Une nouvelle étude scientifique soutenue par le Ministère des infrastructures néerlandais avertit l’industrie des énergie renouvelables contre un obstacle fondamental : le manque de métaux rares.
La production d’énergies renouvelables doit croître rapidement si nous souhaitons atteindre les objectifs de réduction d’émission des gaz à effet de serre fixés par l’accord de Paris. Cela signifie que la production globale de plusieurs minéraux et terres rares utilisés dans les panneaux solaires et les éoliennes — tout particulièrement le néodyme, le terbium, l’indium, le dysprosium et le praseodymium — doit être multipliée par douze d’ici 2050.
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Les auteurs de l’étude écrivent : « Actuellement, la production globale de plusieurs métaux critiques est insuffisante pour assurer la transition à un système d’énergie renouvelable. »
Les conclusions de l’étude sont basées sur une extrapolation au monde de la demande en métaux rares des Pays-Bas.
« Si le reste du monde développait les énergies renouvelables à la même vitesse que les Pays-Bas, une pénurie considérable se déclarerait » semble se vanter l’étude, qui ne prend pas en compte les autres utilisations des métaux rares dans l’industrie électronique (les smartphones, pour ne citer qu’eux). « Quand d’autres applications (comme les véhicules électriques) sont inclus, la quantité de métaux rares nécessaire est encore plus importante. »
La demande en métaux rare est promise à une augmentation rapide tout autour du monde, et pas seulement à cause des énergies renouvelables. Sont également concernés « l’électronique publique, les applications militaires et autres équipements techniques d’application industrielle. La croissance de la classe moyenne globale de un à trois milliards d’individus ne fera qu’accroître cette demande. »
Le problème pourrait donc être encore plus grave que prévu. En 2017, une étude publiée dans Nature estimait déjà que certains minerais essentiels à la construction des smartphones, des ordinateurs portables, des voitures électriques et même des câblages en cuivre deviendraient difficiles à obtenir dans les décennies à venir.
L’autre problème de taille, c’est que la production métaux rares dépend largement d’une poingée de pays. La Chine gère 80% de l’extraction et 95% du raffinage. Résultat : en dépit du fait que l’Australie et la Turquie produisent des quantités significatives de certains métaux (respectivement le néodyme et le bore), l’Europe et les États-Unis dépendent de la Chine, qui pourrait tout à fait contrôler la distribution mondiale de métaux rares — une position prompte aux abus.
« Il se peut qu’ils [la Chine] en viennent à donner la priorité à leur propre production d’énergies renouvelables — ils ont adopté une position stratégique qui consiste à rassembler toutes les données et expertises techniques existantes à ce sujet » explique l’auteur principal de l’étude, Pieter van Exter, dans un communiqué.
La bonne nouvelle, c’est que nous savons où se trouvent les ressources nécessaires à la transition énergétique. Il faut « juste » les tirer de leurs réserves. Or, ouvrir une nouvelle mine demande des investissements significatifs et 10 à 20 ans de travail.
Peut-être pourrions trouver des substituts aux métaux rares. À terme, cela risque malheureusement de causer une pénurie d’autres métaux. L’Europe et les autres pourraient aussi re-dynamiser leur industrie minière en utilisant des nouvelles technologies pour réduire leur empreinte énergétique. Cela coûterait sans doute beaucoup d’argent pour peu de résultats : aucune réserve domestique n’est assez important pour rivaliser avec celles de la Chine.
Pour les auteurs de l’étude, il n’y a qu’une seule solution : l’économie circulaire, une approche « régénérative » conçue pour réduire les dépenses en ressources et les déchets en contrôlant le design, la maintenance, les réparations et le recyclage. Eva Gladek, la fondatrice de Metabolic, estime : « Il est essentiel pour nous de gérer nos matériaux de façon circulaire, de sorte que les technologies d’un futur sans carbone disposent de ressources suffisantes. »
Aujourd’hui, le taux de recyclage des métaux critiques est bien inférieur à 1%. Certains ne sont pas recyclés du tout. Ce genre d’approche nous condamne à la pénurie. « Sans instauration d’une stratégie circulaire, l’industrie restera complètement dépendante de l’extraction de matériaux bruts. Faire du recyclage la principale source de matériaux brut demandera de hauts taux de recyclage » estime Metabolic.
L’industrie des énergies renouvelables sera circulaire ou ne sera pas. Contactés par Motherboard, les auteurs de l’étude ont déclaré : « Cela pourrait retarder la transition énergétique de façon considérable — une disruption que nous ne pouvons pas nous permettre dans la course contre le changement climatique. »