Le fait d’être coincée dans la même pièce, avec les mêmes plans (comprenez aucun) pendant le confinement m’a fait rêver à toutes les choses que j’aurais pu faire et à tous les endroits que j’aurais pu voir cette année. Je trouve particulièrement difficile de pardonner cette « force majeure » qui m’a privée de mon séjour en famille au Sri Lanka. J’en garde un souvenir particulièrement amer, la procédure de remboursement du billet étant encore en cours.
Un jour, alors que je suis assise près d’une minuscule table de cuisine et que je bois ma sixième tasse de thé blanc dans mon appartement de Bangkok, je ressens soudain le besoin pressant de trouver un vortex magique qui m’emmènerait ailleurs. Stimulée par l’univers flexible de Google Earth et munie de mon dossier informatique « Expédition Sri Lanka » non ouvert depuis avril, je décide de faire certaines des visites que j’avais prévues et je demande à ma famille de se joindre à moi. Virtuellement, j’entends bien.
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En un clic, je me retrouve au milieu de l’aéroport Bandaranaike de Colombo avec mon copain, ma mère et mon père. L’aéroport ressemble au bord d’un harmonica vu d’en haut. Nous voulions faire la balade côtière à Galle, site du patrimoine mondial de l’Unesco, mais je modifie nos plans pour voir si le Sri Lanka ressemble vraiment à une larme de l’Inde. Je compare également la densité des routes au nord et au sud et je découvre la minuscule Sober Island, près de la ville de Tricomalee, et naturellement, je rigole toute seule en espérant qu’ils y vendent de l’alcool.
Après ce détour, nous arrivons enfin à Galle. Je décide de nous emmener faire une promenade historique dans les rues étonnamment spacieuses de la petite ville ancienne. Près du phare emblématique, nous passons devant les vendeurs de nourriture de rue. Je salive devant les parippu vada (beignets de crevettes et de lentilles) et les pani kaju au miel de kithul et aux noix de cajou, alors j’en commande pour que nous puissions en partager, ou du moins je fais semblant. J’adore le fait que tout le monde se soumette en silence à mes caprices pendant ce voyage.
En quittant Galle pour le sud, nous nous arrêtons à Unawatuna pour déguster le fameux curry maison du restaurant Happy Spice. Nous nous promenons ensuite sur la plage d’Ahangama. Nous regardons les gens bronzer, surfer et observer les baleines sous les rayons du soleil..
Autour du parc national de Yala, nous n’avons pas d’autre choix que de faire du glamping. Le glamping y est proposé avec différents forfaits, y compris des safaris. Vu notre amour pour les chats, nous « optons » pour le combo safari léopard et barbecue. Pour garder les choses sous le même thème, nous « dormons » dans le camping appelé « Leopard Nest ». L’idée de dormir à la cime des arbres me plait. Mais les témoignages du Wild Trails Eco Camp sont également très convaincants, alors je suppose que nous dormons aux deux endroits en même temps. Quelque chose qu’on ne peut faire que dans un voyage imaginaire. Je nous visualise la nuit, rassemblés autour d’un feu de camp crépitant, riant jusqu’à ce que les bruits de la nature ne soient plus si effrayants. Bien sûr, nous sommes tous habillés en kaki.
De là, nous faisons un trajet de deux heures vers le nord jusqu’à la petite ville d’Ella, pour prendre le fameux train bleu. D’abord, nous prenons la photo de famille obligatoire avec la vue du pont aux 9 arches, puis nous montons dans le train. C’est l’un des chemins de fer les plus pittoresques du monde. Le voyage dure normalement trois heures, mais la capacité d’attention de mes parents étant limitée, j’accélère notre voyage et nous nous retrouvons à Nuwara Eliya.
Un petit « faire glisser » sur la carte plus tard et nous arrivons au réservoir de Castlereigh. Nous logeons dans l’un des bungalows du Ceylon Tea Trail et nous prévoyons de visiter les plantations de thé et Adam’s Peak. En explorant Adam’s Peak sous tous les angles, je vois le lever et le coucher du soleil. Pendant la récolte du thé, je perds mes parents dans les champs pendant un certain temps. Je crois qu’ils ont perdu leur connexion.
Nous retournons ensuite dans la capitale, où nous mangeons jusqu’à n’en plus finir. Notre version de La Grande Bouffe commence à Pettah, à la recherche de faloude et de rotis avec ce qui semblait être mille et une farces. Soudain, au cours de notre tournée, il se met à pleuvoir des samoussas. Nous en achetons quelques-uns à la boutique Bombay Sweets, d’autres le long du jardin public Galle Face Green, et d’autres encore à la gare de Colombo-Fort. Chez Nana’s Street Food, en face de l’hôtel Taj Samudra, nous mangeons un kottu, qui me rappelle un peu une panzanella toscane, mais qui ne ressemblait en rien à celle-ci. Bien qu’il y ait déjà trop de nourriture au programme, je commande tous les classiques de chez Upali’s by Nawaloka. Comment se fait-il que je ne sois pas rassasiée ? Ah oui, en réalité, je bois juste un thé froid.
Nous nous séparons, sans les tristes adieux. Nous fermons nos ordinateurs portables et nous nous déconnectons. Il faut voir le bon côté : nous pouvons y retourner demain.
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