Livres Et Dvd


BERLIN CALLING
Photos : Alex Flash
Éd. Drago


Berlin est l’incarnation du purgatoire sur terre. Le seul truc agréable dans cet immense terrain vague arty, ce sont les petits déjeuners avec plein de trucs sucrés et plein de trucs salés. Le reste m’ennuie. Je n’aime pas trop boire de la bière dans des canapés de récupération entouré de semi chômeurs en haillons qui sont tous graphistes et artistes-peintres et journalistes et DJ’s. Je n’aime pas non plus les super-clubs, la techno minimale et ce livre qui ressemble à du Terry Richardson de la première à la quatrième de couverture. Il fut un temps où tout ce qui touchait de près ou de loin à la drogue, au skateboard et aux skateurs drogués pouvait sembler intéressant, mais les années quatre-vingt-dix sont révolues et il n’y a aucune raison de les regretter. La seule bonne photo de ce livre représente un groupe de danseurs bavarois en tenue folklorique suspendus dans les airs en plein mouvement, voilà l’Allemagne que j’aime, immuable et joviale.

MATTHIAS BERENHOLTZ




EXPOSER
Mary Ellen Mark
Éd. Phaidon

Si je tombais sur ce bouquin dans la librairie du Palais de Tokyo, mon premier réflexe serait de m’en détourner. La couverture dit : « seulement pour amateur d’art contemporain en costume gris et lunettes géométriques ». Mais en vrai, c’est un super livre à avoir dans sa bibliothèque, parce que de un, le travail de Mary Ellen Mark est vraiment hyper bien, hyper fort et tout (voir notre dernier numéro photo, consultable sur viceland.com) et que de deux, ce livre est une compilation de ses photos les plus connues. Un best of en fait. Et comme avec tout best of, on en ressort avec le même sentiment : content d’avoir découvert quelque chose et frustré de ne pas en savoir plus. Alors en effet, je m’étais trompé sur les destinataires du livre. Exposer, c’est plutôt pour les béotiens de la photo qui veulent essayer de se la jouer cultivée devant les filles, un verre de vin dans la main droite et un Profil Bac dans l’autre. Mais le coup de l’intellectuel de gauche, ça marche plus depuis la dernière décennie.

PIPPI LÅNGSTRUMP



COMMENTAIRE
Revue trimestrielle
www.commentaire.fr


Je sais pas pour vous mais je suis toujours hyper déçu par les grands débats d’idées publiés dans la grande presse française, je ne remercierai donc jamais assez mon père de m’avoir fait découvrir la revue Commentaire. Ce truc est fou (mais je tombe un peu des nues là, vu que ce trimestriel centriste a quand même été fondé par Raymond Aron en 1978). Imaginez une belle maquette claire et sobre, et dedans des textes abordant les sujets géo-éco-socio-politiques les plus fascinants qui soient, traités de la façon la plus claire, documentée et pédagogique du monde par les plus grands spécialistes de l’univers. Ça donne, au hasard de leurs deux derniers numéros : une analyse du système scolaire américain par Marc Fumaroli, un texte optimiste sur la situation en Israël par un Monsieur dont j’ai oublié le nom et qui m’a permis de m’extraire deux secondes du point de vue jfkhano-finkelkrautien, et les 15 pages les plus flippantes que j’aie jamais lues sur Poutine. Merci Papa.

VINCENT TRISTE



GONZO
Hunter S. Thompson 
Éd. Ammo


Pourriez-vous s’il vous plaît arrêter de nous envoyer des propositions d’articles gonzo, genre « je veux aller à la Garden Party de l’Élysée sous MDMA », ou « j’ai infiltré les fêtes de Bayonne déguisé en vachette ». Parce que ce mot-là, gonzo, ne veut pas dire grand-chose, en fait. C’était juste le surnom d’Hunter S. Thompson, qui n’était pas génial parce qu’il prenait des drogues (ça tout le monde sait le faire) mais parce qu’il savait se mettre dans des situations complètement folles et qu’il avait une vraie voix d’auteur pour les raconter ensuite. Ça s’appelle tout simplement du bon journalisme à la première personne. Évidemment, ce qui compte chez Thompson, ce sont ses textes. C’est pour cela que j’étais un peu déçu en ouvrant ce bouquin qui n’en contient presque aucun, hormis quelques lettres et citations. Disons qu’il s’agit juste d’un beau livre de photos à poser sur une table basse, mais ça va, parce que ces photos permettent d’oublier un peu les grimaces de Johnny Depp dans Las Vegas Parano(Bill Murray était plus marrant dans Where the Buffalo Roam). 

MATT BLOQ