Ça fait maintenant trois mois que tous les clubs belges ont fermé en raison de la pandémie, et nous laissent seul·es avec un vague souvenir de notre dernière soirée de mars. VICE s’est rendu dans différents clubs du pays pour photographier leurs dancefloors vides et poussiéreux qu’on foule habituellement par milliers.
En passant les portes devant lesquelles on avait l’habitude de faire la queue dès le vendredi soir, on trouve des espaces désertés où ne reste plus que des traces de pas et des objets rangés à la va-vite après la dernière soirée. Comment les membres de ce milieu font-iels face à la crise du COVID-19 ? Que fait l’État ? Nombreuses sont les interrogations concernant le secteur de la nightlife, les principales étant de savoir si celle-ci va reprendre bientôt, et comment.
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Cette semaine, les bars et les restaurants ont rouvert tandis que la fermeture des clubs est prolongée jusqu’à fin août, et peut être au-delà. En effet, difficile de garantir les règles de distanciation et le port du masque dans ces endroits qui accueillent pour la plupart plus de 1 000 personnes deux à trois soirs par week-end. D’autant plus que la responsabilité de chacun·e est quelque peu altérée après avoir consommé certaines substances.
Considérés par le Ministre-Président Wallon Elio Di Rupo comme étant « un foyer incroyable de la propagation de l’épidémie », les clubs, déjà en situation difficile, vont devoir continuer de lutter pour ne pas devoir mettre la clé sous la porte. Car les propriétaires ont de lourds frais à assumer, à commencer par un loyer qui peut aller jusqu’à près de 10 000€ par mois. Si les équipes des différents lieux touchent actuellement le droit passerelle (le chômage pour les indépendant·es), certain·es doivent puiser dans les réserves pour faire face à la situation et ne cessent de réclamer une aide de l’État. À Bruxelles, la Brussels by Night Federation, qui regroupe les membres du Listen Festival et des clubs de la ville, tente de faire passer des requêtes auprès du gouvernement, comme celle de financer des charges fixes pour les trois mois à venir, ou encore de prolonger le chômage après la réouverture, par crainte de ne pas pouvoir assurer un bénéfice immédiat.
Que ce soit à Bruxelles, Gand ou Anvers, les propriétaires disent tou·tes la même chose : iels pensent pouvoir tenir jusqu’à septembre, mais la suite risque d’être compliquée si l’ouverture est repoussée à octobre, novembre, voire même janvier. Et la crainte de ne pas pouvoir rouvrir à la fin de l’été est toute aussi forte que celle d’une réouverture faite de contraintes et de conditions multiples : si les espaces ne sont autorisés qu’à accueillir un nombre restreint de personnes, cela risque d’entraîner des pertes de bénéfices massives et donc l’incapacité de financer le staff ou les artistes, ainsi que tous les autres aspects qui nous permettraient de retourner faire la teuf.
Que ce soit à Bruxelles, Gand ou Anvers, les propriétaires disent tou·tes la même chose : iels pensent pouvoir tenir jusqu’à septembre, mais la suite risque d’être compliquée si l’ouverture est repoussée à octobre, novembre, voire même janvier.
Pour autant, les gérant·es et organisateur·ices ont passé ces derniers mois à faire des rénovations ou encore à penser à de nouvelles manières de fonctionner, temporaires ou permanentes, pour garantir l’avenir de leurs espaces. Le C12 a par exemple lancé un projet de crowdfunding en ligne et s’est joint au 2020Solidarity avec Le Fontainas et le 254Forest pour récolter des fonds ; le restaurant du Recyclart et du VK a été utilisé pour fabriquer des masques et préparer des repas à distribuer dans le quartier, avant d’avoir pu rouvrir ce mercredi à temps partiel ; d’autres s’apprêtent à ouvrir prochainement un café-magasin de vinyles (Ampere), ou encore un open air (Kompass). L’énergie continue donc de circuler tant bien que mal afin de se réinventer et de pouvoir redonner à la Belgique la richesse de ses nuits.
Le gouvernement ne peut encore se prononcer précisément quand à l’avenir de ces clubs et a d’abord besoin d’évaluer comment va se dérouler la reprise des activités des autres secteurs. En plus de la nécessité d’une aide financière, les travailleur·ses de la nightlife continuent d’affirmer qu’il est urgent de discuter au plus vite d’une date et des conditions de réouverture, afin que chacun·e puisse s’y préparer.
En attendant d’y voir plus clair sur cette situation trouble, on est allé·es prendre quelques photos des clubs emblématiques vidés de tout. On pose ça ici, en espérant qu’elles permettront de vous projeter mentalement dans un futur qu’on espère pas trop lointain.
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