Depuis les années 1980, et notamment depuis son revirement économique de 1983, ce que l’on appelle pudiquement la « gauche de gouvernement » – à savoir, le Parti socialiste (PS) et ses proches alliés – a fait le choix de s’adresser principalement aux « minorités ». Qu’il s’agisse des femmes, des personnes homosexuelles ou issues de l’immigration récente, ces groupes, bien souvent stigmatisés, ont remplacé dans le cœur des socialistes de gouvernement les classes populaires, un électorat pourtant historique, très favorable aux socialistes, et encore plus aux communistes. Il en va de même pour Benoît Hamon, qui concourt péniblement à la magistrature suprême et aurait peut-être eu tout intérêt à s’éloigner de cette vision fragmentée de la société dès le début de sa campagne pour accoucher d’un projet global, recréant du commun à travers le combat contre le capitalisme et ses conséquences mortifères.
Sauf qu’il en a été tout autrement, dans la plus pure tradition du Parti socialiste contemporain. Si vous ne le saviez pas encore, sachez que si vous avez le malheur d’être un homme, blanc et/ou vieux – cochez les cases correspondantes – vous êtes certainement très mal vu par Laura Slimani, ancienne présidente du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) et responsable de l’égalité femmes-hommes dans l’équipe de campagne de Benoît Hamon. Nous sommes le jeudi 9 mars 2017, à moins de deux mois du premier tour de l’élection présidentielle. Sur le plateau de « L’Émission politique » de France 2, le candidat socialiste ferraille avec le maire divers gauche de Montpellier, Philippe Saurel – ce dernier lui ayant préféré Emmanuel Macron. Ni une ni deux, Laura Slimani dégaine sur Twitter une saillie dont on goûtera l’orthographe approximative : « Je sais pas vous mais moi je m’en passe bien du soutien de Saurel : 1 autre vieux mal (sic) blanc libéral en moins. »
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Sur Twitter, les réactions indignées se succèdent. Beaucoup font remarquer qu’une telle attaque est assez malvenue de la part d’une personne défendant l’égalité entre les sexes. Pour nombre d’internautes, il s’agit tout simplement d’un tweet « raciste », « sexiste », qui devrait être tout aussi condamné qu’une formule évoquant « une vieille femelle noire ». Le maire de Montpellier, lui, finira par porter plainte pour « injure raciale, injure en raison du sexe, provocation à la discrimination en raison de la race et provocation à la haine en raison du sexe ».
Le lendemain, c’est aux Jeunes socialistes – très largement favorables à Benoît Hamon – de se faire remarquer, toujours sur les réseaux sociaux, en faisant circuler un visuel censé décrédibiliser Emmanuel Macron. Sur le tract, un message limpide : les soutiens de Benoît Hamon sont des femmes, (plus ou moins) jeunes – Anne Hidalgo, dont la photo date un peu, est tout de même âgée de 57 ans – et issues de la « diversité » ; alors que les soutiens d’Emmanuel Macron sont des hommes, que d’aucuns qualifieront de « vieux et blancs ». L’injonction « Choisis ta génération ! » use d’un tutoiement qui en dit long. Pour résumer, si tu es jeune, cool et tolérant – autrement dit, si tu es quelqu’un de bien – tu dois voter Hamon, pour la simple et bonne raison que tu es ce que tu es. De programme, il n’en est jamais question, seule l’identité a ici droit de cité.
Ces deux événements, anecdotiques s’il en est, témoignent cependant d’un mouvement plus ample, dans lequel s’inscrit le Parti socialiste depuis les années 1980 : celui de l’éloge de la France de la « diversité », de « l’ouverture » et de la « tolérance », contre une « France rance », « vieille », « identitaire », qui ne jurerait que par le « repli ». Avec cette orientation, la gauche « diversitaire » a acté sa séparation d’avec son électorat historique, les classes populaires, pour lui préférer une somme de micro-électorats identitaires volatils, composés des jeunes, des femmes, des homosexuels, des personnes issues de l’immigration, etc.
