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La mort subite de 120 000 antilopes au Kazakhstan reste un mystère

Environ la moitié des spécimens d’une espèce rare d’antilope d’Asie centrale est morte au cours du mois de mai. Même les scientifiques et les défenseurs de l’environnement qui connaissent le mieux cette espèce se demandent encore pourquoi une telle épidémie a frappé ces animaux si rapidement et si férocement dans le centre du Kazakhstan.

Plus de 120 000 antilopes saïga, une espèce en voie de disparition qui peuple les prairies de Russie et du Kazakhstan, sont mortes depuis le recensement des premiers cas, le 13 mai dernier. Avant l’épidémie, on dénombrait environ 250 000 spécimens. Quatre troupeaux ont été touchés par une mystérieuse maladie et, dans deux d’entre eux, la totalité des antilopes sont mortes.

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« Tu ne peux pas t’attendre à ça, » commente Richard Kock, un vétérinaire spécialiste des espèces sauvages contacté par VICE News. « Dans une population qui vit en plein air, il existe des maladies graves avec une forte mortalité, mais rien de semblable. »

Le nombre de morts recensées pourrait augmenter, alors qu’une équipe d’intervention continue de compter les carcasses, explique Aline Kühl-Stenzel, coordinatrice pour les espèces terrestres auprès du programme environnemental des Nations Unies.

Un homme charge une cariole de carcasses d’antilopes saïgas, à plusieurs centaines de kilomètres au sud-ouest de la ville d’Uralsk, dans l’Ouest du Kazakhstan. (Photo par Uralskaya nedelya/Raul Uporov/Reuters)

Vendredi dernier, le ministre de l’Agriculture du Kazakhstan a annoncé que l’épidémie semble s’être arrêtée.

« Je ne suis pas sûre de vouloir appeler ça une bonne nouvelle, mais au moins nous sommes soulagés, » a commenté Aline Kühl-Stenzel, contactée par VICE News.

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Un groupe de scientifiques, dont Richard Kock fait partie, s’est rendu au Kazakhstan il y a deux semaines pour prélever des échantillons de tissus et effectuer des autopsies sur les animaux morts. Plusieurs théories apparaissent pour expliquer l’épidémie, de l’infection opportuniste à la réaction toxique causée par l’ingestion d’herbes riches nutritivement.

Les antilopes saïga sont mortes pendant la période de vêlage du printemps, au moment où les femelles mettent bas, ce qui peut les affaiblir et les exposer aux infections, explique Ej Milner-Gulland, qui préside l’Alliance pour la conservation de la saïga.

« Il y a toutes sortes de facteurs qui se combinent, c’est pourquoi on ne connaît pas vraiment la cause exacte, » poursuit Ej Milner-Gulland, contacté par VICE News. « Ça ressemble à un malheureux concours de circonstances. »

Plusieurs semaines seront nécessaires pour que l’équipe d’intervention termine ses analyses toxicologiques et virologiques.

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Richard Kock doute qu’une maladie seule ait pu causer toutes ces morts, car les antilopes ont succombé trop rapidement pour transmettre le pathogène à travers tout le troupeau, et parce que certains troupeaux affectés se trouvaient à des kilomètres.

Tous les spécimens montraient des symptômes identiques : maladies respiratoires, diarrhée, hémorragies internes importantes, en particulier après avoir mis bas, indique Ej Milner-Gulland. Certains spécimens avaient de l’écume au niveau du museau.

« C’est horrible et très rapide, » nous a dit Milner-Gulland.

90 pour cent des saïgas vivent au Kazakhstan, estime le ministère de l’Agriculture.

« La tragédie, c’est que c’est une espèce en voie de rétablissement. Elle est sérieusement en danger, » indique Richard Kock. « Ce genre de morts, je ne suis pas sûr qu’elles peuvent en supporter beaucoup. »

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Suivez Laura Dattaro sur Twitter: @ldattaro