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Le nid d’oiseau comestible : un business crado qui peut rapporter gros

Mon royaume pour un nid d’oiseau. Je suis prêt à renoncer à tout ce que je possède contre une « maison des oiseaux » capable de produire ces petits bijoux. Les frais et le travail à fournir sont minimes alors que la demande est quasiment infinie – bien aidée par l’appétit insatiable des Chinois pour la soupe de nids.

L’ingrédient principal de cette soupe ancestrale – qui lui donne aussi son nom – n’est pas fabriqué manuellement avec des feuilles mortes et des brindilles glanées ici ou là. Ce sont les salanganes, une espèce d’oiseau endémique de l’Asie du sud-est et des îles du Sud Pacifique, qui se chargent de les construire avec leur propre salive.

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Résultat ? Un nid à la texture croustillante, à mi-chemin entre la ruche d’abeille et la toile d’araignée. L’habitat est composé de plumes et dégage assez logiquement une forte odeur d’oiseau. Culinairement, il aurait tout un tas de propriétés curatives ; renforcement du système immunitaire, effets anti-âge, etc. Certains disent même qu’il pourrait soigner le cancer.

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Des études ont montré que la composition des nids présentait effectivement certaines valeurs nutritionnelles sous la forme de multiples acides aminés ou de sels minéraux. Aucune preuve n’a encore été apportée sur les effets bénéfiques de l’ensemble. En vrai, on n’est pas là pour parler des bienfaits sur la santé, avérés ou non, de ces nids en bave de salangane, mais plutôt du business qui les entoure. En Chine, les nids s’écoulent à plus de 1 000 dollars le kg.

En conséquence de ces prix élevés, le delta du Mekong, au Vietnam, a vu fleurir des dizaines de petites maisons qui attirent les salanganes à l’aide de cris d’oiseaux diffusés par des haut-parleurs, et leur offrent un environnement proche de celui des cavernes, pour qu’elles puissent y construire leurs nids. La plupart des fermiers producteurs de nids sont réticents à l’idée de laisser des gens s’immiscer dans leurs opérations pour diverses raisons. Ils craignent que cela n’effraie les oiseaux ou qu’on leur vole leurs techniques.

Récemment, Mai Nhut Truong, 27 ans, m’a autorisé à visiter l’une de ses maisons, qui se trouve au dernier étage de l’hôtel que dirige sa famille, à My Tho, à 90 km de Hô-Chi-Minh-Ville, pour découvrir comment on s’immisce dans ce marché en pleine croissance.

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Pour être tout à fait honnête, l’intérieur du site de nidification n’a rien d’extraordinaire. Des oiseaux volent constamment au-dessus de vos têtes, et descendent parfois en piqué de manière imprévisible. Ils ne restent jamais perchés très longtemps.

De loin, on pourrait les prendre pour des chauves-souris à cause de la façon dont ils volent et de leur couleur, gris foncé. Ils ont à peu près la taille de moineaux, mais avec des ailes plus longues et fines. Le site de nidification n’a ni lumière ni fenêtres.

La chaleur humide du Sud Vietnam reste donc constante et vous happe dès l’entrée. Une grosse sono diffuse le cri strident des oiseaux sans interruption. Et bien évidemment, il y a de la merde d’oiseau (qui est, détail intéressant, vendue à 6 dollars le kg pour les attirer) absolument partout.

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Ces conditions sont nécessaires pour peser dans le game des nids d’oiseau. « Beaucoup de gens n’utilisent aucune technique », soupire Truong. « Ils construisent un endroit et espèrent que les oiseaux viendront s’y installer. Certains pensent qu’il suffit d’avoir de la chance. Mais il y a différentes manières d’attirer les oiseaux. »

Après avoir fait des études d’architecture, Truong a exercé de nombreuses professions avant que les chiffres du marché des nids d’oiseau ne l’incitent à s’y essayer. Aujourd’hui, on peut dire qu’il est une personnalité respectée de ce secteur. Il possède 4 maisons qui produisent un total de 12 à 15 kg de nids chaque mois.

