Dimanche, Karim Kammah a décidé d’aller s’acheter une paire de skis à la Poubelle du ski. Jusque-là, rien d’extraordinaire.
Sauf que ce Français de 32 ans originaire de Bordeaux a fait l’aller-retour de chez lui en monocycle, et au retour avec sa paire de skis sur les épaules. Évidemment, sa balade en pleine tempête de neige au plus froid de la fin de semaine a été largement documentée sur les réseaux sociaux et partagée sur le compte Instagram @Fucknomtl.
Videos by VICE
On pourrait dire qu’il est devenu une sorte d’emblème de l’hiver québécois. On lui a parlé lundi matin, avant qu’il quitte son domicile pour le travail… en monocycle.
VICE : Allô Karim! Hier, lors de la pire tempête de l’hiver, tu as décidé de faire un tour de monocycle pour aller t’acheter une paire de skis?
Ouais, c’est ça. Y a pas de mauvais moment. Je prends jamais le métro, j’aime pas ça. Je me déplace toujours comme ça. Pour moi, c’était pas exceptionnel. C’est sûr que les conditions l’étaient un peu, mais quand tu roules sur la route qui est déneigée, ça se passe bien.
Pourquoi ne pas revenir chez toi en ski?
J’y ai pensé en revenant à la maison! Que ça aurait peut-être été une bonne idée dans le fond. Mais c’est beaucoup trop l’fun de rider.
Quel genre de météo t’empêche de sortir en monocycle?
Si c’est une vraie vraie tempête, je vais peut-être reconsidérer l’option, mais hier, il y avait juste un peu de neige [environ 20 cm, NDLR]. Quand je suis sorti de chez moi, il devait être midi, c’était déjà pas mal calmé. C’est sûr, il y avait de la neige, tout n’est pas déneigé parfaitement, mais c’était pas insurmontable, quoi! J’ai fait 25 kilomètres et je m’en suis très bien sorti.
À part des skis, est-ce qu’il t’arrive de transporter d’autres objets sur ta roue?
Euh… oui! Ça m’arrive régulièrement. Une table basse, un barbecue, ceux qui sont petits et portables. Des beanbags, c’est léger, mais fucking encombrants. Je me déplace avec mon unicycle parce que j’haïs prendre le métro. Si c’est faisable, je vais le faire en unicycle. Si je transporte des gros objets, je vais prendre des pistes cyclables sécurisées, qui ne sont pas dans le trafic. Il y a clairement une petite idée de défi derrière tout ça.
Est-ce que la réaction des gens te surprend? Ce n’est pas la première fois qu’on te filme comme ça?
Depuis que je suis au Québec, en 2014, ça arrive à peu près à chaque année. Ça me surprend un peu. Il y a toujours du monde qui prend des photos et des vidéos, mais là hier, j’ai l’impression que c’est tout le temps. J’ai dû être pris en vidéo 42 fois. Je ne pouvais pas tourner la tête sans qu’il y ait quelqu’un avec son cellulaire.
Aimerais-tu que les gens en reviennent de te voir en monocycle?
Moi, ça me dérange pas. Quand je croise des gamins, ils sont toujours euphoriques de me voir. Moi, je suis content. Eux, ils sont contents. Tout le monde est content. Tant mieux si je distribue du bonheur quand je vais faire mes courses.
Est-ce que tu te fais crier des bêtises par les conducteurs parfois?
Ah, oui, tout le temps. Le monde trouve que c’est dangereux, que je risque ma vie, etc. Hier, j’ai du tomber peut-être deux fois, parce que sur René-Lévesque, c’était vraiment pas déneigé et une autre fois, j’ai du pogner un nid de poule. Quand je tombe, je tombe sur mes pieds, et je prends un risque pour moi. Je vais pas tomber sur quelqu’un d’autre, je suis assez prudent. Mais ce monde-là, qui font des commentaires, ils ne se rendent pas compte qu’eux, ils sont fucking dangereux aussi. Le nombre de gens que j’ai vus en auto qui roulent un peu vite, qui n’ont pas le temps de freiner quand la lumière tourne orange… J’en ai vu plein hier. Du monde qui dérape, du monde qui sont contents d’arriver à s’arrêter sur la rouge, mais en fait ils sont au milieu du passage piéton. Si on remet les choses dans leur contexte, je pense que je ne suis vraiment pas plus dangereux qu’un autre. Et peut-être pas mal moins en fait.
C’est quoi la plus longue distance que tu as parcourue en monocycle?
Une fois, c’était la fin de l’hiver, j’ai fait 80 kilomètres. C’était pas la meilleure idée que j’ai eue, parce que j’étais clairement pas préparé, pas assez couvert. Ce n’était pas une excellente idée! C’était pour m’entraîner pour Ride to Conquer Cancer. C’est une ride de vélo à la base. Et on était allés de Toronto à Niagara, c’était deux fois 130 kilomètres. C’est pas mal le plus long que j’ai fait l’été.
Tu roules à quelle vitesse?
Je roule à 18-20 km/h. C’est sûr que c’est beaucoup moins vite qu’à vélo, mais c’est plus l’fun. C’est une grosse sensation de liberté.
Pour plus d’articles comme celui-ci, inscrivez-vous à notre infolettre.
As-tu déjà eu un accident?
Non! Déjà, je ne tombe pas souvent. Ça arrive comme tout le monde, comme quelqu’un qui fait du patin, ou du vélo. Un nid de poule, il y a des chances que tu tombes si tu ne l’as pas vu venir. Ça arrive, mais 99 % du temps, l’unicycle reste derrière moi, et moi je tombe sur mes pieds. J’ai jamais eu d’accident ou de situations dangereuses.
Ça fait combien de temps que tu fais du monocycle?
Ça doit faire 10 ans maintenant. C’est mon cinquième hiver ici.
Si vous voulez rouler avec Karim Kammah, il est l’un des organisateurs de l’ événement Vélo sans relâche, le 23 février prochain .