Le problème, quand on installe une antenne ultra high-tech au beau milieu d’une réserve naturelle, c’est qu’il y a de bonnes chances qu’elle attire les oiseaux, et donc, qu’elle soit rapidement couverte de nids et de déjections diverses. Mais depuis quelques années, l’Agence Spatiale Européenne a recours à un stratagème assez peu moderne pour remédier à ce problème : elle y déploie une petite armée de faucons.
« L’antenne est un peu comme un hôtel cinq étoiles pour les oiseaux du coin. Elle est très haute, et ils s’y sentent donc en sécurité, m’a expliqué Antonio Rubio Botello, un fauconnier qui travaille avec les rapaces depuis 15 ans, par téléphone. Mais les faucons nous aident à chasser les oiseaux indésirables loin de l’antenne. »
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Depuis 2006, Botello collabore avec l’Agence Spatiale Européenne pour protéger des oiseaux l’antenne Deep Space 2, installée dans une station de télécommunications pour l’espace lointain à Avila, en Espagne. Accompagné de son fils Adrian, il se rend deux fois par semaine à la station, toujours le soir, pour y lâcher pendant quelques heures une petite escouade de faucons chargés de patrouiller aux alentours. La star de ces vigiles ailés s’appelle Nalla la Terrible.
L’énorme antenne qu’ils protègent sert à surveiller des satellites en orbite à des distances de plus de 200km de la Terre. Le directeur de la station, Lionel Hernandez, m’a expliqué que s’il laissait les oiseaux faire leur nid et déféquer sur l’antenne, elle devrait être nettoyée très souvent, ce qui aurait un coût considérable. Et surtout, son signal s’en trouverait très affaibli.
Jusqu’ici, aucune option plus “avancée” ne s’est montrée satisfaisante pour chasser efficacement les oiseaux des environs de l’antenne. Hernandez m’a expliqué qu’il avait entendu dire que certains aéroports diffusaient de faux cris de faucons pour effrayer les oiseaux, mais que ça n’avait pas l’air de marcher très bien. J’ai évoqué l’idée d’avoir recours à des drones, mais il m’a répondu qu’il lui faudrait alors trouver une entreprise spécialisée dans la fabrication de drones anti-oiseaux, et qu’il n’y avait aucune garantie que ceux-ci en aient vraiment peur.
La station de Cerebros semble donc devoir s’en remettre, pour quelque temps encore, à Nalla et ses petits camarades.
« On a là l’une des stations les plus modernes du monde, mais on n’a pas mieux pour la protéger que des méthodes moyenâgeuses, parce que rien d’autre ne marche vraiment, déplore Hernandez. En fait, ce qu’il nous faudrait vraiment, c’est quelque chose qui imite le comportement du faucon en volant autour de notre antenne. »