Société

Louis Sarkozy : « prendre de la cocaïne chez soi ne fait de mal à personne »

Quand on est le fils d’un ancien président de la République, la moindre prise de parole fait des vagues. Et quand on s’appelle Louis Sarkozy et que l’on défend la légalisation de toutes les drogues alors le paternel en question n’est pas connu pour son progressisme en la matière, ça vire au tsunami médiatique.

Le 9 février dernier, « Sarko Junior » a donc pris la plume pour un site conservateur américain, le Washington Examiner, affirmant que la criminalisation des drogues était nocive pour nos sociétés. Reprenant des arguments à tendance libérale, bien connus des pro-légalisation, le plus jeune fils de Nicolas Sarkozy pointait les échecs de la guerre contre les drogues menée aux États-Unis et proposait de prendre exemple sur le Portugal, qui a dépénalisé toutes les drogues en 2001.

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Alors on a passé un coup de fil à l’étudiant new-yorkais pour savoir où il avait forgé ses convictions et comment se passaient les diners de famille chez les Sarko. Le futur citoyen américain nous a répondu très chaleureusement – et (parfois) en franglais.

VICE : Pourquoi avez-vous décidé de prendre la plume pour défendre la légalisation des drogues ?
Louis Sarkozy : Le débat est encore tabou en France, mais il gagne du terrain aux États-Unis, où trois États [Ndlr, en réalité huit États et le District of Columbia] ont légalisé la marijuana à usage récréatif. Ce débat, c’est aussi des chiffres : 50 milliards de dollars dépensés chaque année pour la guerre contre les drogues, entre 50 000 et 70 000 overdoses par an, et 1,5 million d’arrestations dont la majorité pour possession. Il convient de se poser des questions. De plus, j’entame les procédures pour devenir Américain. Je vais donc devoir payer mes impôts ici, et comme tout bon citoyen, j’aimerais savoir où mes impôts vont aller. Quand on voit les sommes exorbitantes qui sont dépensées en vain dans cette lutte, ce qui est assez absurde, on ne peut s’empêcher de poser des questions.

Quels retours avez-vous eus suite à la publication de votre tribune ?
Ça a explosé en France alors que je ne m’y attendais absolument pas. En l’espace d’une nuit, il y a eu une cinquantaine d’articles, dont certains qui disaient « Louis Sarkozy s’oppose publiquement à son père » ou « Louis Sarkozy appelle à la légalisation des drogues », comme si je rassemblais mon parti. Mais la majorité des retours ont été plutôt positifs. Les détracteurs étaient surtout des gens qui pensaient que je n’avais pas de légitimité pour aborder ce sujet, que ça ne me regardait pas.

Quelles ont été les réactions dans votre entourage ?
J’ai reçu le soutien inconditionnel de ma mère, comme toujours d’ailleurs. Certains de mes amis m’ont dit que le sujet était un peu trop sensible. Mais c’est justement parce que c’est un sujet sensible qu’il faut en parler.

Vous fumez ?
Non, mais j’ai déjà essayé, c’est comme un rite de passage pour la jeunesse américaine. Je pense que le vrai danger du cannabis, c’est de fumer et rester sur son canapé toute la journée. Je m’en méfie dans ce cadre-là. En cas de légalisation, il faudrait que les gens soient responsables, comme l’alcool. Les statistiques de l’alcoolisme sont désastreuses, on boit littéralement du poison, qui détruit notre foie. Pourtant il y a comme une impossibilité que cela soit traité de la même façon dans le débat public. Le gouvernement doit persécuter le behaviour du citoyen. Ta liberté en tant qu’individu s’arrête au moment où celle d’un autre commence. Quand tu prends la voiture intoxiqué par un verre de whisky ou un joint, tu mets en danger la liberté des autres. Mais si tu es seul chez toi et que tu prends de la cocaïne ou de la méthamphétamine tu ne fais de mal à personne. C’est un peu plus controversé de le dire, mais c’est ce que je pense.

Est-ce que la France devrait prendre exemple sur les États-Unis et aller vers une légalisation ?
Je pense que l’exemple à suivre est surtout celui du Portugal, qui a choisi de dépénaliser les drogues. Cela ne s’est pas fait en deux jours, ça remonte à 2001. En revanche, on peut en effet prendre exemple sur les États-Unis pour le débat, le libre-échange et la conversation, ce qui manque en France.

Comment expliquez-vous ce blocage ?
Je pense qu’en France, il existe une diabolisation dans la sphère publique des gens qui ont des opinions hors-norme. Si on arrive dans un café en France, et qu’on dit qu’on est pour la légalisation totale de toutes les drogues, on nous rira au nez. Alors qu’aux États-Unis, on a tendance à d’abord évaluer les arguments.

Savez-vous sur quoi va porter votre prochaine tribune ?
Oui, j’ai un coach qui m’aide, parce que j’ai du mal à être clair parfois. Le prochain sujet sera sur l’affirmative action, cette loi qui fait qu’un étudiant noir à l’université a des tests moins élevés qu’un étudiant asiatique par exemple pour assurer un pluralisme d’ethnicité et de pigmentation de peau dans les universités. Je veux écrire là-dessus, ce qui aura aussi sûrement des retours controversés.

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