C’est tout un revers dans le dossier de TransCanada. On annonce l’annulation du projet de pipeline de 4500 kilomètres, qui devait acheminer du quotidiennement 1,1 million de barils de pétrole des sables bitumineux de l’Alberta jusqu’au Nouveau-Brunswick, en traversant le Québec.
Sans trop d’explications, l’entreprise a expliqué par voie de communiqué qu’« [à] la suite d’une analyse approfondie des nouvelles exigences, nous informerons l’Office national de l’énergie [ONE] que nous ne poursuivrons pas les démarches relatives à nos demandes pour les Projets Énergie Est et du Réseau Principal Est. »
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Parmi ces « nouvelles exigences » de l’ONE, il était question d’évaluer la quantité de gaz à effets de serre (GES) reliés à la production et de la consommation du pétrole des sables bitumineux, et non plus que ceux reliés à la construction du pipeline. Cela aurait eu pour effet d’alourdir considérablement le bilan environnemental d’Énergie Est.
Le ministre canadien des Ressources naturelles, Jim Carr, a indiqué que l’abandon du projet était une « décision d’affaires ». Il a rappelé que le « gouvernement a approuvé deux grands projets de pipelines d’exportation, actuellement en chantier, et un troisième qui devrait commencer sous peu. »
Le projet de prolongement du pipeline Trans Mountain, qui reliera l’Alberta à Burnaby, en Colombie-Britannique, ainsi que celui de la canalisation 3 d’Enbridge, de l’Alberta jusqu’au Wisconsin, ont tous deux reçu le feu vert du gouvernement Trudeau l’an dernier. Ce dernier a d’ailleurs été lancé en août.
La présidence de Trump amène également un changement de ton du côté sud de la frontière, ce qui augure bien pour la construction du pipeline Keystone XL, qui relierait l’Alberta au Texas. Le président américain a approuvé le projet en mars dernier.
Opposition à Énergie Est
Le dossier a causé beaucoup de remous dans les quatre dernières années. Le projet d’oléoduc avait été annoncé le 1er août 2013, quelques semaines après que le déraillement du train rempli de pétrole eut fait 47 morts à Lac-Mégantic.
Les militants environnementaux se sont vertement opposés au projet, de même que nombre de municipalités et de communautés autochtones.
Des inquiétudes avaient été exprimées au sujet de la préservation des sources d’eau potable – quelque 860 cours d’eau se seraient vus traversés par le gigantesque pipeline, et ce, au Québec seulement.
Greenpeace a d’ailleurs réagi à la nouvelle, assurant qu’il « s’agit d’une incroyable victoire pour tous les citoyens, les environnementalistes, les municipalités, les propriétaires fonciers, les syndicats, les Premières Nations et tous ceux et celles qui ont prouvé qu’il n’y avait pas d’acceptabilité sociale pour ce projet. »
L’organisme a réitéré son opposition aux autres projets de pipelines mentionnés ci-haut, «qui sont incompatibles avec la lutte contre les changements climatiques ainsi que le respect des droits des autochtones et les investisseurs devraient en prendre bonne note. »
Depuis le début du projet Énergie Est, TransCanada essayait de faire valoir les avantages économiques du projet, avec notamment la création de 120 emplois au Québec.
On comptait initialement construire un autre terminal pétrolier à Cacouna, au Québec, ce qui a été abandonné après des pressions constantes de la part des écologistes, qui militaient pour la préservation de l’écosystème des bélugas.