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Life

Comment gérer la grossophobie de sa famille pendant les fêtes

Après avoir subi pendant des années des brimades de la part de mes proches, j'ai finalement fixé des limites.

J'ai été grosse toute ma vie. Pour beaucoup de gens, cela semble être une invitation à commenter mon corps ou à me dire de perdre du poids. À leurs yeux, être mince est la clé d'une vie heureuse et réussie. 

Cela vaut aussi pour mes proches. Lors des réunions de famille, je reçois beaucoup de remarques grossophobes. « Mais, tu as encore pris du poids ? » ; « Que fais-tu pour grossir autant ? » ; « Je suppose que pour toi, c’est retour à la case régime le mois prochain » ; « Cette robe n'est pas très flatteuse, tu devrais choisir une autre matière » ; « J’éviterais les glucides ce soir, si j’étais toi » ; « J’y suis allé mollo sur la matière grasse, tu ne veux pas grossir encore plus, n'est-ce pas ? » Chaque fois que je mets de la nourriture dans mon assiette, ma famille me regarde de haut. Chaque mouvement que mon corps gras entreprend est observé et commenté. 

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À cause de ce fat-shaming, je me suis éloignée de ma famille pendant un temps. J'inventais toujours des excuses pour ne pas venir au dîner de Noël et je commençais à redouter les fêtes dès le mois de septembre. J'essayais de me mettre au régime et j'échouais – parfois, je prenais même plus de poids et je me sentais encore plus anxieuse et mal dans ma peau. Même si j'aime vraiment Noël, cette période était assombrie par des maux d'estomac et des crises de panique.

Enfin, il y a quelques années, quelque chose a changé. J'ai commencé à me renseigner sur la culture des régimes toxiques profondément ancrée dans notre société, et sur la stigmatisation des personnes de grande taille dans les médias et la culture pop. J'ai également écrit un livre sur le sujet (en néerlandais) et cela a été libérateur. J'ai réussi à m’imposer, à me défendre et à ne plus tolérer la grossophobie. J’ai fini par dire à mes proches que je ne voulais plus entendre leurs opinions sur mon corps, mon poids ou mes habitudes alimentaires. 

Depuis, j’ai un peu moins honte, mais même si je fixe des limites claires, je continue parfois à recevoir des blagues et des commentaires. La façon dont j'y réagis dépend de mon humeur. Parfois, je vais m’isoler dans une autre pièce. Je ne ris jamais. Je fais face et je leur demande s'ils trouvent ça drôle. Parfois, je leur renvoie la question. « Pourquoi est-ce si important pour vous que je sois maigre ? » S'ils répondent qu'ils veulent juste que je sois heureuse, je leur dis que ce ne sont certainement pas leurs horribles commentaires qui vont me rendre heureuse.

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Je pense que beaucoup de membres de ma famille sont obsédés par leur propre poids, donc leurs commentaires proviennent probablement de leurs propres insécurités et obsessions. Cela ne rend pas les choses faciles, mais cela m'aide à ne pas le prendre trop personnellement. 

Mes parents et mes grands-parents appartiennent à des générations qui sont convaincues qu'être gros est la pire chose au monde. Et comme ils n'utilisent pas beaucoup les réseaux sociaux, ils ne sont pas exposés aux messages du mouvement body positive. Ils ne semblent pas savoir que le fait de commenter constamment le poids d'un être cher ne va pas le motiver pas à se mettre en forme et que, bien au contraire, cela va avoir un impact négatif sur sa santé mentale et physique. Aujourd’hui, je comprends que c’est de l’ignorance et j’arrive à ignorer leurs remarques. J’essaie même de les éduquer quand j'en ai l'énergie. Mais parfois, je n'ai pas la force de me défendre, alors je leur dis simplement que je ne veux pas en parler.

Les dernières vacances se sont bien passées. Je me sens plus proche de ma famille depuis que je suis ouverte et honnête avec elle. Cela ne veut pas dire qu'il n'est plus question de parler de poids – et j'ai encore du mal à le faire moi-même. Mais au moins, j'ai clairement fait savoir que mon apparence et ce que je mange à Noël ne regardent personne.

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