Découvrir des terres lointaines, des régions intactes et non répertoriées, tel est le modus operandi de tout aventurier qui se respecte. C’est une chose que d’explorer tous les meilleurs spots : une montagne par-ci, un trek par-là… Ces mêmes « vues hallucinantes » sur lesquelles nous avons tous déjà bavé dans les magazines. Mais partir à la recherche d’un tout autre mode de vie, dans lequel le temps semble filer à un rythme différent, et où les pièges de la vie moderne sont si loin qu’ils paraissent inconcevables est un tout autre délire.
Zoe Springer, une photographe londonienne, est partie à la poursuite de cet état particulier de la nature, à bord d’un bateau navigant autour de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle s’est notamment rendue sur les Îles Salomon pour parler aux habitants et documenter les grands espaces magnifiques qu’elle voyait. Tout en photographiant cette partie largement inexplorée du monde, Springer a su, à travers cette série de photographies, braquer les projecteurs sur le Pacifique Sud, offrant ainsi un aperçu unique de la vie quotidienne, à des années-lumière de la frénésie de la vie occidentale.
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Une église catholique sur l’île d’Ali, une des quatre îles situées près d’Aitape, au large des côtes nord de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Elle comprend cinq villages, tous sciemment conçus pour mener à cette chapelle. Le catholicisme est la religion principale dans ces îles.
Ce petit garçon, qui n’avait sans doute jamais vu d’appareil photo auparavant, pose un regard inquisiteur, qui se rapproche plus d’une moue, lors du Sing Sing, une danse traditionnelle qui fait office de rituel pour les Papouasiens, ici sur l’île d’Ali.
Oscar m’a suivie à travers toute l’île de Garove. Feignant la timidité, et alors que j’essayais plusieurs fois de le prendre en photo, il a fini par tirer sur mon t-shirt pour me montrer, fièrement, sa noix de coco, tout en posant, gêné.
Sur l’île de Garove, Géraldine, le visage toujours grimé des peintures bleues et blanches traditionnelles, qui font partie de la culture rituelle de l’île, n’avait jamais vu d’appareil photo avant et, pourtant, elle m’a courageusement demandé de lui tirer le portrait. Elle a posé avec une confiance nonchalante, dans cet environnement vert et caniculaire.
Située dans le cratère d’un volcan éteint, l’île de Garove, qui fait partie de l’Archipel de Witu, est enchâssée dans des falaises étriquées, recouvertes de végétation luxuriante. Celle-ci est si dense qu’on comprend pourquoi il n’y a qu’un seul village sur l’île. Du sable noir recouvre les précipices verts, et des récifs vivants reposent au fond de la mer noire de la caldera.
Trois jeunes garçons sur l’île de Garove posent, alanguis, tout en m’observant tranquillement de loin.
Ces jeunes garçons se sont montrés réservés, voire ambivalents vis-à-vis de moi, avant qu’ils ne voient mon objectif.
Une grand-mère, une mère, et son fils. Le village de Kopar n’abrite pas plus de deux cents habitants et dessine un paysage étrangement attirant, composé de mangroves et de marécages. Comme tous les villages représentés, il n’y a pas de système d’égouts, et la seule source d’électricité disponible est générée grâce à des panneaux solaires miniatures.
Une grand-mère et son petit-fils affrontent mon objectif du regard, rappelant la tension dans l’air caniculaire du fleuve Sepik. Contrairement à tous les autres endroits visités, le Sepik confère une sorte de noirceur sinistre, entravée seulement par les couleurs vives portées par les habitants. Les liens familiaux sont primordiaux dans cette culture, puisque les grandes familles vivent toutes sous un seul et même toit, et maintiennent un système de soutien puissant pendant toutes leurs vies.
Ce petit garçon a refusé que je l’approche et n’a pas tardé à me montrer son derrière pour marquer le coup.
Cette femme avait une allure fière et pleine de charisme : ses petits-enfants, mal à l’aise en ma présence, m’observaient de loin. Les maisons de la région du Sepik, comme dans la plupart de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, sont construites sur pilotis pour garder les foyers à l’abri des inondations et des orages tropicaux.
