MEILLEUR ALBUM
JESSICA 93 : Rise (Music Fear Satan/Teenage Menopause)
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Sur Who Cares, son disque précédent, Geoff Laporte – le type derrière Jessica 93 – donnait l’impression d’être loin, très loin, vous commenciez à l’écouter qu’il était déjà à des millions de kilomètres, filant à toute vitesse dans un RER volant traînant derrière lui les interminables boucles de ses morceaux complètement fous. Sur ce nouvel album, c’est comme s’il était arrivé à un point bien précis en haute altitude et qu’il s’était arrêté pour se laisser flotter au cœur de la brume et invoquer une puissance d’outre-monde représentée par des divinités mécaniques bardées de chrome. Faites-vous à cette idée : vous n’entendrez pas de meilleur disque cette année.
LE LAIT ET L’EAU QUE J’AI MIS LÀ, SISTA
PIRE ALBUM
PRIMUS : Primus & the chocolate factory with the fungi ensemble (ATO)
Ce nom. Ces chapeaux. Cette voix nasillarde. Ces lignes de basse qui sonnent comme des bâtonnets de bois qu’un enfant ferait tomber dans une cage d’escalier encore et encore et encore. Ces lunettes. Ces chansons qui parlent de fromage. Cet univers animalier. Ces personnages fantasques. Ces astronautes. Cette idée de reprendre la B.O. de Charlie et la Chocolaterie en version jam-fusion. Cette typo « cirque ». Tout est là. Primus, j’écris ton nom. En lettres de feu. Dans la nuit sans lune d’une petite ville du Minnesota. Avec un sandwich au thon et une bouteille de sirop pour la toux pour seule compagnie.
MAMA SCHÜTZ
MEILLEURE POCHETTE
FOREVER PAVOT : Rhapsode (Born Bad)
La pop, la flûte, les types à cheveux longs et moustache en pull tricoté, merci, j’ai soupé, je chronique des disques et je vis en France. Sauf que voilà, si je continue à chroniquer des disques et à vivre en France, c’est à cause de disques comme le premier album de Forever Pavot, qui, bien qu’il soit bourré de pop à flûtes et de types à cheveux longs et moustache en pull tricoté, est une merveille absolue, trait d’union entre les après-midi d’hiver passées devant des rediffusions de westerns transalpins sous le premier mandat de Mitterrand, et les nuits noyées dans un sous-sol des faubourgs à se faire avoiner par des groupes cherchant la clé de leur existence dans une guitare sous le mandat de Sarkozy.
LOUBNA JAMIE BASTONGA
PIRE POCHETTE
LENNY KRAVITZ : Strut (Roxie)
Donc j’ai pas réussi à choper l’album parce que le lien Rapidgator était mort, mais hier, j’ai entendu le single au Monoprix en allant chercher une salade, et contre toute attente, ce morceau m’a paru OK. Bon après j’étais au Monoprix et j’étais en train d’acheter une salade Bonduelle, ce qui peut donner un indice sur mon état d’esprit à ce moment-là et sur celui qu’il vous faudra pour trouver cet album réglo, mais bon, merci Lenny, t’as rendu ma salade poulet-pâtes-crudités un peu moins triste.
SHEGUEY VARA
YUNG LEAN
Unknown Memory
Self-Released
Ce que les journalistes sérieux oublient de dire sur la révolution numérique et ses conséquences IRL, c’est qu’elle a permis à des nerds suédois de devenir des Project Pat de proximité pour un public composé de 4 000 users Soundcloud. Le résultat est positivement bizarre, on a l’impression de regarder Terminator et un documentaire sur la confection d’armes blanches en Papouasie-Nouvelle-Guinée en même temps et au ralenti, mais force est de reconnaître que c’est exactement l’idée que j’aurais eue si jamais j’avais comme eux passé 87 % de ma vie sur internet.
JIMMY MORE HELL
CHRIS BROWN
RCA
Une sorte de loser qui frappe sa meuf et chante sur les morceaux que Skrillex refuse de sortir.
