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Crime

La Chine estime que sa nouvelle loi antiterroriste n’est pas pire que celles des pays occidentaux

Les pays occidentaux craignent que la Chine ne se serve de cette nouvelle loi pour renforcer la persécution des dissidents et des minorités. Côté chinois, on estime être victime de l'application d'une politique de deux poids, deux mesures
Un militaire chinois devant un centre commercial de Pékin à Noël.

La Chine a adopté une nouvelle loi antiterroriste controversée, qui pourrait légitimer et aggraver la persécution des dissidents du régime et des minorités religieuses d'après certains critiques.

La loi, adoptée ce dimanche, prévoit la création d'une nouvelle agence antiterroriste, oblige les entreprises spécialisées d'aider au décryptage d'informations, et pourrait permettre aux militaires chinois de mener des opérations contre-terroristes à l'étranger.

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Selon la nouvelle loi, seuls les médias préalablement autorisés pourront évoquer le terrorisme ou les réponses des autorités à cette menace.

Dans les capitales occidentales, cette loi inquiète pas mal de monde, notamment parce qu'elle pourrait constituer une violation de la liberté d'expression. Ce qu'elle prévoit en matière de lutte antiterroriste sur le Web n'est pas non plus du goût de tous. Le président américain, Barack Obama, a fait savoir qu'il avait personnellement évoqué ses inquiétudes auprès de son homologue chinois, Xi Jinping.

Mais le ministre des Affaires étrangères chinois a déclaré ce lundi que la nouvelle loi n'était pas si différente des lois antiterroristes appliquées dans les pays occidentaux.

« Je veux seulement faire remarquer deux choses. La première est que la loi a été faite en fonction du développement de la situation actuelle et des exigences que nous impose la réalité. Ensuite, si vous étudiez de près notre loi, elle n'est pas différente de celles qui sont mises en place dans les pays occidentaux. Je ne crois pas que l'on puisse faire "deux poids, deux mesures" sur ce sujet, » a déclaré Lu Kang, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, lors d'un point presse quotidien tenu à Pékin.

Les autorités chinoises ont déclaré que leur pays devait faire face à une menace grandissante de militants en tout genre et de séparatistes, notamment dans la turbulente région occidentale de Xinjiang, où des centaines de personnes sont mortes à cause de violences au cours des dernières années.

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Les médias officiels font référence à une attaque au couteau de 2014 — attribuée à un groupe issu de la minorité musulmane des Ouïghours de Xinjiang — comme preuve que la nouvelle loi est nécessaire. « Le gouvernement chinois tient à ce que les rigoureuses mesures qu'il prend [à Xinjiang] soient vues comme faisant partie d'un effort "antiterroriste" (comme les mesures prises dans les pays occidentaux) plutôt que comme la preuve de l'oppression d'une minorité ethnique, » écrit Stephan Evans, journaliste de la BBC.

À lire : Dans le « Far West chinois », une minorité musulmane reste sur la touche

Les groupes de défense des droits humains doutent en revanche de l'existence d'un véritable groupe militant uni à Xinjiang et estiment que l'agitation qui y règne est principalement due à la colère des Ouïghours quant aux restrictions qu'on leur impose dans la pratique de leur religion et de leur culture.

La nouvelle loi restreint aussi le droit des médias d'évoquer les détails d'attaques terroristes. Une provision de la loi interdit notamment aux médias et aux médias sociaux de diffuser les détails d'activités terroristes qui pourraient être imitées. Il leur est aussi interdit de diffuser des scènes « cruelles et inhumaines ».

La police chinoise pourra désormais utiliser directement des armes en cas d' « urgence », quand les assaillants ont des pistolets ou des couteaux. La loi antiterroriste permet aussi à l'Armée populaire de libération de s'impliquer dans des opérations contre-terroristes menées à l'étranger — bien que des experts estiment que la Chine pourrait faire face à de gros soucis diplomatiques si elle s'y essaye.

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D'autres articles de la loi légifèrent sur l'accès à l'information et aux télécommunications. Au départ, une provision prévoyait que les entreprises gardent leurs serveurs et les données de leurs utilisateurs en Chine. Cette disposition a été finalement retirée, mais les entreprises de technologie vont tout de même devoir aider les autorités à traiter des informations cryptées — si la police en fait la demande.

Des officiels américains ont estimé que la loi — combinée au projet de refondre la réglementation régissant l'activité des banques et compagnies d'assurances en Chine, auquel s'ajoute une flopée d'enquêtes antitrust — représente une pression judiciaire injuste visant les compagnies étrangères.

La loi de sécurité nationale chinoise adoptée en juillet dernier requiert déjà que tous les principaux réseaux d'infrastructures et les systèmes d'information soient « sécurisés et contrôlables ».

Aujourd'hui, personne ne peut diffuser des informations concernant une attaque terroriste ou la réponse des autorités à cette attaque, à part les médias pré-approuvés, d'après la BBC. La diffusion d'information à propos d'activités terroristes ou le fait d'inventer des histoires sur de faux incidents terroristes est désormais interdit.

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