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Pas besoin d’extraterrestres, les vers marins préhistoriques sont là

Il y a un peu plus de 500 millions d’années, les formes de vie complexe ont connu une phase de diversification rapide connue sous le nom d’explosion cambrienne. Cette période de l’histoire terrienne a engendré une flopée de créatures qui, vues de l’anthropocène, ressemblent plus à des extraterrestres belliqueux qu’à des rejetons de mère Nature.

Capinatator praetermissus, une espèce de ver sagittaire (une famille de vers marins) découverte il y a peu, pourrait bien être la plus étrange de toutes les créations cambriennes.

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Le Capinatator praetermissus mesurait à peu près huit centimètres. En bon prédateur, il disposait d’armes adaptées à son rôle : sa tête était garnie d’une cinquantaine d’aiguilles qu’il utilisait pour attraper et retenir ses proies. Sa victime dûment épinglée, il n’avait plus qu’à s’en repaître grâce à sa petite bouche sexy.

Notre ver marin est intéressant parce qu’il est à la fois une nouvelle espèce et un nouveau genre, explique un article paru jeudi 3 août dans la revue Current Biology.

Video : Royal Ontario Museum

“Surgies des profondeurs, ces rangées d’aiguilles avaient de quoi terrifier la plupart des petites créatures marines de l’époque”, a déclaré le co-auteur de l’étude Jean-Bernard Caron, curateur de paléontologie des invertébrés au Royal Ontario Museum et professeur à l’université de Toronto.

Caron et l’auteur principal de l’étude, Derek Briggs, professeur de géologie-géophysique à Yale et curateur au Yale Peabody Museum of Natural History, ont découvert Capinatator praetermissus en examinant 50 spécimens préservés dans les schistes de Burgess.

L’un des spécimens étudiés par Caron et Briggs, trouvé dans le Parc national de Yoho, en Colombie britannique. Les aiguillons sont visibles. Image : J.B. Caron/Royal Ontario Museum.

Les schistes de Burgess, qui se trouvent dans les montagnes rocheuses de Colombie-Britannique, sont connus pour leur richesse extraordinaire en fossiles d’espèces issues de l’explosion cambrienne. La découverte de Capinatator praetermissus ne peut que renforcer cette réputation. Ces vestiges de vers sagittaires, ou Chétognathes, contiennent des traces visuelles de tissus mous et de structure squelettique, ce qui est bien commode pour placer l’animal sur l’arbre du vivant.

Bien que le héros de cet article ait disparu il y a des millions d’années, 120 espèces différentes de vers sagittaires se baladent actuellement dans nos océans, où elle jouent un rôle essentiel dans l’écosystème du plancton. En général, ces lascars sont moins gros que leurs ancêtres cambriens. Et si leur tête est encore garnie d’aiguillons, c’est en nombre bien inférieur à celui du Capinatator praetermissus, le vrai tonton des Chétognathes.