FYI.

This story is over 5 years old.

Tech

À la rencontre du chirurgien qui affirme débarrasser ses patients d'implants extraterrestres

"Patient Seventeen" est un documentaire qui raconte l'ultime opération chirurgicale du docteur Leir, un podologue-ufologue pour patients kidnappés par les extraterrestres.

En 1992, une étude désormais célèbre a proclamé qu’environ 3,7 millions d’Américains étaient persuadés d’avoir été enlevés par des aliens. On appelle ça le “syndrome d’enlèvement extraterrestre”. Depuis, cette étude a été profondément critiquée sur les plans logique et méthodologique. Il n’empêche : une quantité importante de gens pensent qu’ils ont fait au moins un aller-retour en soucoupe volante, ça ne fait aucun doute.

Publicité

Beaucoup de chercheurs ont essayé d’expliquer la prévalence des rencontres du quatrième type par des bouffées de ferveur religieuse ou des manifestations psychopathologiques. En l’absence de preuves solides d’un contact avec des extraterrestres, il semble logique de rechercher des explications alternatives aux récits de ceux qui affirment avoir été enlevés. Mais que se passerait-il si ces preuves existaient ?

C’est la question que pose Patient Seventeen, un documentaire dévoilé le mois dernier par Jeremy Kenyon Lockyer Corbell. Patient Seventeen suit la dernière opération de Roger Leir, un chirurgien-podologue et fervent ufologiste américain qui affirmait débarrasser ses patients de leurs implants extraterrestres.

Patient Seventeen est aussi une oraison funèbre poignante : Leir est mort pendant le tournage. Il avait 80 ans. L’étude des OVNI et des enlèvements extraterrestres le passionnait ; il s’est battu pendant des décennies pour la faire reconnaître comme une discipline scientifique à part entière.

Leir et son associé examinent des images de l'objet après son passage sous un microscope électronique.

Grâce à Roger Leir, ceux qui s’affirmaient kidnappés pouvaient relier leurs expériences viscérales à des preuves solides. Son travail continue néanmoins à susciter la méfiance des scientifiques “mainstream” : pour eux, ses “implants venus d’ailleurs” ne sont que des objets terriens. La controverse continue aujourd’hui.

Avant de se lancer dans Patient Seventeen, Corbell m’a affirmé qu’il se sentait sceptique vis-à-vis des implants aliens mais qu’il n’avait “aucun doute” concernant l’existence d’OVNI pilotés par des intelligences venues d’ailleurs.

Publicité

“Je cherchais de la documentation sur les nanotechnologies et les systèmes de propulsion avancés, et sur ce qui les lie aux phénomènes ufologiques, m’a-t-il déclaré. Je ne voulais vraiment pas faire un film consacré à un prétendu implant extraterrestre. À ce moment-là, je ne savais pas quoi en penser. Je me disais que je pourrais faire le tour du sujet en quelques semaines… Putain, j’avais vraiment tort.”

Dans l’espoir de faire toute la lumière sur le mystère des supposées “technologies implantatoires extraterrestres”, Corbell s’est rapproché de Robert Leir et du Patient 17, un anonyme qu’il décrit comme “un mec normal”. Au moment de leur rencontre avec le réalisateur, les deux hommes préparaient l’extraction chirurgicale et l’analyse d’un fragment de métal enfoui dans la jambe du Patient 17.

Là, il a découvert que le chirurgien essayait de localiser le bout de métal à l’aide d’un détecteur de montants, un outil conçu pour repérer l’armature sur laquelle reposent les murs d’un bâtiment.

“J’ai dit au docteur Leir que j’allais filmer son opération mais aussi que je dévoilerais tout mensonge, déformation de la vérité ou tentative de tromperie quelle qu’elle soit, m’a déclaré Corbell. Après, je lui ai demandé s’il avait toujours envie que son travail soit filmé, et il m’a dit : “Oui, Jeremy. Je fais ça depuis deux décennies, ce n’est pas du vent !””

Le Patient 17 doutait lui aussi que le morceau de métal planté dans sa jambe puisse provenir d’un autre monde. Dans le documentaire, il affirme néanmoins avoir rencontré des extraterrestres à de nombreuses reprises depuis son enfance. Il se montre également hostile à l’égard de ses kidnappeurs : après les avoir taxés de “gangsters aliens”, il explique qu’il aimerait les “avoir”.

Publicité

Ce sont ces rencontres avec des extraterrestres hostiles qui ont poussé le Patient 17 à approcher Leir pour lui demander de le débarrasser de ce qui pourrait être un dispositif alien. Le podologue affirme qu’il a procédé à des exérèses sur 17 patients au cours de sa carrière. Cependant, il n’a jamais partagé ses informations concernant ces objets étrangers avec d’autres chercheurs.

Leir est mort au début de l’année 2014, peu de temps après avoir ôté le corps étranger de la jambe du Patient 17. En dépit du fait qu’il n’a jamais pu prendre connaissance des résultats de son ultime geste chirurgical, deux de ses plus proches associés de recherche se sont chargés d’analyser le fragment de métal. La deuxième partie de Patient Seventeen est consacrée à leur travail.

