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Le guide VICE des soirées en club

Un manuel de savoir-vivre destiné aux amateurs de musique répétitive.

Photo : Alex Patterson

Tout le monde aime la musique électronique. « La guitare, c'est du passé », « le rock est mort » font partie des conneries que tout le monde dit aujourd’hui, même votre père. Le futur tel que les films des années 1990 l’envisageaient était rempli de punks à cheveux verts écoutant de la techno dans des clubs qui sentaient la transpiration. Même s’il est rare aujourd’hui de croiser de véritables punks à cause des 25 euros nécessaires pour entrer en boîte à Paris, force est de constater qu'il n'y a plus que deux, trois rockers et quelques fans de Fauve pour encore aller à d’authentiques « concerts ».

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Mais tandis que les gens se pressent tous les week-ends pour s'abrutir des heures durant en compagnie de Ricardo Villalobos, la plupart n'ont jamais rien compris à ce qui était réellement bien dans une soirée. Vous avez beau essayer de conserver votre flegme, de bien vous comporter, vous n'y arrivez jamais. Vous finissez toujours par hurler sur le DJ, lever votre poing et choper des gamines de 16 ans qui veulent entrer à l'École du Louvre. Vous dépensez votre misérable salaire en bières et en coke et cradossez tellement vos pompes que vous devez en acheter une nouvelle paire tous les mois.

Prenez donc ce qui suit comme un manuel de savoir-vivre destiné aux individus qui ne comprennent pas pourquoi leur vie n'a plus de sens depuis qu'ils écoutent Jackmaster. Peut-être me traiterez-vous de fasciste, de connard ou de gros porc vous dictant la façon dont vous devriez vous comporter en société – ce qui est vrai – mais regardez cette vidéo et vous comprendrez pourquoi la nouvelle génération de ravers a besoin de mes conseils.

LES FRINGUES
Être bien habillé est la dernière chose qui nous sépare des Américains et des Espagnols, alors évitez les débardeurs et les casquettes LA. Le sens esthétique, le sentiment de pouvoir se dire « OK, je suis pas si mal que ça aujourd'hui » est le pilier de tous les grandes civilisations – regardez le style vestimentaire atroce des nazis, vous comprendrez.

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Mais n'exagérez pas non plus. Vous n'êtes pas Malcolm McDowell dans Orange mécanique, vous êtes juste un mec normal qui ne s’est pas servi d’un peigne depuis dix ans. L'époque de la sophistication est révolue ; aujourd'hui tout le monde est banal, trop banal : François Hollande, le normcore, etc. On devrait peut-être recommencer à se peindre le visage en bleu.

Vous devez donc privilégier les fringues faciles à porter, faciles à laver et qui n'inciteront pas les petits Roms de la ligne 5 à venir vous emmerder. Ne soyez pas orignaux pour être originaux car je vous rappelle qu'historiquement, les mecs originaux sont des abstentionnistes à dreadlocks. Vu que la France n'est pas Ibiza, évitez les t-shirts fluo et les chapeaux de paille, ou vous finirez par croupir à la Haye dans la même cellule de Ratko Mladic. Contentez-vous d'un jean. Et tout ira bien.

Photo : Marco Tulio Valencia

LES DEALERS
Désolé de vous décevoir mais : tous les dealers sont des connards. Ils ont vite compris que vendre de la merde n'allait pas du tout diminuer le nombre de leurs clients et que ces mêmes clients étaient de stupides alcooliques prêts à dépenser 80 euros pour un mélange de farine, de lévamisole et de soude.

Votre comportement est toujours le même : vous achetez du poison et s'il ne fonctionne pas, vous en achetez encore plus. Vous vous dîtes que quelque chose finira bien par se produire, une soirée exceptionnelle ou une overdose dans les chiottes. Ne soyez juste pas stupide au point de penser que Xav’, Momo – ou n'importe quel autre surnom débile que votre dealer a choisi – est votre pote. Il n'en a rien à foutre 1. de son produit, 2. de vous.

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Essayez aussi d'éviter les nouveaux produits aux noms cool tels que le « Dr Death » ou le « Blue Candy ». Vous vous empoisonnez de toute façon, alors autant privilégier le bon vieux carbonate de magnésium, vous n'aurez pas de surprise.

