La moitié des visages des adultes américains a été enregistrée par la police

La moitié des visages des Américains adultes a été capturée et enregistrée dans des bases de données de la police aux États-Unis. Un chiffre avancé par une étude publiée ce lundi par des chercheurs du Centre de la vie privée et de la technologie de la Georgetown Law School.

Depuis quelques années, les bureaux de police utilisent massivement des logiciels de reconnaissance faciale. Les auteurs de l’étude « The Perpetual Line-Up » préviennent que les autorités les utilisent d’une manière qui peut porter atteinte à des droits fondamentaux.

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Ces recherches montrent qu’au moins 26 des 50 États des USA permettent aux forces de l’ordre d’utiliser ce genre de technologie et de comparer leurs résultats avec des bases de données contenant des informations sur le permis de conduire des Américains. Des millions de citoyens innocents peuvent se retrouver dans ces bases de données.

« La reconnaissance faciale est une technologie puissante qui demande une supervision stricte », a déclaré dans un communiqué Clare Garvie, une chercheuse associée au centre qui a mené l’étude. « Mais, dans l’ensemble, ces contrôles n’existent pas actuellement… C’est la loi de la jungle.»

Les chercheurs reconnaissent des effets positifs de cette technologie, pour trouver des criminels violents et des fugitifs, ainsi que pour faire respecter la loi. « L’objectif de cette étude n’est pas d’arrêter [cette technologie] », ont-ils écrit. « Mais plutôt de faire réfléchir sur les risques très concrets que la reconnaissance faciale crée. »

La reconnaissance faciale analyse les proportions du visage d’une personne — le contour de son oreille, la largeur de son nez, la longueur de son front — et cherche des individus qui y correspondent.

La manière dont ce genre de logiciel est utilisé par la police pour surveiller des manifestations inquiète particulièrement les chercheurs. Le rapport explique que sur les 52 agences des autorités qui utilisent (ou qui ont utilisé) la reconnaissance faciale, seulement un — le bureau de l’investigation criminelle de l’Ohio — a une politique qui interdit explicitement à ses agents d’utiliser le logiciel pour surveiller des activistes religieux, politiques ou des militants des droits de l’Homme.

Un exemple : en 2015, le Département de la police de Baltimore a utilisé la reconnaissance faciale pendant les manifestations qui ont suivi la mort de Freddie Gray, dans le but d’identifier des personnes recherchées parmi la foule. T.J. Smith, porte-parole de la police de Baltimore, a reconnu que le logiciel avait été utilisé « avec l’objectif d’essayer d’identifier ceux qui étaient impliqués dans des activités criminelles. »

Les auteurs de l’étude avancent que le premier Amendement de la Constitution américaine protège non seulement la liberté de parole, mais également « notre droit de nous exprimer anonymement. » Ils mettent en garde contre le fait que l’utilisation de ces logiciels par la police « pour identifier de manière continue n’importe qui dans les rues — sans une recherche spécifique d’un individu — pourrait aller à l’encontre de nos libertés fondamentales […] Tout particulièrement lorsque la reconnaissance faciale est utilisée dans des manifestations politiques. »


Cet article a d’abord été publié sur la version anglophone de VICE News.

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