De toute évidence, Jacob était ravi d’avoir attiré mon attention. Alors qu’il m’emmenait chez lui pour que je puisse changer ma pellicule dans un endroit sombre, son oncle a dit en plaisantant qu’on pouvait facilement reconnaître un enfant qui aime l’eau à la clarté de sa chevelure.
J’ai réussi à obtenir un sourire timide de Christina, qui me surveillait avec une curiosité pudique. Malgré son âge, elle arborait, drapée dans sa serviette, l’assurance silencieuse d’une femme bien plus âgée qu’elle n’en avait l’air.
Un groupe de jeunes écolières, vêtues de l’habit traditionnel, après avoir participé au Sing Sing. Encore une fois, naturellement gracieuses et élégantes, j’ai été saisie par l’assurance de ces enfants, qui n’avaient jamais vu d’étrangers avant moi.
Une mère et son enfant à Vanimo, l’une des régions les plus éloignées de la Province de Sandaun, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. La mère, qui avait déjà rencontré des étrangers auparavant, était ravie qu’on lui tire le portrait, mais son enfant criait de terreur à ma vue, et préférait cacher son petit visage dans les confins de sa casquette Gucci.
Un petit marché animé, installé le long des plages blanches de Vanimo, proposait des sculptures artisanales sur bois, des carapaces de coquillages et des sacs tissés à la main.
Les enfants se montraient soit extrêmement enthousiastes par ma visite, sautant dans mon cadre à chaque occasion, soit complètement terrorisés, se tortillant pour échapper à mon regard, en hurlant et en criant. J’ai dû attendre, sans faire de bruit, et partiellement camouflée dans la verdure, pour photographier ces deux jeunes garçons jouant dans le sable.
Tandis que ma présence générait une certaine appréhension dubitative, j’avançais avec précaution vers ce tendre moment entre une mère et son enfant. La façon dont ces gens portent leurs habits reflète l’allure et la grâce des jeunes femmes que j’ai photographiées.
Cet homme a apprécié mon attention tandis que j’entrais chez lui. En photographiant uniquement sur pellicules, j’ai pu tisser un lien avec les individus photographiés, comme ses limites sont implacables, et les tirages, limités.
L’inflexibilité des enfants rencontrés dans la région du Sepik laissait entrevoir des conditions misérables et une vie bien plus dure que celle d’autres villages. Quelques instants plus tard, je trouvais un groupe de jeunes hommes qui éviscéraient de jeunes requins-marteaux : les ailerons étaient vendus, et la viande, préservée pour leurs familles.
Un Kadovar très actif crachait du gaz sulfurique de sa chambre magmatique. Grâce à un zodiac, j’ai pu m’en approcher à moins de 200 mètres, avant de devoir faire demi-tour, car les gaz toxiques envahissaient mes poumons. La Papouasie-Nouvelle-Guinée est le théâtre de l’une des plus grandes activités volcaniques de tout le Pacifique du Sud.
Une file de jeunes enfants, quelques instants avant le début du traditionnel Sing Sing. Un mélange de fierté et de timidité se dégage d’eux. Chaque île a sa propre tenue traditionnelle. Dans ce cas précis, la splendide peinture de visage bleue et blanche. Tous les enfants doivent aller à l’école, jusqu’à l’adolescence, et tous les villages bénéficient d’un petit – mais prolifique – centre éducatif.
À Madang, deux femmes se reposent après le rituel du Sing Sing. Cette ville était un point névralgique des combats durant la Seconde Guerre mondiale. Dans le port, on peut trouver plus de 34 navires coulés. Le port est considéré comme l’un des plus beaux au monde.
J’étais en train de changer de film sous un arbre, quand une branche, en tombant, m’a cogné la tête. J’ai entendu un gloussement strident et vu cette jeune fille, qui me dévisageait depuis les hauteurs. Elle m’a souri timidement tandis que je prenais son portrait, sans savoir ce qui se passait exactement, mais appréciant tout de même l’attention qu’elle suscitait.