LE RETOUR CHEZ VOUS
Vous êtes en train de rentrer – seul, bien entendu. Vous n'êtes pas aux fêtes de Bayonne. Tout le monde n'est pas comme vous, tous les gens ne prennent pas de drogue. OK, la France est un pays dans lequel il est désormais presque interdit de faire la fête. Mais cela ne justifie pas le fait que vous vous comportiez comme un sagouin avec les autres passagers du métro, du tramway, ou votre chauffeur de taxi. Ces gens-là ont des épouses, des enfants, des vies – pas comme vous qui n'avez aucun avenir si ce n'est dans la dissolution cérébrale via la fête.

Vous n'êtes pas obligé de faire des tractions dans le métro ou de demander aux gens pourquoi ils « font la gueule » alors qu'ils vont travailler un samedi à 7 heures du matin. Vous n'êtes pas Australien. Faites un effort.

Photo : Kieran Cudlip

LES VIDEURS
À moins que vous vous appeliez David Bowie, vous ne pourrez pas y échapper. Restez calme, respirez, regardez un peu ce qui se passe autour de vous et tout se passera bien. Si le videur prend un peu de temps, c'est un simple test pour voir si vous êtes capable de rester en position debout pendant plus de 15 secondes. C'est grâce à ces restes de rituels que notre société arrive encore à cohabiter.

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NE VOUS LA JOUEZ PAS PARCE QUE VOUS ÊTES SUR LA GUESTLIST
OK, vous avez sans doute économisé une dizaine de minutes d'attente à l'entrée de la boîte. OK, cela ne fait pas de mal de se sentir unique de temps à autre. Mais n'oubliez pas que vous n'êtes qu'un stagiaire dans une boîte de communication à destination des collectivités territoriales et que vous ne devez votre invitation qu'à votre participation à un concours Facebook organisé par Le Bonbon.

Alors ne vous gargarisez pas, et ne faites pas comme tous ces connards qui disent : « Ah non mais moi, je ne paie jamais pour aller en boîte ! » C'est bon gros, tu t'es payé un plateau de sushis à 20 balles il y a trois jours pour regarder le dernier épisode de 24 heures chrono dans ton lit, calme-toi. En plus, dans 90 % des cas t'es le +1 d'un pote à toi.

Photo : Jake Lewis

LE BAR
Ne payez pas de verres à vos prétendus potes. Ne payez pas de verres à vos prétendus coups d'un soir. Ne discutez pas avec les barmans. Ne commandez pas un putain de frozen daïquiri. Ne vomissez pas. Attendez patiemment, préparez les 26 euros à débourser pour deux whiskys-Coca pourris et partez.

LA COKE, C'EST DE LA MERDE
Je ne sais pas pourquoi, mais certains mecs passent 70 % de leur temps en boîte à chercher de la coke. Alors que les acides ou la MDMA sont bien plus adaptés à l'univers du club, la coke tient la corde dans le palmarès des drogues les plus consommées. L'être humain doit aimer ce geste qui consiste à rouler un billet de 5 euros pour ingérer de la poudre blanche étalée en ligne droite sur la cuvette des chiottes. Triste époque.

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LA KÉTAMINE, C'EST AUSSI DE LA MERDE
La seule chose pire que la coke est sans aucun doute la kétamine, sorte de cousine dégénérée de la weed et bâtard difforme plus sordide encore que les consanguins de True Detective. Vous n'avez plus faim, plus soif, plus envie de dormir et plus de libido. En gros, vous devenez une tortue.

Photo : Daniel Leinweber

SUR LE DANCEFLOOR
Arrêtez de regarder le DJ, Jésus ne s'est jamais réincarné en The Hacker. Un DJ, c'est surtout un mec qui vient d'une famille versaillaise et qui, pour tromper l'ennui de son existence misérable, s'est mis à acheter tout un tas de trucs électroniques quand il avait 16 ans.

ÉTEIGNEZ VOTRE PUTAIN D'IPHONE
Un club, c'est une expérience qui ne peut jamais être réellement partagée. Alors arrêtez de filmer. Au Watergate à Berlin, des génies confisquent les téléphones des mecs qui prennent des photos ou utilisent Shazam pour reconnaître tel ou tel morceau. On retrouve là le réalisme allemand, brutal et efficace.

Si vous tenez vraiment à conserver des photos de vos expériences en boîte, allez dans un bar latino où vous croiserez des étudiants en L2 photo qui bossent pour Tillate pour payer leurs allers-retours entre Bordeaux et Hossegor.

