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Le premier disque de hardcore jamais sorti, « Out of Vogue » de Middle Class, a désormais droit à son clip

Si vous vous êtes déjà retrouvé coincés dans une pièce remplie de nerds du vinyl en train de se prendre la tête pour savoir quel était le premier disque de hardcore américain jamais sorti, le nom des Californiens de Middle Class a sûrement dû revenir plusieurs fois sur le tapis. Leur premier 45 tours, Out of Vogue, sorti en 1979 (Discogs dit même 1978) sur le label Joke Records est considéré comme le disque précurseur de la scène hardcore, aux côtés de Pay to Cum des Bad Brains, de Loud Fast Rules des Stimulators et de Nervous Breakdown de Black Flag. Aujourd’hui, soit 36 ans après sa sortie, des types ont décidé de rendre hommage au groupe (et à son guitariste, Mike Atta, décédé d’un cancer l’année dernière) en tournant leur propre version du clip du morceau éponyme, « Out of Vogue ».

Pour en savoir plus, on a appelé leur chanteur, Jeff Atta, avec qui on a discuté de ce clip « décalé », de la manière dont le hardcore a anéanti la scène punk originelle de L.A. au début des années 80 et de leur album post-punk inconnu, Homeland.

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Noisey : Alors, comment s’est faite cette vidéo de « Out of Vogue » ?
Jeff Atta : Le gars qui l’a réalisé est un pote de Lisa Fancher, la boss de Frontier Records, qui était fan du groupe depuis un paquet d’années. Lui et son pote l’ont fait dans leur coin, sans en parler à personne. On n’était pas du tout au courant avant que Lisa ne m’envoie le lien.

Et vous en pensez quoi ?
Je trouve ça super. Quand Lisa m’a envoyé l’email me disant que des types avaient fait un clip de « Out of Vogue », j’avais un peu peur de cliquer au début. Je me disais que ça allait être un truc bien sombre, morbide où des mecs détruiraients des trucs et slammeraient partout. Donc ça a été une agréable surprise. C’était une bonne idée d’aller dans la direction opposée, plutôt que de faire un truc attendu.

Middle Class était originaire d’Orange County, mais vous avez débarqué dans la scène punk de L.A. avant que le hardcore ne déferle sur toute la région.
Ouais, c’est ça. On était les seuls types à Orange County, parmi un ou deux autres, qui écoutions les Ramones et les Dictators. Plus tard, on a découvert des groupes qui jouaient du côté de Fullerton, The Mechanics et Agent Orange. Peu de temps après, la scène de Huntington Beach a commencé à déferler. Mais on n’en avait aucune idée, on était complètement isolés. On était cernés pas des blancs-becs qui écoutaient Led Zeppelin et Jethro Tull ou des cholos qui étaient branchés par des vieux sons des années 50.

Quand est-ce que la scène de Los Angeles s’est mise à adopter un style plus hardcore ?
La première fois que j’ai remarqué un gros changement c’est lorsqu’on a joué avec les Germs au Fleetwood, la salle de Redondo Beach. Je crois que T.S.O.L étaient également à l’affiche. L’attitude du public dans la salle n’était plus du tout la même. Il y avait des bastons partout. Il y avait une vibe différente, vraiment sinistre. C’était…

Moins fun ?
Ouais ! Et on a remrqué que les filles ne se pointaient plus aux concerts ! Il y avait aussi un élément fashion qui s’était ajouté au délire, on ne se retrouvait plus là-dedans. On a toujours été coincés entre les deux milieux- le hardcore qui débarquait et la scène punk classique d’Hollywood – et on ne pouvait nous ranger dans aucune de ces deux cases.

Donc tu dirais que le hardcore a mis du plomp dans l’aile de la scène punk de l’époque ?
C’était arrivé à un point où chaque fois qu’un club faisait jouer des groupes, un type appelait la police et le concert était annulé. Le Whisky A Go-Go faisait jouer des groupes punk pendant une semaine ou deux, et les chiottes se faisaient tellement défoncer qu’ils ne programmaient plus rien pendant un long moment. Les lieux où jouer se faisaient de plus en plus rare. Quand ça a commencé à devenir de plus en plus hardcore, on s’est mis à jouer autre chose.

Votre orientation plus post-punk sur votre album de 1982, Homeland, était une réponse à cette nouvelle hégémonie hardcore ?
Ouais. Une semaine avant d’aller en studio pour l’enregistrer, on a balancé notre setlist et décidé de réécrire uniquement de nouvelles chansons. On écoutait des groupes comme Wire et Gang of Four et on voulait voir à quel point on pouvait élargir notre gamme.

Tu te souviens de la réception de Homeland à l’époque de sa sortie ?
Eh bien, je me souviens surtout qu’il a mis 6 mois à sortir… Les gars de Pulse Records, le label avec qui on bossait, nous avaient dit qu’ils essayaient de le vendre à des plus gros labels mais finalement ils l’ont sorti eux-mêmes. Pour te dire la vérité, je crois surtout qu’ils nous avaient dit ça pour qu’on leur foute la paix et qu’ils le sortent quand bon leur semblait.

Quand le disque est finalement sorti, en 1982, toute la scène punk s’était scindée en plusieurs catégories. Soit t’étais hardcore, soit t’étais post-punk, soit t’étais psychobilly… Nous, on était plutôt associés à la scène hardcore et c’est pour ça que les gens ont été déconcertés par l’album.

Il y a beaucoup de pourparlers pour savoir quel était le premier disque de hardcore punk américain, entre Pay to Cum de Bad Brains, Nervous Breakdown de Black Flag ou Out of Vogue. Quelle est ton opinion sur ce sujet épineux ?
Ce n’est pas comme si on s’était dit « tiens, si on lançait un nouveau genre de punk rock ! » On était des gosses, notre interprétation du punk rock était simple et rapide ; et ça a donné ce disque. On n’essayait pas d’être différents, de se démarquer de ce que faisaient les autres. Qui sait ? Peut-être que Pay to Cum est sorti quelques jours avant Out of Vogue. Personne n’a gardé de test press daté du vinyl pour affirmer des années plus tard qui était vraiment le premier. Pour nous, le simple fait que notre musique soit reconnue est déjà super !


Vous pouvez vous procurer les disques de Middle Class via Frontier Records.