Karim Benzema suspendu jusqu'à nouvel ordre de l'équipe de France annonce la FFF

Noël Le Graët, en qualité de président de la Fédération française de football, tenait ce jeudi après-midi une conférence de presse sur le cas Benzema et la désormais fameuse « affaire de la sextape ». Le Graët a annoncé que Karim Benzema n'était plus sélectionnable en équipe de France « jusqu'à nouvelle instruction du dossier ». De quoi laisser une mince « porte d'espoir » (sic) ouverte pour une réintégration de Benzema chez les Bleus. Mais il est difficile de croire que l'affaire sera bouclée d'ici juin 2016.

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Ça, c'était le début de son intervention et l'information principale. Ça aurait pu s'arrêter là mais non, la conférence s'est ensuite transformée en one man show de 40 minutes de Noël Le Graët. Il s'est d'abord épanché sur la façon dont l'affaire le peinait, avec en plus quelques variations sur le joli thème de l'amitié. Pour le président de la FFF, Benzema pourra ainsi être sélectionné « si la juge dit que le dossier est vide, ou si lui et Valbuena redeviennent copains ». Plus tard, il dira aussi : « Il y a des coups très durs en amitié. Donc, il faut savoir pardonner. Je dis pas que demain matin, ils vont aller jouer aux boules tous les deux. »

Si l'on met de côté le choix de mots assez douteux vu l'origine de l'affaire, il était assez surréaliste de voir un président de Fédération sportive prendre aussi peu au sérieux une affaire judiciaire, si boulevardière soit-elle. Si la juge innocente Benzema, il faudrait donc que Valbuena l'accepte ensuite de nouveau comme « copain ». Et comment vont-ils prouver leur amitié ? Apparemment, ça devrait passer par une partie de pétanque sous les yeux de Noël Le Graët. Ou tout du moins, « qu'ils puissent se serrer la main et jouer ». D'ailleurs, il a clairement dit que « ne pas avoir ces deux garnements face à moi, ça me pénalise beaucoup. »

Le Graët n'a également pas caché son affection pour Karim Benzema, à tel point que ç'en est devenu gênant. « Benzema, quand je le vois, je me dis que c'est un mec bien. Il a des amis, les mêmes depuis longtemps, comme vous, comme moi », a-t-il commencé par dire. Puis, il a continué en déclarant « l'affaire Benzema est pour moi un crève-coeur, mais je le sanctionne parce que je suis président de la FFF ». Pour Le Graët, « Karim est sincère dans son amitié, il a de mauvaises fréquentations, mais lui-même n'est puni nulle part. C'est un footballeur de haut niveau. J'estime ce garçon. »

Puis, répondant à une question où il lui était demandé s'il était en colère contre Karim Benzema : « Non, plutôt malheureux. Ça me fait mal au cœur. Il est bon. Je suis persuadé qu'il est pris dans un truc dingo, qui le dépasse. » Il avait d'ailleurs clairement défendu l'attaquant du Real Madrid début novembre auprès du Parisien, indiquant à l'époque qu'une sanction n'était pas à l'ordre du jour.

Si la bonhomie peut parfois être une qualité appréciable en termes de communication, Noël Le Graët a, là, plutôt donné l'image d'une Fédération complètement amateuriste dans sa manière de traiter une affaire judiciaire. Ce qu'il s'en dégage, c'est surtout l'impression d'avoir sanctionné Benzema à contre-cœur. Le Graët a par ailleurs plusieurs fois indiqué qu'il pensait que le dossier était « à trois-quarts vide », sans avoir pu le consulter.

Ce traitement bien bonhomme de l'affaire donne également à la FFF l'image d'une institution pas très impartiale, qui sanctionne parce qu'il faut bien le faire, au doigt mouillé. Et pire, il renvoie inconsciemment Mathieu Valbuena à un rôle de coupable, coupable d'avoir évincé l'attaquant titulaire des Bleus - et en pleine forme, vu son triplé de mardi avec le Real - à six mois de l'Euro, alors qu'il cherchait simplement à se défendre. Le Graët a tout de même nuancé par la suite en appuyant bien sur le fait que le milieu de l'Olympique lyonnais était victime dans cette affaire en déclarant : « Valbuena n'a rien fait. Il n'est coupable de rien. Au moment où il a su qu'il avait une affaire qui le concernait, il a bien fait de porter plainte ».

Et on ne parlera pas des piques envoyées à Frédéric Thiriez, le président de la LFP, avec qui Noël Le Graët est en froid depuis la fameuse affaire des deux montées/deux descentes entre Ligue 1 et Ligue 2 décidées unilatéralement par la LFP cet été et retoquées par la FFF à la rentrée. Un tacle destiné uniquement à faire plaisir à la centaine de journalistes présents. Dans tous les cas, on pense que la Fédération aurait gagné à avoir un discours plus professionnel.