« Symbolisé par le slogan Touche pas à mon pote, l’antiracisme social vire à l’antiracisme de spectacle, au sens debordien du terme, et dépolitisé. » – Kévin Boucaud-Victoire dans La Guerre des gauches
On fait généralement remonter à 1983 le moment où la gauche de gouvernement, menée alors par François Mitterrand, s’est ralliée au libéralisme économique. Lors de ce « tournant de la rigueur », une politique de hausse des impôts, de privatisations et de dérégulation des marchés financiers est mise en place par Jacques Delors, ministre de l’Économie du gouvernement de Pierre Mauroy. La transformation progressive de l’économie française en économie sociale de marché fortement imprégnée de néolibéralisme et d’ordolibéralisme – qui n’est pas uniquement du fait du gouvernement Mauroy – opère une fracture nette entre les classes populaires et le Parti socialiste, accusé d’avoir renié ses promesses de 1981 et abandonné toute velléité d’opposition au capitalisme.
Quelques mois après un revirement qui s’avérera définitif, et alors que les discriminations et violences raciales à l’encontre de travailleurs originaires des anciennes colonies françaises d’Afrique noire et du Maghreb se multiplient, une Marche pour l’égalité et contre le racisme – la fameuse « marche des Beurs » – est organisée, reliant Vénissieux à Paris. Le Parti socialiste, jusque-là très critique des mobilisations ouvrières d’immigrés – certains membres du gouvernement Mauroy dénonçaient même l’influence de « l’islam iranien » dans ces luttes – ne manquera pas de récupérer le mouvement, s’intéressant de fait à un électorat que les politiques ne prenaient alors pas vraiment en considération.
En 1984, l’association SOS Racisme est créée : à sa tête graviteront notamment Harlem Désir, Julien Dray ou encore Malek Boutih, qui feront ensuite carrière au PS. Les jeunes des quartiers populaires y sont peu à peu marginalisés, SOS Racisme préférant mettre en avant de jeunes militants ou des personnalités médiatiques comme le « nouveau philosophe » Bernard-Henri Lévy. Comme le signale le journaliste Kevin Boucaud-Victoire dans son livre La Guerre des gauches, paru aux éditions du Cerf, « les immigrés, les minorités et les exclus remplacent donc aux yeux d’une certaine gauche, au moins dans le discours, le prolétariat comme agent politique de référence. Symbolisé par le slogan Touche pas à mon pote, l’antiracisme social vire à l’antiracisme de spectacle, au sens debordien du terme, et dépolitisé. » Le PS, nouvellement rallié à un libéralisme économique pas franchement porteur d’espoir pour les classes populaires, se veut maintenant au service des « minorités visibles » : il s’érigera désormais en « parti de la tolérance », le seul à même de dicter les valeurs, car défendu par un électorat jeune, progressiste, diversifié, ouvert d’esprit.
