Martin Luther King disait que « la véritable grandeur d’un homme ne se mesure pas à des moments où il est à son aise, mais lorsqu’il traverse une période de controverses et de défis. » Vendredi dernier à Toulouse, un jeune homme bien sous tous rapports a voulu voir si les deux étaient possibles simultanément, au vu et au su de la municipalité. Cet homme de 24 ans, incontestablement ivre, a en effet déféqué dans une entrée d’immeuble, avant de croiser le regard d’une caméra et de se livrer en représailles à un acte de masturbation.
Je ne suis pas un mec du Sud, ce qui explique que j’ai donc tout un tas de clichés débiles à propos des Toulousains, comme leur prétendue haine des Bordelais ou le fait que leurs groupes de rap soient infects. Mais dans l’ensemble, j’ai toujours plutôt considéré cette ville comme un havre de paix : médecins en goguette, maisons roses, rugbymen sympas et terroristes plus ou moins en devenir. Pas trop de marginaux chiant où le bon vent les emmène. Pourtant, dans la nuit de vendredi à samedi dernier, un inconnu a sauvagement ruiné un hall d’immeuble du centre de Toulouse à coups d’excréments puis de sécrétions diverses. Fait intéressant, l’immeuble accueillait une synagogue. Qu’a-t-il bien pu se passer dans la tête de ce type pour en arriver là ?
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Totalement ivre et errant dans le centre de la ville tel un zombie, d’après les diverses sources l’homme aurait jugé pertinent de s’arrêter quelques instants dans le hall d’un immeuble, semble-t-il choisi au hasard, après une soirée de beuverie. « Je ne souhaitais tout simplement pas dormir dehors », a-t-il indiqué à la police.
Sa capacité de réflexion ne lui ayant pas permis de choisir un lieu plus adapté, le type, tout à fait à son aise dans le hall d’immeuble, a commencé sa petite sauterie en déposant une première salve noirâtre en plein milieu de l’espace. Se souciant néanmoins de son bien-être, il a pu sans problème se nettoyer grâce aux multiples papiers journaux qui, selon les dires d’Actu Toulouse, « traînaient au-dessus des boîtes aux lettres ». C’est là que l’histoire prend une tournure plus sordide.
Une fois son premier méfait consommé, le type aurait pu en rester là. Le problème, c’est qu’il a alors justement remarqué une caméra de surveillance installée quelque part au-dessus du hall. Il a décidé de contester cet état de fait. Il n’en a certes pas la moindre idée, mais la caméra ne sert pas à prendre en flagrant délit les chieurs impénitents, mais sert à protéger la synagogue que l’immeuble abrite – je rappelle que nous sommes soumis à l’État d’urgence et que Toulouse fut en 2012 le théâtre d’événements infâmes ayant touché la communauté juive.
Dans une telle situation, en théorie, n’importe qui venant de commettre un délit d’excrétion et s’apercevant que toute la scène vient d’être filmée et enregistrée 1. se tire en courant, 2. respire, se raidit, puis plonge dans un état de gêne profond entraînant une fuite des lieux tout aussi rapide. Mais pas lui.
Ayant donc repéré la caméra, il a plutôt jugé agréable de se présenter face à l’objet et, en signe de protestation, de se branler. Peinard. De se branler dans un hall d’immeuble abritant un lieu de culte, entouré de merde humaine (la sienne), faisant fi de toutes les conventions et toutes les règles en vigueur. Je ne sais pas si le plus flippant dans cette histoire est que cet homme ait pu jouir dans ces conditions – car les preuves attestent que oui, il a en effet éjaculé dans le hall –, ou si c’est l’absurdité même de son acte.
Les forces de police ont rapidement vu ce qui se passait grâce à la caméra de surveillance du hall. Pendant que le Toulousain s’attelait à sa pulsion mortifère, des policiers étaient en effet déjà derrière leur écran à se demander ce que pouvait bien foutre ledit type. Et ils l’ont serré, à quelques mètres du funeste immeuble. Les Toulousains semblent trop souvent oublier que nous sommes au XXIe siècle. Comme cet homme qui sniffait de grosses traces de coke sur la place du Capitole, alors qu’il était cerné par tout un tas de caméras de vidéosurveillance – la place du Capitole étant la place centrale et la plus fréquentée de toute la ville.
L’homme a donc été interpellé et placé en cellule de dégrisement. Un lieu qui, si on en juge par ses centres d’intérêt, n’a pas dû être une épreuve. D’après les sources policières, il n’a jamais su, à aucun moment, qu’une synagogue se trouvait dans l’immeuble. 20 Minutes rapporte qu’il a justifié son acte auprès de la police par un alcoolisme « un peu trop prononcé », et plus prosaïque, parce qu’il en avait tout simplement « envie ». Pour autant, il serait compliqué de trouver une justification décente à ce genre d’envie. La police n’a associé « aucun caractère antisémite à cet acte », ce qui se tient.
Ce n’était que l’œuvre d’un homme ivre et un peu paumé. Celui-ci cherchait un peu de réconfort dans un monde qu’il ne comprend pas et qui ne le comprend plus. Reste que, dans les prochaines semaines, il devra affronter l’humiliation d’expliquer son geste devant un juge. Celui-ci sera sans doute moins porté sur les « envies » provoquées par un niveau d’alcoolémie prononcé.
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