Plusieurs responsables de partis politiques proches de l’extrême droite, dont la présidente du Front national (FN), la française Marine Le Pen et le leader du PVV néerlandais Geert Wilders, ont annoncé ce mardi matin, lors d’une conférence de presse, la création d’un nouveau groupe parlementaire au sein du Parlement européen, réunissant les députés de sept partis différents. Ce groupe devrait s’appeler « Europe des Nations et des Libertés ».
Ce groupe sera coprésidé par Marine Le Pen et Marcel de Graaff, député néerlandais du Parti pour la liberté (PVV). La liste des 36 parlementaires européens membres du groupe a été validée par la présidence du Parlement, rapporte un journaliste du Monde. Ces élus sont donc français (FN), néerlandais (PVV), autrichiens (Parti de la liberté, FPO-), italiens (Ligue du Nord), belge (Vlaams Belang), britannique (ex-Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni, UKIP) et polonais (Congrès de la Nouvelle droite, KNP).
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Louis Aliot est un numéro 2 du FN et député européen, membre de ce nouveau groupe. Contacté par VICE News ce mardi après-midi, il se félicite du « plus grand temps de parole que ce groupe va permettre ». Il ajoute que « Désormais, nous pourrons proposer des amendements, ou des présidents de commissions. » Si ce groupe « Europe des Nations et des Libertés » n’a pas encore annoncé de ligne politique précise, Louis Aliot nous annonce que le groupe s’attèlera à la « refonte de l’Euro et des fondements de l’Union européenne ».
C’est grâce à la venue des députés polonais et britannique que ce groupe a pu voir le jour. Pour former un groupe parlementaire au Parlement européen, il faut en effet que ses membres proviennent d’au moins un quart des pays de l’UE, soit sept pays en ce moment. Après les élections européennes de 2014, seulement cinq pays s’étaient entendus pour former une « coordination » de partis. Ces alliés historiques disposaient déjà, en revanche, du nombre de 25 parlementaires nécessaires pour former un groupe au Parlement.
La venue de la nouvelle membre britannique, Janice Atkinson, a été rendue possible grâce à l’exclusion de celle-ci du UKIP, le parti souverainiste de Nigel Farage qui refusait toute alliance avec le FN. Quant aux deux nouveaux députés polonais membres du groupe, Michal Marusik et Stanislaw Zóltek, leur parti — le KNP — a exclu récemment son leader controversé Janusz Korwin-Mikke, connu pour des déclarations révisionnistes ou sexistes.
On note que plusieurs députés européens du FN ne font pas partie de la liste de parlementaires présentée par le groupe au Parlement. Le plus remarqué d’entre eux, c’est Jean-Marie Le Pen, le président d’honneur du FN récemment suspendu, a déclaré ce mardi à l’AFP : « Je n’ai pas été sollicité alors que j’ai été élu avec quatre autres députés sur ma liste. Je ne sais pas jusqu’où va l’opprobre. » La nouvelle députée britannique Janice Atkinson aurait déclaré, selon Euractiv, que « l’exclusion du FN de Jean-Marie Le Pen avait facilité les choses ».
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Ces sept partis disposent maintenant de toutes les prérogatives d’un groupe au Parlement européen. Ils peuvent notamment avoir la garantie de s’exprimer sur tous les sujets abordés en séance plénière, participer à l’ordre du jour, proposer un rapporteur dans chaque commission ou déposer des motions et des amendements sur les textes de lois débattus. Ils peuvent aussi proposer un candidat à la présidence du Parlement et de ses 20 commissions et 2 sous-commissions.
Enfin, le groupe « Europe des Nations et des Libertés » pourra maintenant disposer d’un secrétariat dont le budget est assuré par le Parlement, et donc se voir fournir entre autres des locaux et des assistants. Le site Euractiv avait calculé en 2014 qu’avec 38 députés, cet éventuel groupe de partis pourrait recevoir près de 4,5 millions d’euros supplémentaires par an, soit environ le double de leurs ressources actuelles cumulées.
La ligne politique de ce nouveau groupe n’a pas été explicitée lors de la conférence de presse de ce mardi. « Nous venons de créer le groupe, il faut maintenant nous concerter, » a dit Marine Le Pen. Tous les partis s’opposent en revanche à la politique européenne actuelle. « C’est un jour historique. Nous sommes sept pays unis contre la Commission européenne, » a indiqué Janice Atkinson lors de la conférence de presse.
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Photo via Wikimedia Commons / Treehill