Tech

Le site de revenge porn Anon-IB est (enfin) mort

C’était l’un des sites de revenge porn les plus célèbres d’Internet. Anon-IB, un site consacré au partage d’images explicites ou intimes de modèles n’ayant pas consenti à leur diffusion, a été mis hors-ligne par les autorités cette semaine. C’est un coup dur pour les amateurs de revenge porn.

Mercredi 25 avril, l’URL d’Anon-IB renvoyait vers une image hébergée sur le site officiel de la police néerlandaise, la Politie. En néerlandais et en anglais, elle annonçait : « Les équipes de lutte contre la cybercriminalité de la police néerlandaise ont saisi le forum Anon-IB dans le cadre d’une enquête criminelle. De plus amples informations concernant cette enquête seront rendues publiques le 26 avril. » Quelques heures plus tard, le site était complètement inaccessible.

Videos by VICE

Une capture d’écran de l’image hébergée sur le site de la Politie.

Les victimes de revenge porn ont salué le travail de la Politie.

« Les membres du BADASS sont heureux de constater que les forces de l’ordre ont entendu leurs appels et enfin pris des mesures contre ce site » a déclaré Katelyn Bowden, la créatrice du groupe anti-revenge porn BADASS, elle-même victime d’Anon-IB, dans un mail à Motherboard. « Anon-IB était un cancer de l’Internet, il devait être supprimé. Nous sommes immensément reconnaisants à la police néerlandaise et à tous ceux qui ont permis de le mettre hors d’état de nuire. »

Les Pays-bas luttent contre le revenge porn avec une ferveur unique au monde. En 2015, ses autorités ont attaqué Facebook en justice pour obtenir les coordonnées d’un homme qui avait publié une vidéo explicite de son ex sur le réseau social. Elles ont remporté le procès. Le pays a même vu naître une startup qui promet de débusquer et supprimer le revenge porn, Leakserv.

Anon-IB a été l’épicentre du phénomène revenge porn pendant des années. Il était divisé en sections réservées à des pays ou des États américains. Les fils de discussion eux-mêmes se concentraient souvent sur des écoles ou des universités particulières. La plupart de ses utilisateurs essayaient d’échanger ou obtenir des « wins », c’est-à-dire des images explicites de femmes encore jamais vues, et de les publier sur le site.

En janvier dernier, le Daily Best a découvert qu’un certain nombre d’adresses IP liées à des ordinateurs gouvernementaux et institutionnels étaient connectées à des messages sur Anon-IB. Le forum était l’un des points de dump les plus populaires pendant le scandale Marines United.

En mars 2017, l’ONG The War Horse a été révélé l’existence d’un groupe Facebook secret appelé Marines United. Ses 30 000 membres, avant tout des recrues de l’armée américaine, se servaient de lui pour échanger des photographies de leurs camarades nues. Le réseau social s’était alors empressé de fermer le groupe. Sept de ses membres avaient également été envoyés devant la cour martiale par l’US Marine Corps. Anon-IB, lui, était resté actif.

D’autres membres du BADASS ont fêté la fermeture d’Anon-IB. « Quel bonheur de se réveiller et de voir ça ! J’ai l’impression de pouvoir respirer plus facilement et d’avoir l’esprit plus léger ! » nous a déclaré Rachel, une membre de l’organisation.

Rachel, qui a demandé à ce que nous n’utilisions pas son nom de famille pour protéger sa vie privée, a néanmoins insisté sur le fait que la fermeture d’Anon-IB ne réglait pas le problème du revenge porn : « Tous les utilisateurs d’Anon-IB sont en train de bouger/changer. J’aimerais savoir ce qu’ils sont en train de préparer, pour que je/nous puissions essayer de les devancer. [Cette fermeture] était clairement attendue de notre côté. Ça fait du bien de savoir que, même si c’est temporaire, les victimes ne sont plus scrutées ou troquées sur cette plateforme. »

Les groupes qui s’agitaient sur Anon-IB ont déjà posé leurs valises du côté de Discord et Slack, deux plateformes de communication dédiées respectivement aux gamers et aux professionnels. La fermeture d’Anon-IB est une bonne nouvelle, mais le combat contre le revenge porn est loin d’être fini.

La police néerlandaises et le FBI n’ont pas immédiatement répondu à la demande de commentaire de Motherboard à temps pour publication.