Le Mois de l’histoire des Noirs est-il toujours pertinent et nécessaire?

Le Mois de l’histoire des Noirs est-il toujours pertinent et nécessaire?

Pour certains le Mois de l’histoire des Noirs est un événement commercial et peu significatif. Pour d’autres, il est le symbole officiel de la fierté noire. Dans le cadre de notre série Idées noires , on a demandé à Lost, Wasiu, Izzy-S, Marilou Craft, Bonbon Kojak, Chloé Savoie-Bernard et plusieurs autres ce qu’ils pensaient du Mois de l’histoire des Noirs et de sa signification.

Voici leurs réponses.

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Chloé-Savoie Bernard, autrice

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« Je me rappelle quand j’étais petite, je prenais l’autobus et je voyais sur les panneaux les célébrations du Mois de l’histoire des Noirs. Je ne comprenais pas tout à fait ce que ça voulait dire, mais déjà vers quatre ou cinq ans, j’étais contente qu’il y ait un mois pour nous. Tant que nous ne serons pas dans une représentativité juste et égale, le Mois de l’histoire des Noirs aura sa pertinence. »

Bonbon Kojak, DJ

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« Il faut profiter de ce mois de février, même s’il y a encore des gens que ça dérange. Ça nous permet, en tant que communauté, de ne pas perdre espoir en ce monde juste. Nos ancêtres ont vécu dans l’horreur, nos parents ont vécu dans l’horreur et dans la peur, nous, tout ce qu’on peut faire, c’est rêver. C’est ça, la résistance. »

Marilou Craft, autrice et conseillère dramaturgique

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« À chaque année, à partir du moment où les célébrations commencent, il y a toujours une personne blanche qui arrive pour dire : “C’est quand le mois de l’histoire de blancs?” Je pense que ce qu’il faut comprendre est que ces célébrations sont liées au sentiment de fierté. Quand on fait partie d’un groupe dominant, la fierté peut être perçue comme arrogante et non nécessaire, alors que pour un groupe continuellement minorisé et qui n’a jamais vraiment sa place dans la société, c’est essentiel d’être fier pour exister. Malheureusement, s’il n’y avait pas ce mois-là, il n’y aurait pas de moment où on célébrerait notre culture. C’est simplement essentiel à mes yeux. »

Stella Stone, Drag queen

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« J’ai l’impression que c’est devenu un peu commercial, toutes ces pièces, ces livres, ces spectacles qui sortent au mois de février… C’est excitant d’un point de vue médiatique certes, mais moi, en tant que personne noire, je porte cette peau, cette identité et tout ce qui vient avec 365 jours par année. »

Lost, rappeur

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« Le mois des Noirs? [rires] Pour moi, je ne comprends même pas pourquoi on a besoin d’un mois en particulier pour se rappeler de tout ce que la culture noire a apporté à nos civilisations. Je pense que tout au long de l’année on devrait comprendre ce que les Noirs ont vécu, et vivent encore aujourd’hui. L’esclavage est derrière nous, mais le racisme est encore présent, et on a besoin de beaucoup plus qu’un simple mois pour l’enrayer. »

Schelby Jean-Baptiste, actrice

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Shelby Jean-Baptiste (à gauche) et Stephie Geraldine Mazunya (à droite). Photo de Jules Bédard issue de la série « SisterHood as a form of Resistance ».

« Je pense que le Mois de l’histoire des Noirs est important pour les générations futures, qui ne sont pas représentées dans les livres d’école et qui ne sont pas naturellement portées à aller vers leur histoire. J’ai justement réalisé récemment une série photo intitulée SisterHood as a form of Resistance qui souligne le travail d’actrices noires au Québec et les problématiques auxquelles nous faisons face. Selon moi, c’est important de profiter de ce mois pour entreprendre des initiatives qui font rayonner le travail de notre communauté, mais ça serait bien que l’intérêt se prolonge au-delà des 28 jours de février. »

Wasiu, rappeur

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« C’est une foutue bonne question, parce qu’une partie de moi dit : c’est juste l’histoire, alors pourquoi est-ce qu’on réduit? C’est juste une partie de l’histoire. Alors on apprend et apprécie tous simplement l’histoire. Mais une autre partie de moi fait : OK, mais à cause de la sous-représentation ou parce qu’on ne parle pas de l’histoire en entier, on doit consacrer un mois à parler de l’histoire des Noirs. Mais je pense que je penche plus pour ceci : parvenons à un point où on dit la vérité, OK. On sait ce qui s’est passé, on en parle. Je ne t’accuse pas de choses qui se sont passées il y a 500 ans. Je dis juste : voici ce qui s’est passé et enseignons-le au complet. On devrait parler de ces choses chaque fois qu’on parle d’histoire, et pas réduire ça à un mois de 28 jours, parfois 29 jours. »

Izzy-S, rappeur

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« C’est toujours bon d’en parler. Parce que ça me permet, moi, d’être assis ici aujourd’hui et de parler de faits qui doivent changer. Mais le Mois de l’histoire des Noirs, c’est comme n’importe quoi : c’est supposé être tous les jours. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui, c’est le Mois de l’histoire des Noirs qu’on leur donne de l’attention, on les respecte et puis le lendemain, le mois est fini, et on les traite encore comme de la merde. »

Djamilla Touré, mannequin

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« Je pense que, déjà, c’est nécessaire, mais, clairement, faudrait aller outre ce mois. Le Mois de l’histoire des Noirs est là également pour nous rappeler nos plus grandes batailles, nos plus grandes réussites, nos plus grandes acquisitions et surtout pour rappeler tout ce qu’on a amené comme contribution à la culture de masse actuelle. »

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