« Contrairement à l’électorat historique de la gauche, coalisé par les enjeux socio-économiques, cette France de demain est avant tout unifiée par ses valeurs culturelles, progressistes : elle veut le changement, elle est tolérante, ouverte, solidaire, optimiste, offensive. » – note de la fondation Terra Nova
Pourtant, malgré une année charnière et une métamorphose évidente, il faudra attendre l’élection présidentielle de 2012 pour que le PS assume une stratégie politique alors jugée rentable. En mai 2011, le think tank Terra Nova, très proche du PS, lui délivre une note intitulée « Gauche : quelle majorité électorale pour 2012 ? », dans le but de rassembler le plus d’électeurs dès le premier tour. Il l’invite notamment à miser sur un électorat qui aurait « le visage de la France de demain : plus jeune, plus féminin, plus divers, plus diplômé, mais aussi plus urbain et moins catholique ». Selon cette fondation, « contrairement à l’électorat historique de la gauche, coalisé par les enjeux socio-économiques, cette France de demain est avant tout unifiée par ses valeurs culturelles, progressistes : elle veut le changement, elle est tolérante, ouverte, solidaire, optimiste, offensive. C’est tout particulièrement vrai pour les diplômés, les jeunes, les minorités. Elle s’oppose à un électorat qui défend le présent et le passé contre le changement, qui considère que “la France est de moins en moins la France”, “c’était mieux avant”, un électorat inquiet de l’avenir, plus pessimiste, plus fermé, plus défensif. »
En invitant directement la gauche à délaisser les classes populaires pour séduire les « minorités », les « jeunes » et les « diplômés », Terra Nova assume l’abandon des questions socio-économiques pour se consacrer aux enjeux dits « sociétaux ». Suivant cette logique, le PS abandonne toute volonté d’émancipation collective et lui substitue l’attribution de davantage de droits individuels : l’ère du libéralisme culturel et de la libéralisation des mœurs comme horizon politique est arrivée. Au lieu de produire un discours commun portant sur une vision globale de la société, le PS, et aujourd’hui son candidat Benoît Hamon, mise sur des mesures phares, afin de séduire les groupes mentionnés plus haut : droit de vote des étrangers, légalisation du cannabis, revenu universel, récépissés lors des contrôles d’identité… Mais cette stratégie, qui fut celle du parti démocrate américain au cours la campagne d’Hillary Clinton, a montré ses cruelles insuffisances. En s’adressant à des pans spécifiques de la population, en ciblant un électorat plutôt qu’un autre, en faisant du marketing électoral plutôt que de la politique, Clinton a jeté dans les bras de Donald Trump des électeurs en colère, souvent issus des classes populaires blanches.
Pour en revenir aux deux anecdotes précédemment évoquées, on peut dire sans trop se mouiller que l’argumentaire des Jeunes socialistes trouve vite contradiction. Parmi les soutiens d’Emmanuel Macron, on repère certes Robert Hue, Jean-Paul Huchon, Bertrand Delanoë ou Gérard Collomb, mais on compte également la journaliste Laurence Haïm (50 ans), le patron du cabinet de recrutement Mozaik RH, Saïd Hammouche (46 ans, qui a la double nationalité franco-marocaine), ou encore la présidente de l’Association pour le droit à l’initiative économique Catherine Barbaroux (68 ans). Et a contrario, du côté des soutiens de Benoît Hamon, on tombe sur Vincent Peillon (56 ans), Jean-Christophe Cambadélis (65 ans) ou encore Bernard Cazeneuve (53 ans). Au petit jeu de « Qui est le plus jeune, métis et féminin ? » on a tôt fait de réfléchir uniquement par rapport à des quotas et d’oublier de balayer devant sa porte – plutôt qu’à faire s’opposer les idées et les propositions.
Et c’est là que le bât blesse le plus : les Jeunes socialistes ne font plus de politique. Ils s’adonnent à la condamnation morale, aux jugements hâtifs, et désertent le terrain des idées. Comme si une idée était forcément meilleure parce que portée par une femme – ce qui ferait logiquement de leur plus féroce adversaire, Marine Le Pen, leur meilleure alliée ! Comme si l’âge et l’apparence physique d’un politique présageaient de sa pertinence ! Comme si sa jeunesse (39 ans) et son métissage (elle est née à Rabat, au Maroc) avaient empêché Myriam El Khomri de pondre l’une des lois les plus libérales du quinquennat ! En analysant chaque problème notamment à l’aune de la couleur de peau, les Jeunes socialistes ethnicisent la politique, pratiquant eux-mêmes ce qu’ils dénoncent – à raison – chez les autres. En voulant décrédibiliser un adversaire politique parce que « vieux », « mâle » et « blanc », Laura Slimani ne se rend pas seulement coupable d’un élan de fierté juvénile aux antipodes de toute sagesse philosophique, elle se réapproprie les armes rhétoriques de l’extrême droite – celle-là même qu’elle prétend combattre quotidiennement.