LES TROUS DE BALLE EN DÉBARDEUR
Il y aura toujours des connards pour transformer votre boîte préférée en repaire d'étudiants en école de commerce. C'est une chose que vous devez accepter. Si ces gens avaient hurlé partout ailleurs – dans un bar, à un arrêt de bus ou dans un mariage – vous auriez eu tout à fait le droit de leur exploser le crâne de vos mains. Mais dans un club, vous allez passer pour un mec aigri qui n'accepte pas que des gens puissent « kiffer » leur soirée.

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Sauf si le mec en question ressemble à ça.

Photo : Jake Lewis

LES OUTSIDERS
Ils échouent dans la boîte par hasard et éprouvent une franche animosité à votre encontre. Ils avaient prévu d'aller au Bus Palladium mais finissent à la Concrete. Ils ressemblent à des étudiants en droit qui doivent traverser la fac de lettres pour aller bouffer un sandwich au RU. Ne leur témoignez aucun respect, luttez pour défendre votre territoire, partout, tout le temps, poursuivez-les jusque dans les chiottes.

LES VIEUX
Ils ont l'âge de votre père, dansent comme s'ils faisaient du taï-chi (ils en font, par ailleurs), regardent le plafond et connaissent tous les types qui bossent dans la boîte. Ils sont étranges et portent des chemises colorées. Respectez-les et laissez leur de l'espace. Vous n'êtes pas du genre à pisser sur un monument aux morts, alors évitez les selfies en leur compagnie pour se foutre de leur gueule – NB : évitez les selfies tout court.

Je vous autorise simplement à intervenir si vous les voyez sur le point de ramener chez eux une fille dont l'âge ne représente pas un tiers de leur âge : 51 ans pour une fille de 17, ça passe, 52, c'est carrément malsain.

Photo : Jake Lewis

LE COIN FUMEUR
Sorte de camp de concentration socialement accepté, le coin fumeur réunit l'ensemble des gens qui désirent parler de meufs, de mecs et de leur vie pendant une soirée. Si vous vouliez vous épancher sur tout ça, vous auriez pu aller parler à un pote autour d’une tisane, ça vous aurait coûté moins cher.

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Un conseil tout de même : les types qui vous proposent de tirer sur leur joint ne sont pas dignes de confiance. En journée, vous accepteriez qu'un crackhead vous propose une gorgée de son verre ? Non. C'est la même chose.

CHOSISSEZ VOTRE AFTER
Il y a deux types d'afters : les afters pour les DJs et les afters pour les autres. Si vous le souhaitez, essayez de vous introduire dans les afters à DJs, celles où il y a beaucoup de drogue et d'alcool, et vous comprendrez que vous n'êtes pas spécialement le bienvenu. Pour les filles, vous pourrez sans doute y accéder plus facilement mais n'oubliez pas : vous n'êtes pas obligées de toucher le pénis de ce producteur allemand quadragénaire.

Photo : Maggie Lee

RENTREZ CHEZ VOUS LORSQUE LE JOUR SE LÈVE
Il n'y a rien de mieux que de sortir. Il n'y a rien de pire que de sortir trop longtemps. Votre mère vous a toujours dit : « Il faut savoir s'arrêter à temps. » Elle avait 100 % raison. Lorsqu'il est 5 heures du mat' et que vous vous retrouvez à engloutir une trace hyper cheapdans un coin du club en espérant secrètement piner la blonde de 17 ans accoudée au bar, c'est qu'il est grand temps de rentrer chez vous.

La chose à savoir à propos des soirées en boîte, c'est que vous en ferez des centaines dans votre vie. Vous n'allez pas devenir sénile du jour au lendemain, donc ne vous précipitez pas. N’insistez pas pour rester quand vos amis vous disent qu'ils en ont marre, vous passerez pour un creep de premier ordre. Reprendre de la MDMA et un gin tonic à 5 heures, c’est comme jouer à la roulette russe avec six balles dans votre revolver.

LA DESCENTE
Je n'ai pas vraiment de conseil à ce sujet. Regardez Rush Hour ou essayez de dormir. Évitez de parler à vos parents dans tous les cas.

Vous n'allez pas pouvoir y échapper et ce n'est pas le McDo que vous allez vous taper à 16 heures le lendemain qui y changera quoi que ce soit. Vous aurez de toute façon l'impression d'avoir pris part au vol Oceanic 815.

N'oubliez simplement pas que tout ce que vous ressentez est de votre faute. Vos dealers ne sont pas responsables, vos amis non plus, personne ne vous a forcé à ingérer des molécules nocives pour vos sinus, vos poumons et votre cerveau. Assumez votre statut d'adulte, et ne rejetez pas la faute sur les autres.

Il en va de même pour vos futures crises cardiaques.