KELLY SLAUGHTER
CHILDISH GAMBINO
SNT MTN/Kauai Mixtape
Gangsta Grillz
Mixtape OK pour un mec dont le boulot à l’origine était d’écrire des vannes pour NBC. Semble déclencher crises d’hystérie multiples – quoique de qualité variable – de la part de la frange la plus middleground des auditeurs de rap/R&B français. Prod de Zaytoven sur un morceau. Aucun comportement insatisfaisant à signaler. Globalement chiant.
NOTES RETROUVÉES DANS LA POCHE AVANT DE L’IMPERMÉABLE D’UN HAUT ÉMISSAIRE DE LA STASI
NEHRUVIANDOOM
MF Doom et un indie-rappeur random sortent un album ensemble, ce qui en fait d’office l’info la moins partagée sur Facebook de l’année 2014, quoique le truc soit plutôt réussi pour du rap qui ressemble à du rap. Formellement, n’essayez pas non plus d’échapper aux routines de Doom, à savoir les superhéros Marvel, les samples tirés de vinyles de library-music côtés à 600 euros sur Discogs, les passages tirés de films d’anticipation que personne n’a vus et un taux de fun avoisinant les 3 % par morceau. Le mec campe sur ses positions depuis 1992 et il est sans doute plus âgé que vos propres parents. Il n’en a rien à foutre, et il n’a même plus envie de vous le faire savoir.
FRIEDRICH SNITCH
TINASHE
Aquarius
RCA
Quand Tinashe a entamé sa carrière solo avec son morceau « 2 On », j’ai cru naïvement assister aux prémices de l’avènement de l’ambassadrice que le monde entier attendait depuis le terrible accident d’avion d’Aaliyah. Pas tout à fait finalement, et c’est peut-être la déception la plus amère que la sphère R&B ait eue à supporter depuis que les deux membres restants de TLC ont annoncé que leur retour se ferait au travers d’une série de concerts holographiques. J’octroie quand même un sourire timide à ce disque, parce qu’il contient au moins deux futurs tubes planétaires qui intégreront très certainement la bande-son de toutes les soirées impliquant de l’alcool à bulles dans les trois années à venir.
DJ MUSTARD PIMP
V/A
Vidal Benjamin Presents : Disco Sympathie
Versatile
Au-delà de ses immenses qualités musicales (instrus disco/funk très pro mais de seconde main donc trop bien, paroles comme des slogans de pubs pour des yoyos, personnalités vocales entre le vendeur de chez Liberto et sa cible qui lui sert des milk-shakes dans un bar tout nouveau vers Montparnasse), un des trucs les plus intéressants de cette anthologie c’est qu’elle présente mieux que la plupart des films français de cette époque un vrai document audio sur les voix et les styles de langage des gens du début des années 1980 en France. On a donc du play-boy frisé qui parle avec des petites inflexions ricaines, de l’animateur radio passé pour l’occase « rappeur » pas très à l’aise – mais qui lui, est vraiment un peu ricain –, y a de la meuf à voix de pimbêche polie qui a l’air hyper énervée que son « ourlet » soit « fichu », plus plein d’enfants, amateurs de boums, dont j’ai encore aujourd’hui trop envie d’être le pote.
KHALED CALCUL
APHEX TWIN
Syro
Warp
Un disque très baie vitrée pour moi, même s’il « n’a pas convaincu tout le monde » et franchement qu’est-ce que ça peut me foutre, c’est comme le dernier Autechre, ce sont les seuls mecs ou presque qui font des disques aussi forts et émouvants que ceux qu’ils sortaient quand on les a découverts il y a vingt ans et même si je me fous tout autant de la loyauté que les gens sont censés devoir aux artistes qu’ils kiffent, je me dis que ceux qui se plaignent du soi-disant « manque de renouvellement créatif d’Aphex » et qui ne sont pas sensibles à la beauté de cet album, à sa compassion incroyable, à son aspiration esthético-politique à faire émerger une communauté émotionnelle réelle même si elle ne se réunira jamais pour se faire des « bouffes », devraient être condamnés à vivre prisonniers de leurs cœurs secs et leurs âmes pétrifiées.
