La mobilisation contre le G7 s’active tranquillement, alors que les chefs d’État des sept pays les plus riches du monde sont sur le point de fouler le sol québécois. Trois manifestations sont prévues dans la ville de Québec, à 140 kilomètres du site où aura lieu le sommet. Si les protestataires promettent de perturber la rencontre, on ne devrait pas assister aux mêmes débordements qu’en 2001, lors du Sommet des Amériques.
« Si on a 50 000 personnes, ça serait un méchant miracle, dit Steve, un des participants au Réseau de résistance anti-G7 (RRAG7) qui organise deux manifestations à Québec cette semaine. On espère qu’il va y avoir le plus de monde possible. On a distribué des tonnes et des tonnes de matériel de mobilisation. »
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Le premier événement est prévu jeudi soir à 18 h au parc des Braves. Il s’agit d’une manifestation « populaire et unitaire contre le G7 et pour l’ouverture des frontières » pour dénoncer « l’exploitation capitaliste, le colonialisme et les politiques racistes et sexistes ». L’itinéraire de la marche a été publié et une cinquantaine d’organismes ont endossé la manifestation.
Le deuxième événement, une action de perturbation pour « stopper le G7 », a lieu le lendemain matin à 7 h 30 au coin des boulevards François-de-Laval et Sainte-Anne, à Beauport, en banlieue de Québec. Aucun itinéraire n’a été fourni pour l’instant. « Nous entendons couper les ponts avec ceux et celles qui causent notre misère », dit l’invitation.
Le RRAG7 a loué plusieurs autobus pour faire la navette entre Montréal et la capitale nationale. « C’est difficile d’évaluer la quantité de personnes qui vont utiliser le service, dit Steve. La grosse difficulté, c’est que bien des gens se rappellent ce qui est arrivé à Victoriaville [en 2012, lorsque la police a intercepté trois autobus et arrêté 106 personnes]. Je crois que pas mal de monde va y aller par ses propres moyens. »
Le samedi, la Coalition pour un Forum alternatif au G7 organise finalement une « grande manifestation unitaire » qui débutera à la Fontaine de Tourny devant l’Assemblée nationale du Québec à 15 h.
Ironiquement, aucune de ces actions n’aura lieu à La Malbaie, où les sept chefs d’État discuteront. Il s’agit d’ailleurs du premier voyage de Donald Trump au Canada. Sur place, les autorités ont prévu une « zone de libre expression » sous très haute surveillance. Rappelons que plus de 8000 policiers et militaires ont été dépêchés dans la région pour l’occasion.
Amnistie internationale et La Ligue des droits et libertés ont reçu des signalements de manifestants qui indiquent que des policiers de la Gendarmerie Royale du Canada les auraient approchés directement, en amont du Sommet. « Ce sont des mesures qui vont dans le sens de nos craintes, soit de décourager les gens de manifester, avance la responsable des communications, Anne Sainte-Marie. La Ligue a reçu quelques appels. Les forces policières nous inquiètent. Il y a eu un build-up des autorités et des médias pour montrer les dispositifs de sécurité et créer une psychose collective. Aujourd’hui, les gens ont peur d’aller manifester puisqu’ils croient que Québec va être à feu et à sang. » La GRC n’a pas répondu à nos questions à ce sujet.
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« On l’a vu, ce n’est pas agréable de manifester dans ces conditions, croit Steve. On sait qu’il va y avoir plusieurs checkpoints pour s’y rendre. L’idée, c’est aussi que la plupart des négociations ont lieu à Québec. À La Malbaie, c’est les dirigeants qui font leur spectacle dans leur petit château. »
Simon Coutu est sur Twitter.