Avec l’explosion qu’ont connue les cryptomonnaies dans la dernière année, on a un peu l’impression de vivre une nouvelle ruée vers l’or. Tout le monde se lance d’une façon ou d’une autre dans l’aventure, de ton cousin qui s’est construit une rig pour miner du bitcoin à ton chummy qui a investi ses économies dans le but de prendre sa retraite à 35 ans.
Voilà maintenant que plusieurs entreprises annoncent qu’elles lancent leur propre cryptomonnaie, voyant ainsi leur valeur en bourse exploser. Après un franchisé de Hooters et une compagnie de thé glacé, voilà que Kodak se lance dans l’aventure elle aussi. Mardi, elle annonçait le lancement du KodakCoin, une cryptomonnaie qui servira à l’intérieur de sa nouvelle plateforme sécurisée KodakOne, annoncée au même moment pour aider les photographes à gérer leurs droits d’auteur.
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Il fallait s’y attendre, Kodak a vu son titre en bourse bondir de façon fulgurante depuis l’annonce de sa cryptoaventure : ce matin, l’augmentation se chiffrait à 245 %. Kodak, dont les performances financières sont à la baisse depuis sa faillite en 2012, semble surtout profiter du hype. C’est du moins ce que croit Guillaume Déziel, stratège en culture numérique, modèles d’affaires et blockchain. « Kodak se sert du buzz entourant la blockchain pour lancer son propre Marketplace, comme Getty ou Shutterstock. À l’exception près qu’en utilisant la blockchain et la tokenisation des droits des photographes, Kodak pourrait procurer aux photographes vendeurs une totale transparence et sauver en frais d’administration », me dit-il.
Donc, grâce à la blockchain, la plateforme KodakOne permettrait à ses usagers de contourner les passerelles transactionnelles comme PayPal ou le système bancaire à l’aide des contrats intelligents, un protocole informatique qui permet de diviser et d’attribuer les revenus de la photo à son auteur à très peu de frais. Par contre, « ça ne va pas régler le problème de l’application du droit d’auteur sur le web auprès des utilisateurs d’images. Le web a été inventé pour « copier » les données, pour les décentraliser, pour les disséminer, et non pas les enfermer, en restreindre leur accès », me dit Déziel.
Et quand est-il de KodakCoin? L’entreprise n’a pas dit grand-chose à propos de cette nouvelle cryptomonnaie qui sera utilisée sur sa plateforme, mais en fouillant un peu, les journalistes de Ars Technica ont découvert qu’il s’agit en fait d’un rebranding de RYDE, une monnaie dont personne ne parlait et qui a été abandonnée quelques jours avant l’annonce de KodakCoin. Qui était derrière ça? WENN Media, une agence de paparazzi. Sa compagnie mère, WENN Digital, est maintenant associée avec Kodak dans la création de KodakCoin.
Cette nouvelle cryptomonnaie fait beaucoup plus jaser, et c’est probablement une façon pour Kodak de renflouer ses coffres. Il faut comprendre que lorsqu’une nouvelle cryptomonnaie fait son apparition, une collecte de fonds (ICO ou initial coin offering) est faite et permet à des investisseurs d’acheter un pourcentage de la devise. « Pour Kodak ou pour les investisseurs spéculateurs qui veulent faire un coup d’argent, ça peut valoir la peine. Mais pour les photographes? J’en doute. À se demander si ce projet ne permettra pas plus aux spéculateurs de faire de l’argent qu’aux photographes de vivre de leur art », ajoute Déziel.
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Et qu’arrivera-t-il si les photographes préfèrent ne pas être payés en KodakCoin? « Si tel est le cas, Kodak pourra faire de l’argent en créant son bureau de change entre le KodakCoin et le fiat [devises traditionnelles] », me répond Déziel.