C’est bien connu, l’été, tout le monde est beau. 12 % de bronzage apparent, 27 % de perfectionnisme inexistant, 32 % de consommation déraisonnable de pastis – quand vous ajoutez à cela des statistiques (véridiques, celles-là) selon lesquelles trois couples sur cinq se séparent pendant l’été, vous aboutissez à une réalité crue : vous avez sans doute effectué votre retour sur le marché du sexe débridé il y a peu. Selon un sondage cité par France 2 dans le cadre de la réalisation d’un reportage estival dont la chaîne publique a le secret, la moitié des Français affirment avoir vécu une histoire d’amour alors qu’ils étaient en vacances. Pour 68 % des aventuriers de la luxure, la première histoire estivale a eu lieu en plein cœur de la chaleur moite d’un camping – ce qui est, 1/, assez triste, 2/, très français.
Pourtant, l’amour en été demeure une pratique risquée en matière de MST, IVG et cœur brisé. Comme le précise avec une justesse toute journalistique l’inénarrable site auféminin : « Méfiez-vous de votre désir. » Pourquoi ? Parce que « la nature cherche à vous faire faire des enfants et elle sait s’y prendre (sic). » De façon plus positive, la France restant l’une des premières destinations touristiques mondiales – avec 85 millions de visiteurs en 2015 – il semble toujours possible de trouver son bonheur et de faire le tri parmi l’océan d’herpès, de sans-cœur et de préservatifs troués à l’aiguille qui pullulent sur les côtes hexagonales.
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Mais que se passe-t-il après, à la fin des vacances, quand les étrangers ont déserté les plages ? Entre histoires glauques, récits vaudevillesques et romans à l’eau de rose, on a demandé à plusieurs personnes de nous raconter leur amour de vacances le plus marquant.
Jennifer, Buenos Aires, 24 ans
« À l’époque, j’étais en troisième. Je passais mes vacances à Hossegor, dans les Landes – je les passe toujours, d’ailleurs. C’était le 15 août. J’avais 14 ans, je tournais à la Smirnoff Ice, je portais des sweats à capuche et des spring court. Cette année-là, après le feu d’artifice, mes amies et moi sommes rentrées dans un bar. Là, j’ai vu ce mec habillé comme un surfeur du coin, avec un joli sourire. Il avait 19 ans – évidemment, je lui ai dit que j’en avais 17. On a commencé à danser. Je me souviens encore que « Last Night a D.J. Saved My Life » passait quand je l’ai embrassé. Il m’a proposé d’aller sur la plage. Du haut de mes 14 berges, je pensais que c’était le summum du romantisme, jusqu’à ce que je comprenne qu’il n’avait pas vraiment prévu de regarder les étoiles. Une pote me cherchait pour rentrer parce qu’on avait un couvre-feu à respecter, ce qui a mis un terme à ce moment. On s’est échangé nos numéros, mais on n’a pas réussi à se revoir cet été-là. Il a hérité du surnom de « 15 août » et a disparu dans les limbes de ma mémoire.
Trois ans plus tard, le week-end du 15 août, alors que j’étais en terminale, j’étais de nouveau à Hossegor avec des potes. Un soir, un mec m’a abordée. On s’est mis à discuter et, au bout de 10 minutes, on a compris que l’on se connaissait. On s’est dit que c’était le destin, ce genre de conneries. Il était avec sa copine mais désirait me revoir la semaine suivante. Je me disais que c’était trop romantique, mais il a disparu. Quelques messages et puis plus rien. Aux oubliettes, de nouveau.
L’histoire n’est pas finie. Trois ans plus tard, le 15 août, je me retrouve dans le même bar. Il est là. Nos regards se croisent, on se parle un peu et je rentre avec lui. Après ça, je l’ai revu plusieurs fois avant la fin de l’été. J’ai appris à le connaître : c’était un mec hyper lourdingue au lit, toujours à insister même quand je lui disais non. Il m’a parlé douze fois de l’éventualité d’un plan à trois avec l’une de mes copines. À la fin de l’été, il est retourné dans les limbes, pour de bon cette fois-ci. »
Axelle, Paris, 35 ans
« Ma mère possède une maison de vacances dans le Lot. Quand je me suis retrouvée célibataire en 2013, je suis partie passer un été là-bas, alors que ça faisait des années que j’avais délaissé ce lieu – mon ex n’aimait pas la campagne, en fait. Lors de cet été, ma mère me parlait souvent de son voisin éleveur, sans que j’y prête vraiment attention au début. Un jour, en revenant d’une balade, j’ai croisé ce fameux voisin entouré de ses chiens et de ses brebis. On a échangé un sourire et il m’a invitée à la fête du village. Là-bas, c’est l’évènement de l’année. J’avais l’impression d’avoir 15 ans.
On a passé la soirée ensemble, tout le monde nous regardait. J’ai fini la nuit chez lui, et j’ai passé mes vacances en sa compagnie. Soudainement, je participais à toutes les activités de la ferme. À la fin des vacances d’été, j’ai dû rentrer à Paris pour retrouver mon boulot. J’ai pleuré tout le long de la route, sur 550 kilomètres. Au bout de trois semaines, je suis repartie. Je lui ai dit que je l’aimais. C’était il y a trois ans. J’habite toujours à Paris pour mon travail et ma fille, mais nous nous voyons tous les week-ends et pendant les vacances ! »
Marin, Paris, 26 ans
« C’était le 19 août 2014, à Six-Fours-les-Plages. C’était une fin de soirée classique, dans une boîte portant le doux nom de « Coquelicot » – un endroit où l’on danse la chenille sur du Patrick Sébastien, pour résumer. J’ai repéré une fille qui était seule sur la terrasse – ses amies s’étaient embrouillées pour une raison inconnue. Je me suis lancé et on a fini par s’embrasser un peu plus tard sur la plage. Après l’avoir quittée, je me suis rendu compte que j’avais fait n’importe quoi en notant son numéro. J’avais oublié plusieurs chiffres ! J’ai quand même tenté le coup. J’ai attendu son SMS toute la journée – j’avais l’impression d’être un gosse. Heureusement, je l’ai reçu ce message !