Comme le signalait l’essayiste Coralie Delaume dans une tribune publiée sur le site du Monde en 2012 : « Avec le concept mouvant de “diversité”, la gauche identitaire, comme son alter ego de droite, cautionne la mise en exergue de ce qui sépare : la race, la couleur de peau, l’origine, la religion voire la préférence sexuelle. Toute chose que la République connaît, mais en aucun cas ne reconnaît. Ce faisant, toutes deux laissent de côté tout ce qui rassemble : la qualité de citoyen, la nationalité française, la communauté de destin. Lorsqu’il fut écrit dans la Constitution que la République “assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion”, ce n’était pas pour nier qu’il y eût des différences. Au contraire même, c’était l’admettre. Mais c’était refuser qu’on en fasse un critère. »
« Benoît Hamon n’est plus dans ce continuum historique de la citoyenneté nationale, ouverte et exigeante, qui accueille indifféremment de la couleur de peau, mais qui fait respecter l’histoire de France et ses principes. » – Jean-Philippe Mallé
En s’abandonnant à la « stratégie Terra Nova », le PS a dressé des barrières chimériques. En voulant réunir les minorités dans une majorité artificielle, il a ouvert la voie à une logique sans fin : chacun réclame une attention particulière, un droit particulier, et se sent bafoué lorsqu’une autre minorité obtient un droit qui ne va pas dans son sens. La guerre de tous contre tous, en somme. Au final, loin de former une « nouvelle coalition », la stratégie Terra Nova crée toujours plus de divisions et de rancœur.
Après cinq ans sous la présidence de François Hollande, les « jeunes des banlieues » n’auront obtenu aucune mesure significative, par exemple. Et ce n’est pas l’affaire Théo, avec la colère et le sentiment d’injustice qu’elle a pu susciter, qui les réconciliera avec le PS. De la même façon, ce qui a été présenté comme la grande mesure du quinquennat, l’adoption du mariage pour tous, n’a pas empêché le Front national de séduire de plus en plus d’homosexuels au cours des cinq dernières années – tout en troublant de nombreux musulmans, dont le vote était largement favorable à François Hollande en 2012. On voit donc bien que la stratégie Terra Nova, soucieuse de ménager la chèvre et le chou, ne peut au final que s’attirer les foudres de tous.
Cette fragmentation voulue de l’électorat est reprochée au candidat Hamon par son propre suppléant à l’Assemblée nationale, Jean-Philippe Mallé, qui déclarait dans un entretien pour Famille chrétienne la chose suivante : « Ne voyant plus la nation comme point de départ, rien n’empêche [Benoît Hamon] de lui préférer une juxtaposition de communautés. Benoît Hamon n’est plus dans ce continuum historique de la citoyenneté nationale, ouverte et exigeante, qui accueille indifféremment de la couleur de peau, mais qui fait respecter l’histoire de France et ses principes. Lors de son discours de victoire, il a déclaré que “chaque génération est un peuple nouveau” : il n’est plus dans la conception républicaine historique de la nationalité. Je dirais que Benoît Hamon est l’aboutissement parfait de la gauche Terra Nova, pour le meilleur et pour le pire ! »
« La volonté d’en finir avec le racisme et le sexisme s’est révélée tout à fait compatible avec le libéralisme économique, alors que la volonté de réduire – a fortiori de combler – le fossé entre les riches et les pauvres ne l’est pas. » – Walter Benn Michaels dans La diversité contre l’égalité
En remplaçant les luttes sociales par les luttes identitaires, « la nouvelle gauche a continué à faire la promotion de la transgression des mœurs issue de la société disciplinaire, et a ainsi contribué à la légitimation du capitalisme néolibéral », avance le chercheur canadien Maxime Ouellet dans un article intitulé « Les “anneaux du serpent” du libéralisme culturel : Pour en finir avec la bonne conscience ».
