Cet article a initialement été publié par Noisey Australie.
La musique est un outil puissant pour propager la propagande religieuse et recruter de nouveaux adeptes ou fidèles. C’est vrai à la fois pour les hymnes des grandes religions et ceux qui occupent les marges de la liberté religieuse : les sectes. Vu la taille de leur ego, on comprend que des personnes qui se prennent pour un prophète ou un dieu aspirent à une célébrité de star du rock, notamment parce que le rock’n’roll est le vrai culte auquel se livre la jeunesse depuis les Beatles.
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Par contre, tous n’ont pas eu le succès en musique qu’ils ont préalablement obtenu dans le lavage de cerveau et les crimes sexuels. Tout de même, voici un palmarès des succès de qualité variable des leaders spirituels depuis les années 60, du pire au meilleur.
5. David Koresh
David Koresh et les Branch Davidians ont suffisamment attiré l’attention des médias en 1993 que les policiers fédéraux ont fait une descente dans leur hameau de Waco, au Texas, au cours de laquelle il y a eu des échanges de coups de feu et des bâtiments incendiés. Soixante-seize personnes y sont décédées dans des circonstances qui n’ont jamais été éclaircies. Ce que l’on sait, c’est que Koresh se voyait non seulement comme le dernier prophète et la manifestation du Christ, mais aussi comme un chanteur folk. Son album qu’il a lui-même produit, Songs for Grandpa, un abominable florilège de chansons folk rock comprend entre autres une reprise de The Rivers Of Babylon. On trouve sur YouTube du matériel plus récent, commis dans les années 80. On croirait vaguement entendre du Bryan Adams, mais avec plus d’harmoniques assourdies et de fioritures glam rock. C’est horrible.
4. Jim Jones et le People’s Temple Choir
En fouillant dans les ruines de Jonestown, où 918 personnes, dont 304 mineurs, ont bu du Kool-Aid empoisonné (peut-être à la pointe d’un fusil), le FBI a trouvé des centaines d’enregistrements. Bien qu’on ne sache pas quelle est exactement la contribution de Jones, la musique produite véhiculait ses enseignements et sa philosophie. L’album He’s Able est une sorte de gospel sans grande qualité à la Sesame Street. S’il existe plus troublant que les enfants de la chorale du People’s Temples qui chantent « bienvenue dans une réalité parallèle », je ne veux pas l’entendre.
3. Charles Manson
Les aspirations musicales de Manson étaient si fortes que son rejet par l’industrie de la musique l’aurait directement poussé à ordonner les meurtres de cinq personnes à la résidence de Roman Polanski. Le producteur de disques Terry Melcher, qui avait anéanti ses espoirs de devenir une star du rock, était le précédent occupant de cette maison. C’est lui qui aurait été la véritable cible. Manson était passé près de réaliser son rêve : Neil Young aimait ce qu’il faisait et avait parlé de lui a des compagnies de disques, et Dennis Wilson des Beach Boys a passé beaucoup de temps avec lui, l’a présenté à Melcher. Wilson s’est d’ailleurs senti coupable. Il avait par ailleurs convaincu les Beach Boys d’enregistrer une chanson de Manson, Never Learn Not To Love. Ce n’est pas la seule chanson pour laquelle Manson a touché des droits d’auteur. Guns N’ Roses a enregistré une version de Look At Your Game Girl pour leur terrible album de reprises de punk rock, « The Spaghetti Incident? ». C’est une anomalie folk rock semi-intéressante qui serait néanmoins tombée dans l’oubli si ce n’était de la notoriété de son auteur.
2. Father Yod
La philosophie de Jim Yod était basée sur des mystérieuses traditions ou l’ésotérisme de l’Ouest. Ses groupes de musique – The Spirit of ’76, The Ya Ho Wha 13, Sons of the Ya Ho Wha, Yodship, Fire, Water, Air – avec lui comme chanteur ont réalisé une série d’albums incroyables de séances d’improvisation psychédéliques qu’il vendait à son restaurant de Sunset Strip en quantité limitée. Au fil des ans, les disques vinyle originaux sont devenus de rares objets de collection. L’étiquette de disques Drag Record a fait paraître en 2008 des enregistrements de répétitions. S’il débitait des conneries misogynes comme tout bon chef de secte, Jim Yod a à tout le moins eu la décence de ne jamais tuer personne, hormis lui-même : il est mort après s’être lancé dans le vide en deltaplane du haut d’une falaise, sans jamais en avoir utilisé un auparavant.
1. L Ron Hubbard
Le chef de secte qui a connu le plus grand succès dans l’histoire récente est L Ron Hubbard, aussi auteur de romans de science-fiction et aspirant musicien. Il avait un peu le rôle d’un Kanye West qui supervise divers projets musicaux, collaborant souvent avec de très grands musiciens à des créations parfois très étranges, mais aussi très intéressantes. L’un des premiers, The Apollo Stars, a enregistré un excellent album de free jazz, Power of Source. Bien que des musiciens qui y ont participé s’en sont plus tard dits embarrassés, c’est un assez bon album, compte tenu de l’époque à laquelle il a été enregistré. À l’arrière de l’album, une photo montre L Ron Hubbard à la console, voulant désespérément être vu comme le capitaine du projet. Mais son plus grand accomplissement musical est un album paru en 1982, Space, une bande originale accompagnant son roman Battlefield Earth. En plus de L Ron Hubbard lui-même, des musiciens célèbres comme Gayle Morgan, Chick Corea, Stanley Clarke et Nicky Hopkins y ont participé. On y entend entre autres l’un des premiers synthétiseurs échantillonneurs Fairlight CMI, lancé sur le marché en 1979 à un prix d’environ 50 000 dollars. Écoutez le Fairlight dans l’incompréhensiblement étrange pièce numéro un de notre palmarès de la musique de chefs de secte, Windsplitter.