Comme je suis cuisinier au sein de la Marine Nationale, j’en ai profité pour l’inviter elle et ses amies à déjeuner le lendemain. Malheureusement, trois jours après, c’était la fin des vacances : elle débutait son internat en médecine à Marseille et moi ma formation à l’école militaire de Querqueville. Pendant plusieurs mois, j’ai gardé contact, mais la distance et le manque de visibilité sur ma prochaine affectation ont fait que nous ne pouvions pas nous engager. Et puis, six mois après, j’ai débarqué à Paris. Désormais, ça fait plus d’un an que je voyage entre Paris et Marseille pour la rejoindre ! »
Cécile, Bordeaux, 49 ans
« Quand j’étais jeune, je passais tous mes étés dans une maison de vacances située en Charente-Maritime. Cet été-là, j’avais 17 ans. Un soir, dans une boîte de nuit locale, j’ai rencontré un mec de 20 ans, beau, sympa. On est sorti ensemble et on a passé de très bonnes vacances. À la fin de l’été, on s’est dit au revoir : il habitait Paris et moi Bordeaux.
Le premier samedi après mon retour en ville, j’ai reçu un appel : c’était lui ! Il me demandait si j’étais disponible le jour même. Il était à Bordeaux ! J’étais flattée plus qu’amoureuse mais j’étais tout de même super contente de le voir. Et puis, le samedi suivant, rebelote. Celui d’après aussi. Il se trouve que son père était pilote chez Air France et qu’il ne payait donc pas l’avion. Il était là tous les week-ends et il devenait impossible de passer du temps avec mes amies. Il m’a fallu mentir. Au bout de deux après-midi à Bordeaux pour rien, il s’est lassé et je n’ai plus jamais eu de nouvelles ! »
Susi, Paris, 23 ans
« Un été, le fils d’un collègue de ma mère m’a invitée aux fêtes de Tyrosse, dans les Landes. Mes parents m’accompagnaient, vu qu’ils étaient également invités. L’ambiance était festive, tout allait bien, d’autant plus que le mec était mignon et drôle. J’ai rapidement compris qu’il allait se passer quelque chose entre nous.
Le deuxième soir, mes parents n’étaient plus là. On a passé la soirée tous les deux. On s’amusait bien jusqu’à ce qu’une bagarre éclate un peu plus loin. Pour éviter le mouvement de foule, on s’est réfugié derrière un buisson. Il se trouve que l’endroit était super romantique. Il y avait une petite marre avec des canards, on voyait les étoiles. Une chose en entraînant une autre, je lui ai enlevé son pantalon et là, déception. Un truc d’enfant. Un auriculaire entre les jambes. Il fallait fuir.
J’ai pensé à un million d’excuses. Tout allait très vite. J’ai dit sans réfléchir : « La bagarre est finie, il n’y a plus de bruit, ça sert à rien qu’on aille plus loin, pas vrai ? » Je lui ai remonté sa braguette et lui ai proposé de lui offrir une bière. Il l’a mal pris, m’a abandonnée sur place et j’ai dû appeler ma mère pour qu’elle vienne me chercher. Il a su que je le surnommais « Stabilo » auprès de mes potes. De son côté, il m’appelait « la Salope ». Nous étions quittes. »
Sharon, Lille, 23 ans
« C’était l’été dernier. J’étais célibataire depuis six mois et je m’ennuyais ferme à Paris. Je travaillais à mi-temps, il faisait chaud, je passais tout mon temps sur Tinder. J’avais déjà fait quelques rencontres quand j’ai commencé à discuter avec ce jeune homme. On a fini par fixer un rendez-vous : on s’est fait un ciné avant de prendre un verre. La suite est allée très vite. En deux semaines, notre couple était officiel.
À la rentrée, je déménageais à Lille, mais on a décidé de rester ensemble malgré tout. Un an plus tard, on est toujours ensemble. Je suis enceinte de sept mois et c’est toujours l’amour fou ! »
Julie, Paris, 25 ans
« C’était un mois de juillet à Barcelone. J’étais venue voir une copine en stage sur place. Elle m’a présentée à un pote à elle, qui était un type sympa mais pas vraiment attirant à mes yeux. On a pris la direction d’une boîte et, ce soir-là, j’ai beaucoup trop bu. Assez vite, je ne tenais plus debout. À chaque fois que je me vautrais, je changeais de salle pour m’éviter trop de honte. Ce mec était là en permanence, il me suivait partout. J’ai fini par vomir dans un coin avant de me jeter sur lui comme s’il était Brad Pitt – il ne l’était pas.
Je l’ai raccompagné et on a couché ensemble dans toutes les pièces de l’appartement, sur le balcon et sur la balançoire pour enfants située en bas, dans le jardin de l’immeuble. Le lendemain, je me suis réveillée en regrettant chaque minute de la veille. Lui m’a avoué qu’il avait adoré la soirée. »
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