« La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine – et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier », avertit la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) dans un rapport accablant. Ce groupe d’experts de l’ONU est souvent présenté comme « le GIEC de la biodiversité ».
Le chiffre le plus frappant de ce rapport : un million d’espèces animales et végétales – soit une espèce sur huit – sont aujourd’hui menacées d’extinction, notamment au cours des prochaines décennies. Cela n’a jamais eu lieu auparavant dans l’histoire de l’humanité.
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« La santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais, décrit Sir Robert Watson, le président de l’IPBES. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier. »
C’est un rapport historique et le document le plus exhaustif réalisé à ce jour sur ces questions : 150 scientifiques de 50 pays, épaulés par plus de 300 experts, ont travaillé pendant trois ans à la réalisation de ce rapport sur l’état mondial de la biodiversité. Ils ont synthétisé 15 000 références scientifiques et sources gouvernementales, et, pour la première fois dans un rapport de cette échelle, l’étude s’appuie aussi sur les savoirs autochtones et locaux.
Le rapport souligne que, depuis 1980, les émissions de gaz à effet de serre ont été multipliées par deux, provoquant une augmentation des températures moyennes mondiales d’au moins 0,7 degré Celsius. Les experts présentent également les résultats suivants : la pollution par les plastiques a été multipliée par dix depuis 1980, les zones urbaines ont plus que doublé depuis 1992, et plus d’un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l’agriculture ou à l’élevage.
Les experts de l’IPBES disent également qu’il n’est pas trop tard pour agir : « Mais seulement si nous commençons à le faire maintenant à tous les niveaux, du local au mondial », décrit le président de l’IPBES, Sir Robert Watson.
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Eduardo Brundizio, l’un des principaux auteurs du rapport, a déclaré à l’Agence France-Presse qu’« il s’agit de considérer la qualité de vie et non la croissance économique comme objectif ».
Une qualité de vie qui risque de se dégrader encore plus pour les plus pauvres de la planète, prévient l’organisme, ainsi que pour les régions abritant les peuples autochtones très dépendants de la nature.
Marie Boule est sur Twitter.