Une quinzaine de membres du groupe nationaliste identitaire Québec libre en action (QLEA) a manifesté contre la mondialisation et le G7 à La Malbaie, samedi midi. Le Sommet aurait pu être l’occasion d’un rare accord entre la gauche et la droite pour dénoncer les sept dirigeants des pays les plus riches de la planète. Mais la rencontre n’aura pas lieu alors que les groupes anticapitalistes ont plutôt choisi de manifester à Québec.
Le petit groupe qui s’oppose à « l’immigration illégale et l’islamisation radicale » est arrivé dans le périmètre désigné par la police comme la « zone de libre expression » brandissant des drapeaux du Québec en scandant « non à la mondialisation ». Il y avait littéralement plus de journalistes que de manifestants de QLEA. La scène était inusitée alors que des groupes coréens, vietnamiens et ukrainiens manifestaient aussi dans l’espace prévu à cet effet.
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Les manifestants étaient tous clôturés dans un immense enclos construit à partir des barrières en béton ornées du logo de la Ville de Montréal. Les barrières avaient servi l’an dernier à tracer le circuit de la catastrophique course de la Formule E dans la métropole; aujourd’hui, elles servent de barricades pour isoler les manifestants à un kilomètre du Manoir Richelieu, où ont lieu les discussions du G7. De nombreux agents de la Sûreté du Québec et de la Gendarmerie royale surveillaient le peu d’action de près samedi midi.
« On est des indépendantistes, séparatistes et autonomistes, dit le porte-parole du groupe, John Hex. Les banques privées, les compagnies pétrolières, les constructeurs automobiles : on pourrait récupérer tout cet argent-là pour nous. On aimerait une indépendance par et pour le peuple pour nationaliser nos besoins pour que ça nous revienne dans les poches. »
QLEA est une formation citoyenne fondée au mois de mars qui compte plus de 700 membres sur Facebook. Plusieurs d’entre eux, dont John Hex, font aussi partie de groupes ultranationalistes comme La Meute et Storm Alliance. Des membres de QLEA étaient d’ailleurs de la manifestation contre ce qu’ils considèrent comme de l’immigration illégale à la frontière américaine la semaine dernière. C’est ce qui explique la faible présence de militants à La Malbaie, selon John Hex.
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« On a mis l’accent là-dessus et les gens ne voulaient peut-être pas se déplacer aujourd’hui aussi, dit le porte-parole. Il y a aussi eu une campagne de peur de la part de la gauche, même si, généralement, ça ne nous empêche pas de manifester. »
À Charlevoix, il n’y avait qu’un seul contre-manifestant pour s’opposer au rassemblement nationaliste – Guillaume Lespérance, un enseignant de La Malbaie. Les groupes anticapitalistes ont plutôt décidé de mener leurs actions à Québec, à 140 kilomètres de La Malbaie, où la forte présence policière a découragé bien des militants de prendre la rue depuis jeudi.
Lors du discours de QLEA, L’espérance s’est discrètement mêlé au groupe avec sa pancarte « Nous sommes tous des immigrants ». Des protestataires l’ont ensuite apostrophé, alors qu’il les écoutait patiemment. « C’est ce que j’ai trouvé de moins dur à écrire, avance-t-il. Le Québec de ces gens-là, ce n’est pas mon Québec. »
La veille, dans une vidéo Facebook en direct d’une durée de près de deux heures, John Hex a invité l’ancienne leader du Bloc québécois, Martine Ouellette, à se joindre à leur mouvement. « Elle a fait le tour de la politique, a-t-il dit. Si jamais elle veut se joindre au peuple, pourquoi pas? C’est une Québécoise. On lui lance l’invitation. »
Ce fut la seule manifestation de droite contre le G7 cette semaine. La veille, le groupe néofasciste Atalante s’est contenté d’accrocher une bannière sur un immeuble — sur laquelle on pouvait lire « Mondialistes dehors! » — et d’en publier des photos sur Facebook.
Simon Coutu est sur Twitter