MITE THE UNEXPECTED
CARIBOU
Our Love
Merge
J’ai décidé de ne plus jamais aller en club de ma vie, du coup je ne sais pas si je suis super bien placé pour juger de la musique électronique. Je veux dire, cet album est sûrement bien, ou pas, j’en sais rien, laissez-moi, je veux juste passer le reste de ma vie à liker des posts sur le groupe « Philippe Muray aurait adoré » et rejouer les blagues que fait Jean-Pierre Marielle dans ses films plutôt que de participer au monde moderne.
KENNY LOG IN
KINDNESS
Otherness
Female Energy
Il y a une minute et demie super belle au début du troisième morceau qui m’a rendu profondément mélancolique en regardant par la baie vitrée que j’ai la chance d’avoir juste à côté de moi sur mon lieu de travail : un genre de piano aigrelet avec un groove deep sourd et des cordes synthés lointaines, plus la voix de Kindness qui sait quand elle veut faire des trucs simples et empruntés à la fois, et qui chante qu’il reviendra même si son amour a oublié son nom, et rien qu’en écrivant ça, j’ai les larmes qui remontent, c’est la ruse des émotions, on connaît ça. Le reste est soit trop emprunté, soit sonne comme une sorte de répétition surproduite, soit s’égare dans des zones confuses quoique clairsemées, soit les trois en même temps
SAMY, ASSEZ RI !
JESSIE WARE
Tough Love
Island
Jessie Ware va bientôt se marier, et à en croire son communiqué de presse, cet album est en quelque sorte l’équivalent musical de son enterrement de vie de jeune fille – ce qui signifie donc un adieu au célibat, mais dépourvu de distribution publique de préservatifs, de cocktails sucrés et de cours particuliers d’effeuillage. Mais après une première écoute de Tough Love, je me dis qu’elle aurait tout aussi bien pu endosser un costume d’écolière friponne et arpenter les rues de Londres en compagnie de ses copines hilares – ça m’aurait au moins épargné les 40 minutes d’electronica douloureuse que j’ai dû me tartiner pour accoucher de ces quelques lignes.
KE$HA COLE
BREAKBOT
The Lazy Sunday Selecta
Ed Banger
Il y a plein de morceaux bien dans cette mixtape inoffensive, qui, fidèle à ses promesses, donnerait envie à n’importe qui de passer un dimanche au soleil à ne rien faire. Le timing est mal trouvé, mais j’ai toujours eu une profonde affection pour Breakbot. D’ailleurs, j’ai une profonde affection pour toutes les personnes qui s’attachent à porter les cheveux longs passée la trentaine quand ils se résignent finalement à ne pas surmonter leur crinière d’un chapeau en tweed, ainsi que pour toutes celles que l’on peut croiser environ une fois par mois au bar quimperlois Chez Chouchou.
PEDRO SUMMER
1349
Massive Cauldron
Season of Mist
Promesse de descente d’organes tenue par les Norvégiens de 1349. Visez un peu le titre des morceaux : dix mots-clefs hyper assumés qui oscillent entre exorcisme et esclavage, médecin nazi et mythique créature d’argile. Et une putain de reprise de Voivod en prime. C’est grâce à des types comme ça que je me lève tous les matins sans le sourire aux lèvres, agitée par l’envie de commotionner les usagers des transports publics à grands coups de double pédale et l’espoir d’une pandémie qui ne les ratera pas.
JULIUS EBOLA
GODFLESH
World Only Lit by Fire
Avalanche
Il y a des façons plus simples d’illuminer le monde que d’y foutre le feu. Mais Godflesh n’a jamais choisi la voie la plus dégagée dans la longue autoroute de la vie. Ils sont plutôt du genre à retourner des caisses, gifler des femmes à la sortie d’un Franprix et hurler à chaque problème qu’ils affrontent. Ils fêtent leur vingtième année de suite sans batteur, leur sixième album de suite strictement identique au précédent, leur trentième année sans sourire et un autre anniversaire qui m’échappe. C’est pas mal donc, même si je préfère le stream NPR du dernier Electric Wizard.
AL-QAIDAMON ALBARN
TRUE LOVE
New Young Gods
React !
