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Pourquoi la mer est-elle salée ?

Avec la série « Le Pourquoi du moment », Motherboard répond aux questions les plus posées sur Google en 2016. Aujourd’hui, on se demande pourquoi l’eau de mer est aussi salée, et donc imbuvable.

Le soleil de juin illumine la mer Morte, où les touristes, grotesques et désoeuvrés, viennent dilapider les congés payés durement acquis à l’été 1936 pour se prendre en photo, ventre tourné vers le soleil, en train de flotter sur cette eau paisible comme ils flottent dans leur vie : médiocrement. Ici et là, certains choisissent déjà le filtre Instagram qui cachera le mieux la misère, et guettent le moindre like susceptible d’indiquer une attirance pour ledit ventre, la pause “gangsta”, ou le côté “baroudeur/fofolle”. Parfois, le like ne vient pas. Ainsi va la vie, à Paris ou sur les rives israélo-palestiniennes. Ce n’est pas une larme qui rendra l’eau plus salée, au moins.

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Salée, l’eau l’est déjà bien assez. C’est précisément cette forte teneur en sel qui empêche les grotesques susmentionnés de couler lamentablement, infligeant aux autres le triste spectacle de leur inaptitude à la natation. Certes, la mer Morte, avec ses 300 grammes de sel par kilo d’eau et sa masse volumique de 1240 kg/m3, fait figure d’exception parmi les mers et les océans qui couvrent la majorité de notre planète ; aucune autre étendue d’eau notable n’est aussi salée. Mais toutes le sont plus ou moins. L’eau des océans présente par exemple une salinité oscillant entre 33 et 37 grammes par kilogramme d’eau. Dans l’eau de mer, on trouve essentiellement du chlorure de sodium, celui que l’on appelle communément « le sel » puisqu’on le retrouve sur les tables et dans les cuisines de la France entière. Mais on y trouve aussi une large gamme d’autres types de sels, comme le chlorure de sodium, le sulfate de magnésium, le carbonate de calcium, etc. Ce qui explique que la pire décision possible, pour un naufragé en haute mer assoiffé, soit de céder à la tentation de boire l’eau qui l’entoure.

Mais pourquoi ? D’où vient ce sel qui nous dissuade de boire la tasse, en même temps qu’il nous préserve de mieux sentir le goût de l’urine de nos congénères lorsque nous ne pouvons garder la bouche fermée dans les vagues ?

Bien. Remontons dans le temps. Bien avant les hoverboards, le trip-hop ou Hitler. Avant les dinosaures, aussi. Il y a 4 milliards d’années. La Terre, encore jeune, est comme la plupart des adolescents : en éruption. Elle connaît alors une forte activité volcanique, et tout n’est qu’explosions, magma brûlant, nuages de cendres, tremblements de terre. Tout cela génère forcément de la vapeur d’eau, et d’autres gaz sont aussi libérés dans l’atmosphère : gaz carbonique, chlore, soufre, et bien d’autres encore. Pendant longtemps, ils y restent, peinards, devenant ainsi en quelque sorte la première incarnation de ce que nous appelons aujourd’hui le Cloud. Mais un jour, environ 100 millions d’années plus tard, la Terre finit par se refroidir, et la vapeur d’eau condensée, mêlée aux autres gaz, retombe alors sous la forme de pluies acides. Or, quand la pluie tombe, et surtout quand elle est acide, on assiste à un phénomène bien connu de quiconque a un tant soit peu suivi les leçons de SVT dispensées à l’école primaire : l’érosion. Et à l’époque, les roches étaient particulièrement riches en sels minéraux, et notamment en sodium. Ceux-ci leur ont donc été arrachés progressivement par les pluies acides, qui les ont transportés jusqu’aux océans via les fleuves et les rivières. Au cours du trajet, le sodium s’est associé au chlore présent dans l’eau, ce qui a engendré le fameux chlorure de sodium dont nous inondons nos plats pour faire rire nos artères.

Tout cela explique pourquoi l’eau des mers et des océans est devenue salée. En revanche, cela n’explique pas pourquoi elle ne devient pas plus salée au fil du temps, alors que l’évaporation (qui ne contient que de l’eau douce) devrait théoriquement faire grimper la concentration de sel dans l’eau. En fait, une partie du sel disparaît de lui-même au niveau des dorsales médio-océaniques, là où le magma affleure à la surface de la Terre, et où le sodium se mêle à l’argile qui se dépose sur le fond marin, restant ainsi bloqué. Là où cela ne se produit pas, comme dans les mers fermées, la salinité est donc plus élevée, surtout s’il fait chaud et que l’évaporation est donc plus intense. Tout cela est finalement assez logique, comme souvent dans le cas des processus naturels.

Une autre théorie, nettement plus controversée, voudrait que les océans soient en fait constitués des larmes versées par Jah-Lucifer, le Grand Ordonnateur de l’Univers, lors de la disparition des dinosaures. Mais jusqu’ici, aucune preuve scientifique n’est venue étayer cette théorie, que nous nous garderons donc bien de relayer.

Jah-Lucifer.