L’espace de vie est au cœur des préoccupations depuis un an, pour des raisons assez évidentes. Pendant que vous étiez enfermé dans votre petit appartement hors de prix, vous avez peut-être fantasmé sur le fait de vous installer dans une maison avec un jardin à la campagne ou de vivre dans un van.
Les « vanlifers » d’Instagram voudraient nous faire croire qu’ils ont trouvé le chemin du bonheur à bord d’un camping-car déglingué, sans factures à payer et avec des possibilités de voyage infinies. Mais nous savons tous que la réalité vient souvent ruiner nos rêves.
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J’ai demandé à trois personnes qui ont vécu à bord d’un van de me raconter ce qu’elles ont appris au cours du processus et ce que vous devriez prendre en considération avant de franchir le pas.
Antonio Armano, journaliste et écrivain
J’ai vécu dans un camping-car pendant un an, de fin 2017 à fin 2018. J’écris souvent des articles de voyage, et l’année précédant mon installation dans le van, j’ai vécu à Moscou avec une vieille dame souffrant de problèmes cardiaques, puis dans un orphelinat à Belgrade. Bizarrement, beaucoup de mes proches ont réagi négativement à mon nouveau style de vie, certains ont même cessé de me parler.
Ce que j’ai le plus apprécié, c’était la liberté de me réveiller chaque matin dans un endroit différent, en ayant le sentiment d’être dehors dans le monde mais aussi protégé par une sorte de coquille. Cela dit, on ne voyage pas tant que ça. Parfois, on trouve un bon endroit et on a envie d’en profiter. Et puis, les endroits pour remplir son réservoir d’eau et évacuer ses eaux usées sont assez rares, donc lorsqu’on en trouve un, on a tendance à s’arrêter et à se détendre un peu. Le type de van fait également une grande différence. Le nôtre était un vieux Hymer qui consommait beaucoup de carburant, donc les déplacements devenaient très chers.
On s’est installés autour des lacs de Varèse [dans le nord de l’Italie], où les gens se méfiaient de nous. Beaucoup nous prenaient pour des voleurs, et si nous restions garés au même endroit pendant un certain temps, ils appelaient la police. En Italie, vous avez techniquement le droit de vous garer sans utiliser de cales et sans ouvrir votre véranda – ce n’est pas considéré comme du camping illégal. En théorie, personne ne peut vous faire bouger. Mais vous avez besoin des cales roues pour dormir ou cuisiner.
Aujourd’hui, il est beaucoup plus facile de travailler à distance, mais il y a quelques éléments à prendre en compte. Premièrement, dans certains camping-cars, vous pouvez charger un smartphone jusqu’à 12 volts, mais un ordinateur portable fonctionne sur un chargeur à 220 volts, il faut donc un transformateur et beaucoup d’énergie pour le charger. Souvent, j’allais dans un McDo ou dans une laverie automatique.
À moins d’avoir un camping-car vraiment luxueux, au bout d’un certain temps, ça vous manque d’avoir quatre murs et une douche chaude, surtout en hiver. À la fin de l’expérience, j’ai eu l’impression d’être un astronaute qui revenait de l’espace. Il m’a fallu un certain temps pour m’habituer à la vie à l’intérieur.
Daniela De Girolamo, 36 ans, blogueuse et consultante
J’ai acheté mon premier camping-car en 2015 pour voyager, mais après ça, je n’avais plus envie de rentrer chez moi, alors j’en ai fait un style de vie. Je vis sur la route depuis deux ans, même depuis le début de la pandémie, je reste en Italie.
J’essaye généralement de voyager hors saison. Par exemple, il est impensable de faire du camping gratuitement en Sardaigne au mois d’août, ou de stationner près des pistes de ski pendant les vacances de Noël. Certaines villes ne tolèrent pas les vans, mais il suffit de faire quelques recherches avant de partir.
La plus grosse difficulté est le rationnement de l’eau et d’autres ressources, mais je préfère cela à l’obligation de payer des factures ou de partager mon appartement. Pour moi, c’est une question de minimalisme. Ça fait du bien de ne pas être dans un endroit fixe, d’être immergée dans la nature.
Bien sûr, il faut un revenu mensuel de base. Au fil du temps, j’ai réussi à me faire un nom et je propose maintenant des consultations payantes. Mais avant, je faisais des petits boulots comme serveuse dans les bars ou animatrice dans les stations touristiques. Mes dépenses varient beaucoup, mais j’arrive à les maintenir en dessous de 300 euros par mois, principalement pour la nourriture, le diesel ou le gaz pour le chauffage. Il y a aussi d’autres coûts fixes, comme les impôts et les assurances.
Andrea, 24 ans, graphiste, et Bianca, 24 ans, vend des vêtements brodés à la main sur Etsy
On a commencé à vivre dans un van retapé en août 2019. Pendant la première vague de coronavirus, on a dû quitter le Portugal et retourner en Italie. Aujourd’hui, on vit dans un appartement en attendant le bon moment pour repartir. Il nous a fallu un an pour transformer le van. On a fait toutes sortes d’installations, comme des panneaux solaires, un chauffage au diesel, du gaz et de l’eau chaude, mais il est possible de faire plus simple.
On voulait voyager pendant longtemps, sans restrictions en matière de transports publics, d’hôtels et d’horaires. Vivre dans un van, c’est bien, mais il y a des aspects négatifs auxquels on n’avait pas pensé auparavant.
Il peut être stressant de se rendre constamment dans des endroits inconnus, surtout lorsque vous devez remplir votre réservoir d’eau et vider vos eaux usées chaque semaine. Souvent, vous pouvez le faire gratuitement dans les aires pour camping-cars ou dans les campings. Cela coûte généralement entre 5 et 8 euros. Vous devez aussi veiller à bien fermer vos fenêtres, sinon elles risquent de se briser quand vous vous déplacerez. Si vous oubliez de fermer le réservoir d’essence, vous pouvez aussi avoir de gros ennuis.
Il y a toujours quelque chose à faire, alors vous n’avez pas le temps de penser à vous ou de réfléchir. De plus, il peut être difficile de vivre en couple dans un espace de six mètres carrés. Mais après quelques mois, vous développez une routine et tout devient normal.
Avant de partir, on travaille un peu, on met de l’argent de côté. Au total, on dépense environ 300 euros par mois chacun. Il suffit d’avoir un permis de conduire ordinaire pour conduire des camionnettes jusqu’à 3 500 kg. Mais si vous êtes du genre à paniquer facilement, cette vie n’est pas pour vous. Souvent, vous devez être votre propre mécanicien, plombier ou électricien, et il y a beaucoup d’imprévus. Il vous faut un plan d’urgence pour tout type de problème ; tôt ou tard, vous en aurez besoin.
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