Fin des années 1990, chant éraillé, riffs de guitare « pluie d’étoiles », breaks durs mais pas trop, parties dansantes sympa, pochette volontairement hors sujet, choix de lyrics universels : pas de doute, nous sommes bien en présence d’un split 45 tours coloré entre American Nightmare et « In My Eyes ».
XMICK JOGGERX
ICEAGE
Plowing into the Field of Love
Matador
Voici l’album qui vous surprendra le plus ce mois-ci. Sauf si vous étiez déjà au courant qu’il ressemble au dernier Weezer et qu’il a été enregistré par les Dropkick Murphys.
DONNIE ZARMA
CODE ORANGE
I Am King
No Sleep
De la même manière que je n’ai jamais saisi l’engouement pour un groupe comme Converge, je ne comprends pas ce disque et plus encore : ça ne m’intéresse même pas ! Je m’en bats les couilles ! Vraiment ! Ils peuvent encore changer de nom trois fois, balancer autant de phases « décalées » ou « créatives » qu’ils veulent, rien à foutre ! Couper un morceau toutes les 5 secondes ? Sans moi ! Se taillader le front pour attirer mon attention ? Vous fatiguez pas les gars, j’ai déjà zappé sur Turnstile depuis le début de la chronique.
PATRICK CRUEL
IRON REAGAN
The Tyranny of Will
Relapse
Le monde actuel n’a plus aucun sens, si tant est qu’il en ait un jour eu un. La musique que les gens se cachaient pour écouter jadis ou qui était synonyme d’une pluie instantanée de crachats est désormais évaluée sur Pitchfork, le label Relapse se met à sortir des albums fun et le groupe qui possède les meilleures mosh-parts du marché actuel s’appelle Iron Reagan. Que faire ? Choisir le nihilisme, la décadence ou les deux en même temps ? Non, juste reconnaître que ce disque tue.
FRIEDRICH NIETZSCHE AURAIT ADORÉ
ALT-J
This Is All Yours
Infectious
ALT-J ! Putain de ta mère ! Je suis content de te retrouver avec ta voix fluette de fayot ! Quoi de neuf sous le soleil ? 13 titres gênants dont tu gâches encore tout le potentiel ? Ouais, à peu près ! Ben écoute, je suis content que tu dupes encore tout le monde avec ton intro en hommage à Steve Reich. C’est trop con que tu sois tellement chouinard que t’en profites même pas pour piner tes fans – moi, je le ferais. Mais de derrière mon bureau d’attaché de com’ dans une boîte de com’, tout ce qui me reste c’est trois bouteilles de Grolsch du dernier apéro et une boîte de thon au piment d’Espelette qu’on m’avait envoyée pour me féliciter de mon slogan. S’il te plaît, rappelle-moi quand il te sera poussé des burnes et que tu auras arrêté la surinstrumentation, on pourra peut-être commencer à s’amuser. Salut, l’artiste !
CMD+W
LEONARD COHEN
Popular Problems
Columbia
Sérieux, j’en ai vraiment rien à foutre.
SYLLA SAINT-CREEPY
U2
Songs od Innocence
Island
Y a-t-il vraiment besoin d’utiliser de l’espace papier pour parler d’un album vantant les mérites d’une montre et dont le premier morceau s’appelle The Miracle (of Joey Ramone) (notez les parenthèses) ? Attendez, je regarde sur Wikipédia. Non.
VIRGIN ISLAND
ZOLA JESUS
Taïga
Mute
Bonhomme souriant juste parce que le blase de cette meuf est sûrement une référence crypto-codée à l’affaire Dreyfus et que simplement à regarder la pochette, on pourrait la confondre avec une Iggy Azalea des neiges, fendant la poudreuse à dos de motoneige Ski-doo. Ce qui est objectivement cool, mais n’est pas forcément le résultat escompté quand on sort un album de pop sombre après une carrière sur Sacred Bones.
