas retrouver quelqu’un de bien nous poussés à rester dans cette relation plus longtemps que nécessaire.» 

« Souvent, on finit par croire que notre partenaire est ce qu’il y a de mieux et on fait le strict minimum pour ne pas perdre la relation. »

Selon le psychothérapeute Deepak Kashyap, il est important de noter que l’origine du « quiet dumping » a davantage à voir avec le sentiment de manque d’épanouissement et de désengagement au sein de la relation qu’avec un quelconque abus. 

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« Dans le contexte indien, c’est peut-être aussi le manque d’indépendance financière qui pousse les gens à rester ensemble », précise-t-il, ajoutant que c’est particulièrement vrai pour les femmes. « Vous pensez réellement que nos mères et nos tantes [choisiraient] de rester avec leur mari si elles étaient financièrement indépendantes ? Souvent, on finit par croire que notre partenaire est ce qu’il y a de mieux et on fait le strict minimum pour ne pas perdre la relation. »

Kashyap ajoute que parfois, on peut se laisser influencer par les idéaux souvent irréalistes de ce à quoi devrait ressembler une relation saine (merci la culture pop), ce qui nous pousse à en sortir doucement.

« Personne n’a pas besoin de vivre une vie palpitante tous les jours. Il n’est donc pas sain d’attendre cela de nos relations », explique-t-il. « Même si c’est dans la nature humaine d’espérer une forme de retour sur investissement, il faut comprendre que nos partenaires ne sont pas des produits. » 

Il ajoute que rares sont ceux qui ont une « sexualité torride » tous les jours après trois ou quatre ans, et que cette réalité devrait être normalisée. Toutefois, si vous êtes conscient des raisons pour lesquelles votre relation ne fonctionne pas et que vous ne faites rien pour y remédier, vous ne pouvez vous en prendre qu’à vous-même.

Quel que soit le côté de la relation dans lequel vous vous trouvez, Dave suggère d’éviter de rejeter la faute sur l’autre. « Ça ne sert à rien de pointer du doigt », conseille-t-elle. « Mettez par écrit vos attentes et comparez les à la réalité, divisez vos pensées en sentiments et en faits, et réfléchissez à ce qui ne fonctionne pas dans votre couple. Avez-vous des preuves et des exemples concrets ou est-ce que ça se passe plutôt dans votre tête ? »

Elle ajoute que notre cerveau s’adapte plus facilement à la mort d’une personne, car il y a une certaine forme de finalité dans la mort. On a du mal à laisser partir quelqu’un qui nous retient, car l’espoir de pouvoir un jour arranger les choses ou de revenir à ce qu’elles étaient avant reste vivant.

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