Le docteur Leir en pleine exérèse du corps étranger.

La théorie de Leir identifie les corps enfouis dans la chair de ses patients comme des nanotechnologies conçues par des extraterrestres. À l’en croire, ces appareils n’émettent pas d’ondes radio mais des “ondes scalaires”, un genre de rayonnement électromagnétique qui n’est pas détecté par les instruments humains - et, de fait, dont l’existence reste à prouver. Le dernier physicien de renom à considérer l’existence des ondes scalaires était Nikola Tesla, un homme qui n’a jamais été à court d’idées étranges et scientifiquement douteuses.

Bref. Ce qui est sûr, c’est que l’engin extrait de la jambe du Patient 17 est plus qu’un peu étrange en termes de composition. L’un des associés de Leir, un spécialiste de la science des matériaux appelé Steve Colbern, Corbell et un individu se présentant comme un nanoscientifique employé par l’armée américaine, “Nano Man”, ont fait parvenir le bout de métal à deux laboratoires qui ont analysé sa composition. Leurs tests ont permis de révéler la structure moléculaire de l’objet et sa composition.

Publicité

L’ufologie trouve sa source dans le travail de Josen Allen Hynek, un physicien militaire et astronome de renom qui a rédigé de nombreux documents concernant les OVNI pour le renseignement américain. La discipline a attiré l’attention de nombreux scientifiques réputés : John Mack, le professeur de psychiatrie de Harvard, était un ufologue convaincu. Pourtant, l’ufologie peine à se faire reconnaître comme une discipline légitime depuis les années 50.

Les reproches des sceptiques concernent le fait qu’il est impossible de prouver qu’une rencontre extraterrestre a bel et bien eu lieu. Les ufologues n’ont d’autre choix que s’appuyer sur les témoignages des personnes concernées. Même les photos et vidéos parfois fournies par ces témoins ne suffisent pas. De plus, contrairement à des sciences dures comme la physique ou la biologie, l’ufologie ne peut pas faire appel à l’expérimentation pour prouver ou invalider des théories.

L'objet tiré de la jambe du Patient 17 en cours d'analyse.

En ce sens, Leir était un vrai pionnier de la lutte pour la rigueur scientifique dans l’ufologie. Pour lui, les “implants extraterrestres” de ses patients avaient le pouvoir de prouver que des extraterrestres nous avaient bel et bien rendu visite. Cependant, comme de nombreux sceptiques l’ont déjà souligné, Leir rechignait à partager ses résultats. De plus, il refusait de faire parvenir les prétendus implants extraterrestres à d’autres chercheurs pour analyse. Ces comportements anti-scientifiques jettent le doute sur ses affirmations.

Publicité

Pour Corbell, cependant, Leir n’a jamais essayé de cacher ses résultats.

“Le docteur Leir était tout à fait prêt à partager son travail, m’a affirmé le réalisateur. Les gens ne l’écoutaient juste pas, moi compris.”

Sans vous gâcher le film, sachez que les résultats des expériences de Leir tels qu’ils sont présentés dans Patient Seventeen sont franchement étranges. L’objet tiré de la jambe du dix-septième patient présente plusieurs traits caractéristiques d’un objet extraterrestre, au moins dans sa composition. Cependant, ces éléments sont loin de constituer une preuve solide.

Au final, Corbell a terminé son tournage avec plus de questions qu’au premier jour.

Roger Leir joue de l'orgue peu de temps avant sa mort.

Corbell s’est adressé à deux experts extérieurs aux cercles de Leir dans l’espoir de mettre un peu d’ordre dans les analyses de “l’implant” du patient 17, notamment l’expert en météorites de l’UCLA Alan Rubin. Le réalisateur m’a indiqué que tous deux avaient refusé d’apparaître face à la caméra pour parler d’éventuelles technologies alien. Et s’ils ont été étonnés par les résultats des deux laboratoires déjà contactés, ils ont conclut que plus de tests devaient être effectués pour déterminer la nature de l’objet.

Colbern s’est approprié l’objet extrait du Patient 17. Peu de temps après la fin du tournage, le scientifique a arrêté de répondre à Corbell et au Patient 17 ; tout espoir de résoudre le mystère semblait perdu.

Corbell affirme que Colbern a refait surface peu de temps après la sortie de Patient Seventeen. Après deux ans de silence radio, il a accepté de confier le mystérieux objet au réalisateur. Corbell m’a expliqué qu’il comptait reproduire les premiers tests pour écarter tout risque de faux positif avant de lancer une nouvelle batterie d’analyses. Avec un peu de chance, c’est elle qui permettra de prouver que l’objet métallique vient d’ailleurs.

En attendant, il s’abstient de tout pronostic.

“Je ne crois pas que les croyances aient leur place ici, a-t-il déclaré. Je suis peut-être en possession de l’une des preuves de l’existence d’un appareil nanotechnologique conçu par une intelligence extraterrestre… Ou pas. Mais vous pouvez être spur que nous en aurons le coeur net. Je dois ça au Patient 17 et je dois ça au docteur Leir.”