Ces nids sont ensuite vendus à différents clients. Des acheteurs indépendants, des distributeurs, des grossistes. D’après lui, les principaux facteurs de son succès sont ; une bonne aération, des matériaux de construction de qualité, l’équipement sonore et l’odeur. Il a également construit une cinquantaine de « maisons des oiseaux » pour d’autres qui souhaitaient se lancer dans ce business.

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Si les choses sont faites correctement, il faut parfois attendre plusieurs mois avant que les premières salanganes ne viennent s’installer et confectionner leur nid. Truong a dû attendre un an et demi avant que les premiers œufs éclosent et que les oiseaux abandonnent leurs nids.

« Lorsqu’ils partent tous, on peut enfin procéder à la récolte des nids sans déranger les oiseaux. Si on arrive à conserver un environnement favorable, dans lequel ils se sentent en sécurité, ils reviendront, et le cycle pourra se répéter. Et très vite, on obtient un grand nombre d’oiseaux. »

Comme il l’a indiqué, la patience est fondamentale. Il n’y a pas grand-chose à faire pendant la période de nidification. Il faut juste faire un peu de nettoyage, et garder les prédateurs comme les lézards et les plus gros oiseaux à distance. Les fermes productrices de fruits que l’on trouve dans les environs jouent également un rôle important en ce qu’elles attirent un grand nombre d’insectes, la nourriture des oiseaux.

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Après la récolte des nids, ceux-ci sont nettoyés, ce qui consiste principalement à enlever les plumes. On établit ensuite leur qualité selon certains facteurs, l’odeur et la couleur notamment. Un nid très blanc dont émane une faible odeur sera considéré comme étant de moindre qualité.

Même si l’on souhaite souvent que l’odeur soit aussi forte que possible, l’idée est de la masquer lorsque l’on mange le nid, comme nous l’explique la femme de Truong. « En général, on les fait bouillir avec du sucre et de l’eau de coco. On les mange avec différents haricots. Mais même en les cuisant, ça pue toujours un peu. Après tout, c’est de la bave d’oiseaux. C’est pour ça qu’on les cuisine et qu’on essaie de masquer l’odeur. »

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Il y a bien évidemment des gens qui vendent des nids sans être totalement réglo. Truong m’a raconté qu’il n’en mangeait jamais à Hô-Chi-Minh-Ville, parce qu’il ne faisait pas confiance aux gens d’ici. « On se retrouve souvent à manger 60% de nid et 40% de riz. »

« Il y a également pas mal de trafic et de magouilles. Certaines personnes ajoutent du poids de manière malhonnête pendant la transformation du produit, et on ne remarque pas vraiment la différence au goût. » Une autre pratique, moins commune mais qui existe, consiste à essayer de confectionner des nids en leur donnant une apparence naturelle.

Bien avant que des producteurs de nids ne construire de « maisons des oiseaux », le premier moyen d’obtenir des nids de salanganes était de s’aventurer au fond de grottes avec des échelles et d’aller les chercher dans des cavités en hauteur. Cela se fait encore sur les îles de la côte centrale vietnamienne. Les nids naturels sont la crème de la crème, et le prix peut atteindre 8 000 dollars le kg.

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« Ils sont très rares et très chers. En général, ils partent immédiatement à l’exportation », raconte Truong. « Ils sont vendus à des acheteurs dans d’autres parties du monde, des gens qui peuvent se les payer. Si on essaie d’acheter un nid naturel au Vietnam, on risque de tomber sur un faux presque à coup sûr. »

Le marché de la production de nids d’oiseaux étant ce qu’il est, il n’est pas vraiment utile de se risquer à ce genre de mésaventure. Un canal d’information local indiquait récemment qu’il y avait plus de 4 200 « maisons des oiseaux » au Vietnam, et que leur nombre ne fait qu’augmenter.

Truong reste très optimiste et souligne l’opportunité. « Cette industrie a beaucoup de potentiel. L’offre est encore très loin de satisfaire la demande. Et il va falloir pas mal de temps avant d’y arriver. On n’a aucune concurrence. »

Cet article a été traduit par NPD Khanh


Cet article a été préalablement publié sur MUNCHIES US

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