Les (pires) meilleurs tweets de l’Arabie saoudite sur l’indépendance du Québec

La fin de semaine dernière, le Canada a déclenché une guerre diplomatique contre l’Arabie saoudite, qui a fini par se transformer en une attaque groupée de trolls saoudiens promouvant l’indépendance du Québec sur Twitter.

Tout a commencé par un tweet d’Affaires mondiales Canada du 3 août, dans lequel le pays se disait « gravement préoccupé » par les récentes arrestations d’activistes en faveur des droits des femmes en Arabie Saoudite.

Il s'agissait d'une réponse à une série d'arrestations en Arabie Saoudite, en marge de la levée de l’interdiction de conduire pour les femmes, le 24 juin dernier.

Selon Humans Rights Watch, cette campagne de répression a débuté le 15 mai. Deux nouvelles arrestations ont eu lieu à la fin juillet, dont celle de l’activiste Samar Badawi, la sœur du blogueur Raïf Badawi. À ce jour, plus d’une dizaine d’activistes ont été emprisonnés, rapporte l’organisme.

« [Nous] exhortons [les] autorités saoudiennes à les remettre en liberté, ainsi que tous les autres activistes pacifiques », peut-on lire dans le message du Canada du 3 août.

L’Arabie saoudite n’a pas apprécié. Deux jours plus tard, dans une série de tweets, le ministère saoudien des Affaires étrangères a dénoncé cette « attaque » jugée « répréhensible » et « inacceptable ».

Le gouvernement a expulsé l’ambassadeur canadien de l’Arabie saoudite, en plus de geler toute nouvelle transaction commerciale avec le Canada et tout nouvel investissement au pays.

Le message saoudien contient également un avertissement : « Toute autre tentative du Canada de s'ingérer dans nos affaires internes signifie que nous avons le droit de nous ingérer dans les affaires internes du Canada. »

Les trolls et bots saoudiens ont pris la menace au sérieux. Le jour même, ils ont lancé des salves de tweets attaquant le Canada sur plusieurs fronts, critiquant le traitement des peuples autochtones ou encore la haute dépendance aux opiacés enregistrée au pays.

L’attaque la plus inusitée demeure les appels à l’autodétermination du peuple québécois. Aujourd'hui encore, Twitter ne dérougissait pas :

On appelle ici le « stupide, gai, fausse bière [?] président [?] canadien » à se mêler de ses affaires et à faire le ménage dans sa propre cour avant de fouiller dans les ordures des autres. Nous demandons l'indépendance du Québec et la fin des mauvais traitements infligés aux autochtones.

« Nous sommes profondément inquiets pour le droit du Québec de décider de son indépendance. Nous demandons de leur permettre immédiatement de voter pour ce droit. »

À noter que, devant ce type de tweets, une nuée d'internautes se sont précipités pour préciser que les « gens du pays » ont plutôt choisi de passer leur tour en 1980 et en 1995.

Côté « interprétation YOLO de la lutte pour l'indépendance québécoise », il y a cet internaute saoudien un peu confus qui, pour sa part, demande l'indépendance des anglophones du Québec.

En même temps, pourquoi pas?

Des messages sur le même thème affluent sur Twitter depuis trois jours.

« Nous soutenons l'indépendance du Québec. » Comme on peut le voir ici, le mouvement a connu quelques ratés, dont l'utilisation de cette photo du drapeau de la ville de Québec au lieu du fleurdelisé.

On a aussi assuré, 23 ans plus tard, qu'on aurait pu facilement foutre le bordel pendant le dernier référendum.

« L'Arabie saoudite aurait facilement pu soutenir le référendum sur l'indépendance du Québec de 1995 en finançant des campagnes médiatiques et des attaques contre le gouvernement canadien pour s'assurer d'une victoire du Québec, mais on ne s'ingère pas dans les affaires des autres nations, contrairement au Canada, à l'évidence. »

Un internaute en a aussi profité pour traiter les Canadiens de bébés, par la bande.

« Nous soutenons le droit du Québec de devenir une nation indépendante, il est comme l'adulte dans la pièce. »

Les attaques envers le Canada avaient plusieurs autres thèmes, outre l'indépendance du Québec.

Dans son message, cet internaute dit que les musulmans sont préoccupés par l'escalade du discours de haine contre les leurs, au Canada. Il fait également référence à la fusillade à la mosquée de Québec de janvier 2016, qui a fait six morts.

Reprenant un article de la CBC, un autre utilisateur de Twitter a dénoncé la hausse des surdoses mortelles d'opioïdes.

Un autre s'en est pris à la cause des femmes maltraitées, en reprenant une infographie de CBC de 2016.

Plutôt que de réclamer l'indépendance du Québec, des tweets ont plutôt exigé la souveraineté des Premières Nations et le départ des Canadiens des terres qui ne leur appartiennent pas.

« Qu'ils retournent en Europe, d'où ils viennent. »

Les tweets ont aussi pris une drôle de tournure lorsque le compte vérifié Infographic KSA a partagé l'image d'un avion qui semble se diriger tout droit vers la tour du CN, à Toronto, ce que plusieurs ont interprété comme une référence aux attentats du 11-Septembre.

Le ministère saoudien des Médias a demandé lundi le retrait de ce compte Twitter. Il a été suspendu le temps de mener une enquête.

Selon CBC, le compte Twitter a publié par la suite un message d'excuses, expliquant que « l'avion devait symboliser le retour de l'ambassadeur ». « Nous comprenons que ce n'était pas clair, et toute autre signification n'était pas intentionnelle. »

La ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland a annoncé lundi que le Canada maintenait sa position, malgré les pressions exercées par l'Arabie saoudite.

Outre sur Twitter, les tensions entre les deux pays sont loin de s'estomper. Lundi, l'Arabie saoudite indiquait qu'elle allait suspendre le soutien financier pour les 16 000 Saoudiens qui étudient au Canada et les inciter à poursuivre leurs études ailleurs.

On apprenait également que l'Arabie saoudite suspendait tous les vols de sa compagnie aérienne en direction ou en provenance de Toronto, à partir de la semaine prochaine.