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Le daron des arbitres de l’UFC John McCarthy est un ardent défenseur de la weed

On va bientôt fêter les dix ans du combat épique qui opposait Nick Diaz et Takanori Gomi, une nuit de 2007 à Las Vegas. Au cours de ce fight d’anthologie, le premier insulta le second de « salope » avant d’étrangler son adversaire dès le deuxième round.

Nick Diaz est un anti-héros longtemps resté aux marges du monde de l’UFC. Cette performance l’avait pourtant directement projeté au pinacle de la discipline puisqu’il venait de battre le champion poids plume Pride 2005. Mais la suite des événements ne fut pas aussi riante pour notre néo-star, vite délogée de son piédestal : dans la foulée, il est contrôlé positif à la marijuana, avec un niveau trois fois supérieur à celui autorisé par la commission anti-dopage.

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Tony Alamo, alors président de l’instance sportive du Nevada, accuse Diaz d’avoir combattu défoncé et d’ainsi avoir « été insensible à la douleur » : « Est-ce que cela vous a aidé à l’emporter ? Je le pense vraiment », a conclu Alamo.

Classer la weed dans les produits dopants est le genre d’argument qui semble crédible uniquement aux yeux des gens qui n’ont jamais fumé un joint. Mais quel que soit le degré de pertinence de cette accusation, Diaz s’est retrouvé non seulement suspendu pour six mois, mais surtout déchu de sa victoire, déclarée “no contest” par la commission.

Le premier chapitre d’une longue saga dans laquelle Nick Diaz s’est retrouvé dans l’oeil du cyclone à cause de son penchant pour la weed. Le dernier épisode en date remonte à 2015, quand, avant un combat contre Anderson Silva – lui-même rattrapé par la patrouille pour usage de stéroïdes sans s’attirer le même genre de critiques – Diaz a frôlé une suspension de cinq ans de la part de la même commission du Nevada qui s’était déjà chargée de son cas.

“Big” John McCarthy, actuel boss des arbitres de MMA et ancien officier à la police de Los Angeles, était le troisième arbitre dans la cage pour le combat entre Diaz et Silva. Il est bien dommage qu’il n’ait pas aussi son mot à dire à la commission pour remettre de l’ordre dans ce foutoir.

John McCarty en pleine action.

Au mois dernier, alors qu’il s’entretenait avec l’éditeur Bill Shehan au sujet de l’efficacité de ces décisions concernant la marijuana, McCarthy s’est posé en grand défenseur des vertus thérapeutiques de la plante en question. Non pas qu’il ait l’habitude d’en fumer, il affirme n’avoir jamais touché un joint, mais il connaît bien le sujet car sa femme a recours au cannabis médical depuis 2016, pour soigner des symptômes liés à son lupus, une maladie auto immune dont elle souffre depuis 2014.

« Quand vous dites aux gens que vous vous soignez à coups de marijuana, les gens vous regardent d’un air de dire, “OK, en fait tu aimes juste te défoncer la gueule!” Ce n’est pas du tout le cas de ma femme, pourtant. Tout ce qu’elle fait, c’est essayer de vivre une vie normale, et heureusement, cette plante l’aide à y parvenir », plaide McCarthy, remonté.

Au sujet des sports de combats et de la MMA aussi, Mac Carthy est très enthousiaste quant au recours au cannabis. Selon lui et une étude scientifique qu’il cite à plusieurs reprises, ce serait le meilleur moyen d’éviter les dommages cérébraux causés par la pratique du MMA à haut niveau. Sans nommer Diaz ou quiconque d’autre, il déclare sur le sujet : « A mon avis, le cannabis n’améliore en rien les performances des combattants. Je pense plutôt que la marijuana réduit les capacités, ralentit les gestes et diminue les réflexes. »

Et McCarthy d’ajouter : « C’est stupide de dire que la marijuana est une substance dangereuse quand dans le même temps nos champions ont très souvent recours à des opiacés sous la supervision d’un médecin. Parce que c’est “sous contrôle”, on affirme que c’est sans danger, mais n’importe quel traitement peut avoir des effets secondaires. Nous devrions rester ouverts à de nouveaux et de meilleurs moyens d’apaiser les douleurs et les dysfonctionnements du corps qui surviennent quand on le pousse à bout. »

Son plaidoyer vaut le coup d’oeil tant il offre un point de vue raisonnable et assagi sur une question qui a tendance à raidir les autorités. L’usage récréatif de la marijuana est autorisé dans huit états aux USA, tandis que l’usage médical de la weed est légalisé dans 28 états, plus le district de Columbia.

Mais avec un pouvoir exécutif qui montre déjà ses muscles fascisants et un anti-weed notoire à la tête du ministère de la Justice en la personne de Jeff Sessions, nous nous retrouvons à la croisée des chemins : soit la marijuana est enfin considérée pour ce qu’elle est vraiment, soit elle reste perçue comme la fantasment les vieux nourris aux clichés véhiculés par le lobby de l’alcool.

Le problème, c’est qu’à cause du tableau de classification des drogues en grande partie, les chercheurs doivent financer de leur poche les études sur les usages potentiels de la marijuana.

A côté de cela, le rapport à la weed dans le monde du MMA semblerait presque progressiste. Joe Rogan, commentateur avisé du monde du MMA, a même affirmé que la grande majorité des combattants UFC fumaient des joints. Ce qui n’a rien d’étonnant, car la marijuana est la drogue rêvée pour eux : relaxant, absolument pas calorique, anti-douleur, non-addictif…

Aujourd’hui, l’USADA, l’agence américaine anti-dopage s’en tient pourtant à la valeur limite imposée lors du premier contrôle positif de Diaz en 2007 : 50ng/ml dans les 12 heures précédant et suivant le combat. Ce qui signifie en revanche que les sportifs n’ont donc aucune interdiction de consommer de la marijuana en dehors des compétitions.

Ce fossé entre les personnes convaincues que la weed est bel et bien une fleur du mal et ceux qui sont convaincus du contraire a l’air irrémédiablement creusé. Enfin, jusqu’à ce que s’élèvent des voix comme celle de “Big” John Mac Carthy : « Alcool, cannabis, nourriture, personne ne devrait abuser d’aucune substance que ce soit, en fait », conclut-il. “Bih” John est bel et bien un philosophe plongé dans un enchevêtrement de règlements et d’institutions, qui tente de leur faire entendre raison : « Nous avons tous besoin de comprendre où se situent nos limites, quand il faut arrêter tel ou tel produit car notre corps ne le tolère plus. Mais la folie qui entoure la vérité sur les vertus thérapeutiques du cannabis doit s’arrêter. »