LES BOUGON-MOQUEUR
DEATH FROM ABOVE 1979
The Physical World
Universal
Parmi les nombreux signes de la chute imminente de la civilisation occidentale, l’hystérie provoquée par le retour de Death From Above 1979 se place tranquillement en 11e place, pile entre les bananes en sachet individuel de chez Franprix et cette pluie lourde, grise et visqueuse qui tombe depuis maintenant trois jours sans discontinuer et transforme les gens en morceaux de laitue. Que vous vous fassiez blouser par la reformation de Faith No More ou une énième tournée de Black Sabbath, je peux à peu près le concevoir. Mais là on parle d’un duo basse/batterie canadien qui a juste sorti un album à peu près correct en 2004. C’est un peu comme si vous enleviez votre pantalon, le trempiez dans de l’eau froide et vous mettiez à le taper très fort contre un muret pour fêter le retour de Gaston Gaudio dans la compétition internationale (Gaston Gaudio est un joueur de tennis argentin de second plan qui, par un extraordinaire concours de circonstances, a remporté à la stupéfaction générale la finale de Roland-Garros en 2004, avant de s’éclipser discrètement).
GILBERT BENCO
THE DO
Shake, Shook, Shaken
Wagram
Je le trouvais presque attachant ce couple de troubadours avec « On My Shoulders » il y a de ça quelques étés. Il est manifestement temps de se rendre à l’évidence : dans troubadour, il y a trou, alors il ferait mieux de se magner d’y retourner et de ne pas en ressortir avant l’édition 2027 du festival La Fnac part en live sur la place de l’Hôtel de Ville.
PHONY PHONY RUN RUN
THE VASELINES
V for Vaselines
Rosary Music
Il semblerait que mon cerveau soit touché par ce qu’on appelle le phénomène de l’oubli passager de noms propres, ce qui est dû au fait que le nombre de groupes d’indie rock commençant par un article défini a connu une croissance exponentielle à travers les décennies. C’est ce phénomène qui m’a persuadée que j’allais me taper un album des Vaccines – sauf que non. J’ai été soulagée de tomber sur un album très mignon qui suscite en moi l’envie de me faire des tresses, de donner la main à un garçon dont la voix s’accorderait parfaitement avec la mienne et de faire des roulades avec lui le long d’une colline jusqu’à ce que l’adrénaline fasse revenir mon cortex préfrontal à son état d’origine, quand j’étais encore capable de mémoriser des choses comme l’intégralité des départements français ou les grands noms de la dynastie mérovingienne.
FRANCE BEAN COBAIN
WEEZER
Everything Will Be Alright In The End
Republic
Comment vous vous imaginez à 50 ans ? Même dans le plus banal des scénarios, je pense que j’aurai une voiture un peu chiante avec des sièges à dossiers réversibles, une maison un peu chiante avec des panneaux solaires et peut-être un animal de compagnie un peu chiant lui aussi, mais j’aurai certainement arrêté de composer des morceaux sur mon désir d’approbation et mon envie de ne rentrer dans aucune case.
KRISTIN SCOTT SHRINER
THURSTON MOORE
The Best Day
Matador
Mes amis se divisent en deux groupes : ceux qui adorent Sonic Youth et ceux qui détestent Sonic Youth. Ces deux contingents que tout oppose s’accordent pourtant sur un point : aucun d’eux n’a jamais écouté leurs albums sortis ces quinze dernières années.
DIRTY DESERT BOOTS
OZZY OSBOURNE
Memoirs od a Madman
Epic
Lorsque Chateaubriand s’est mis à écrire ses Mémoires d’outre-tombe, il avait vu la Révolution, la Terreur, Napoléon Bonaparte, et l’Empire – sans parler de la Restauration à venir, sur laquelle il écrira aussi. Ce représentant de la noblesse déchue venait d’assister aux plus grands changements jamais opérés dans l’Histoire de France, et comme il était dans le camp des perdants, il a eu de quoi pleurnicher pendant trente ans sur 2 500 pages. Ozzy vient pour sa part de sortir d’une émission de real-TV à succès et d’entrer au Rock and Roll Hall of Fame. Toute sa vie, il n’a fait que se déguiser en sorcière et refuser de se couper les cheveux, et la seule fois où il a perdu, c’est le jour où les gens ont compris qu’il n’était pas Satan. Ses mémoires sont en conséquence un poil moins intéressantes, ne durent qu’une heure et demie, et n’intéresseront personne à part vos oncles.
JIMMY MORE HELL