Penser combattre les inégalités sociales et économiques en se focalisant sur la lutte contre le sexisme, le racisme ou en défendant les jeunes envers et contre tout s’avère finalement contre-productif, allant dans le sens d’un triomphe absolu du libéralisme sous toutes ses formes. L’Américain Walter Benn Michaels ne prétendait pas autre chose dans son ouvrage La diversité contre l’égalité, paru en France en 2009 aux éditions Raisons d’agir. En effet, écrit-il, « les inégalités entre Blancs et non-Blancs – et entre hommes et femmes, hétéros et homos… – découlent avant tout de discriminations et de préjugés. Et, puisqu’elles procèdent du racisme et du sexisme, il suffirait, pour les éliminer, d’éradiquer le racisme et le sexisme. Mais les inégalités entre maîtres et serviteurs – et entre riches et pauvres, patrons et ouvriers – ne trouvent leur origine ni dans le racisme ni dans le sexisme ; elles résultent du capitalisme et du libéralisme. En matière d’inégalité économique, le racisme et le sexisme fonctionnent comme des systèmes de tri : ils ne génèrent pas l’inégalité elle-même, mais en répartissent les effets. Voilà pourquoi même la victoire la plus complète remportée sur le racisme et le sexisme ne comblerait pas le fossé entre les riches et les pauvres, elle modifierait simplement leur répartition par sexe, inclination sexuelle et couleur de peau. Une France où un plus grand nombre de Noirs seraient riches ne serait pas économiquement plus égalitaire, ce serait juste une France où le fossé entre les Noirs pauvres et les Noirs riches serait plus large. »
L’Américain déplore, lui aussi, le renversement de l’ordre des priorités de la gauche depuis les années 1980 : « La lutte contre les discriminations, écrit-il, a remplacé la “rupture avec le capitalisme” en tête de l’agenda politique. Dès lors qu’il s’est souvent substitué au combat pour l’égalité (au lieu de s’y ajouter), l’engagement en faveur de la diversité a fragilisé les digues politiques qui contenaient la poussée libérale. La volonté d’en finir avec le racisme et le sexisme s’est révélée tout à fait compatible avec le libéralisme économique, alors que la volonté de réduire – a fortiori de combler – le fossé entre les riches et les pauvres ne l’est pas. » Loin de se limiter aux théories, Walter Benn Michaels appuie son argumentation sur un graphique qui met en évidence l’évolution de l’inégalité des revenus des ménages américains entre 1947 et 2005 : depuis le tournant libéral étasunien daté de la fin des années 1970, les inégalités n’ont cessé d’augmenter. Dénonçant une « parodie de justice sociale qui entérine l’élargissement du fossé économique entre riches et pauvres tant que les riches comptent (proportionnellement) autant de Noirs, de basanés et de Jaunes que de Blancs, autant de femmes que d’hommes, autant d’homosexuels que d’hétérosexuels », il enfonce le clou : la politique diversitaire « accepte les injustices générées par le capitalisme, […] et optimise même le système économique en distribuant les inégalités sans distinction d’origine ou de genre ». En un mot comme en cent : « La diversité n’est pas un moyen d’instaurer l’égalité ; c’est une méthode de gestion de l’inégalité. »
Face à ces considérations, la gauche qui souhaite encore mener le combat de la justice sociale ferait mieux de s’alarmer. La défaite d’Hillary Clinton doit rester dans tous les esprits, au moment où l’extrême droite attise le conflit entre le travailleur pauvre de la France périphérique et le jeune au chômage ou au RSA des banlieues. Sans un projet qui s’adresse à tous les exclus du système – par-delà leurs origines, leur sexe ou leur âge – la gauche se prive de l’adhésion du plus grand nombre. Et court à sa perte.
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